Casser la croûte seul ou en compagnie

Les messages clés

  • Des repas en solitaires sont parfois associés à une expérience négative et plusieurs aînés qui mangent seuls ont un réseau social réduit.
  • Manger seul peut entraîner un risque de malnutrition et de déshydratation si les personnes sautent un repas ou ne mangent pas sainement.
  • Partager un repas peut contribuer à briser la solitude, améliorer la santé mentale, favoriser une meilleure alimentation et renforcer le bien-être général.

Le nombre de personnes âgées augmente et la plupart souhaitent vivre à la maison le plus longtemps possible. Toutefois, le vieillissement apporte son lot de défis et plusieurs aînés vivent seuls. Par exemple, il n’est pas rare que l’appétit et la motivation pour cuisiner des repas pour une seule personne diminuent ou encore que la préparation des repas soit plus difficile en raison de la perte d’autonomie et de mobilité.

Pourtant, l’alimentation est à la fois une nécessité biologique et un élément important de la vie sociale.

Mais que sait-on sur l’impact de manger seul ou avec d’autres sur la santé et le bien-être ?

Ce que la recherche nous apprend

Une synthèse des données probantes a examiné 98 études sur les effets de manger seul ou en groupe chez les personnes âgées vivant dans la communauté et de façon indépendante.(1) Les études concernant les aînés qui vivent dans des établissements de soins longue durée ou des hôpitaux ont été exclus.

La synthèse révèle que les principaux effets liés au fait de manger seul ou de partager un repas sont liés à la santé psychologique (solitude et symptômes dépressifs) et physique (poids et état nutritionnel). Voici les principaux constats :

1. Alimentation et solitude

Malgré que cette synthèse ne fournisse aucune information sur la qualité méthodologique des études examinées, les résultats suggèrent que le fait de manger seul a des effets négatifs. Manger seul, jour après jour, peut aggraver les symptômes dépressifs et le sentiment d’être un fardeau. Dans plusieurs études, le fait d’être seul à table est décrit comme un facteur de solitude et de démotivation pour cuisiner et s’alimenter. Les études montrent qu’il y a un risque accru chez les hommes, surtout lorsqu’ils vivent seuls.

Au contraire, avoir de la compagnie pendant les repas permet de briser la solitude et de socialiser. En outre, manger au restaurant ou à la maison avec des proches est une activité sociale qui permet de maintenir les liens sociaux. Cela améliore le bien-être émotionnel et renforce le réseau de soutien.

Une étude s’est intéressée aux personnes atteintes de démence et à leurs aidants : il semble que l’engagement des personnes atteintes de démence pendant le repas est facilité lorsqu’elles considèrent le repas comme un rituel et non comme une tâche, que leurs aidants profitent du repas pour encourager la conversation avec elles et que le repas soit partagé en groupe dans un environnement calme.

2. Alimentation et état nutritionnel

Les personnes âgées sont parfois moins motivées à cuisiner des repas équilibrés pour elles-mêmes, ce qui peut entraîner des conséquences graves sur la santé, comme la fragilité, la perte de poids et des problèmes de santé liés à la malnutrition. Est-ce que manger seul est associé à une consommation alimentaire plus faible et à un risque nutritionnel plus élevé ? La réponse à cette question varie d’une étude à l’autre. Toutefois, on constate que :

- les personnes qui présentent un risque nutritionnel élevé mangent souvent seules

- manger seul peut entraîner une diminution du nombre de repas pris durant la journée et du temps consacré à l’alimentation, notamment chez les hommes

- chez les hommes, vivre seul et manger seul correspond à plus d’obésité et d’insuffisance pondérale, ainsi qu’à des habitudes alimentaires malsaines

- les femmes dont l’état nutritionnel est déjà à risque présentent un déclin cognitif plus important que les autres si en plus elles mangent seules

- les personnes âgées qui partagent rarement un repas avec d’autres (moins d’une fois par mois) sont en moins bonne santé, mangent moins diversifié et moins fréquemment que celles qui partagent des repas plus souvent.

Manger en groupe favorise une alimentation plus équilibrée : variété d’aliments, portions appropriées, heures de repas respectées. Manger avec d’autres personnes fait augmenter de 60 % l’apport énergétique total d’un repas comparativement à une personne qui mange seule ! De plus, fait étonnant, les personnes âgées qui mangent seules, mais qui le font devant un miroir consomment davantage d’aliments et estiment que leur nourriture a meilleur goût !

3. Quelques exceptions

Il ne faut toutefois pas généraliser ou tirer de conclusions hâtives : certaines personnes âgées préfèrent manger seules, par goût d’indépendance et de tranquillité. Par ailleurs, certaines personnes atteintes de diabète de type 2 considèrent que partager des repas avec d’autres est un obstacle au changement de leurs habitudes de vie et de leurs habitudes alimentaires.

Aimeriez-vous manger en groupe ?

Informez-vous auprès de votre centre communautaire de loisirs ou de l’église de votre paroisse : plusieurs endroits permettent aux personnes âgées vivant dans la communauté de se réunir pour cuisiner ensemble et partager un repas.

Avoir de la compagnie pendant les repas a des effets positifs sur la santé globale. Qui appellerez-vous pour casser la croûte?


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Références

  1. Björnwall A, Mattsson Sydner Y, Koochek A, Neuman N. Eating Alone or Together among Community-Living Older People-A Scoping Review. Int J Environ Res Public Health. 2021 Mar 27;18(7):3495. doi: 10.3390/ijerph18073495. PMID: 33801775; PMCID: PMC8036467.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.