Le cancer est une cause majeure de maladie et de mortalité dans le monde (1). Cependant, un dépistage précoce du cancer peut augmenter les chances de le traiter avec succès. L’une des stratégies de diagnostic précoce est le dépistage. L’objectif du dépistage est de détecter les anomalies qui indiquent la présence potentielle d’un cancer ou d’un précancer avant que la personne ne commence à ressentir des symptômes (1). Cela semble optimal, n’est-ce pas ? La réponse est oui, mais seulement pour certains. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, il n’existe pas de modèle unique en matière de dépistage. La décision de procéder ou non à un dépistage dépend de l’évaluation des avantages et des inconvénients pour les individus ou les groupes (2-5). Mais que nous apprend la recherche sur les différentes formes de dépistage du cancer ? Voici quelques-unes des idées fondées sur des données probantes concernant le dépistage du cancer de la prostate, du cancer de l’ovaire et du cancer du sein. Cliquez sur les liens ci-dessous pour en savoir plus.
1. Le dépistage du cancer de la prostate
L’antigène prostatique spécifique (APS) est une protéine produite par les cellules de la prostate. On utilise le test APS pour évaluer le niveau de l’APS dans le sang, un niveau élevé de l’APS indiquant la présence potentielle d’un cancer de la prostate. Malgré la large utilisation de ce test comme méthode de dépistage du cancer de la prostate, on ne le considère pas comme très fiable, et le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs ne recommande pas son utilisation comme outil de dépistage. En particulier, on déconseille le test APS aux hommes de moins de 55 ans et de plus de 70 ans, tandis qu’on invite les hommes âgés de 55 à 69 ans (le groupe le plus à risque) à parler avec un professionnel de la santé des options de dépistage disponibles avant d’opter pour un test APS. Pourquoi ? Eh bien, les avantages du test APS ne sont pas constants, mais les inconvénients — y compris les résultats faussement positifs, les complications associées à d’autres tests entrepris pour aider à établir un diagnostic (par exemple, les biopsies) et le surdiagnostic — sont notables (2 ; 3). Ces résultats concernent les hommes qui ne présentent pas de symptômes de cancer de la prostate avant le dépistage. Il est également important de mentionner que les recommandations concernant l’utilisation ou non du test APS ne font pas l’unanimité parmi les experts (6).
2. Le dépistage du cancer de l’ovaire
Les échographies transvaginales et/ou les tests sanguins de l’antigène cancéreux 125 (CA-125) sont deux méthodes utilisées pour dépister le cancer de l’ovaire (4 ; 7). L’échographie prend des images des ovaires, tandis que le test sanguin recherche des taux élevés de la protéine CA-125. Les recherches montrent que le dépistage du cancer de l’ovaire ne réduit pas le nombre de décès dus à cette maladie chez les femmes âgées de plus de 45 ans, ne présentant aucun symptôme et présentant un « risque moyen » de la maladie. Cependant, les résultats faussement positifs du test peuvent conduire à des interventions chirurgicales inutiles dans cette population (4). C’est pourquoi le US Preventive Services Task Force et le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs ne recommandent pas le dépistage du cancer de l’ovaire chez les femmes présentant un « risque moyen » de cancer de l’ovaire et ne présentant pas de symptômes (4 ; 7-8).
3. Le dépistage du cancer du sein
La mammographie consiste à prendre des clichés radiographiques des seins pour dépister le cancer du sein (5 ; 9-10). Chez les femmes présentant un « risque moyen » de cancer du sein, la mammographie réduit le risque de décès chez celles qui sont âgées de 50 à 69 ans, mais pas chez celles de moins de 50 ans ni chez celles âgées de 70 à 74 ans. Cela dit, les résultats pour les groupes d’âge de moins de 50 ans et de 70 à 74 ans ne sont pas aussi concluants. De plus, la mammographie peut également augmenter le risque de surdiagnostic chez les femmes de moins de 50 ans, ainsi que chez celles âgées de 50 à 69 ans (4). Comme pour le test APS, les opinions divergent quant à l’utilisation de la mammographie, en particulier sur des questions telles que les groupes à dépister et le moment où il faut commencer le dépistage (4 ; 11-13).
Veuillez noter que les résultats du dépistage du cancer de l’ovaire et du sein ne concernent que les personnes présentant un risque moyen de ces cancers, et NON lespersonnes à haut risque, tandis que les résultats du dépistage du cancer de la prostate concernent les hommes ne présentant pas de symptômes de ce cancer.
Prochaines étapes pour vous
Vous vous demandez peut-être « Qu’est-ce que cela signifie pour moi ? » et personne ne vous en voudra. Entre des résultats peu concluants, des conclusions différentes selon les groupes d’âge et les messages contradictoires des experts et des expertes, il peut être difficile de déterminer ce qui est le mieux pour vous. La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas à vous débrouiller seuls. Les décisions relatives à l’opportunité d’un dépistage, à la meilleure option de dépistage pour vous et à la manière de procéder doivent être prises en consultation avec votre équipe de soins. Ensemble, vous pouvez évaluer votre niveau de risque, peser les avantages et les inconvénients pour vous en tant qu’individu, et tenir compte de vos préférences.