Au Canada, on estime qu’une femme sur huit développera un cancer du sein. Parmi celles qui luttent contre le cancer du sein, 1 sur 33 perdra la vie à cause de cette maladie (1). Comme pour les autres cancers, le dépistage précoce est important pour l’élaboration et l’exécution d’un plan de traitement et pour obtenir de meilleurs résultats pour la patiente et le traitement. L’un des moyens de dépister le cancer du sein consiste à prendre des radiographies des seins, une méthode connue sous le nom de mammographie (2 ; 3).
Diverses considérations, telles que les données sur les avantages et les inconvénients potentiels, entrent dans la formulation des lignes directrices et des recommandations en matière de dépistage. Par exemple, une étude systématique récente sur les effets d’inciter ou non les femmes au dépistage par mammographie a été entreprise afin de contribuer à la rédaction des lignes directrices européennes sur le cancer du sein. L’étude porte spécifiquement sur les femmes présentant un risque moyen de cancer du sein dans trois catégories d’âge : les femmes de moins de 50 ans, les femmes de 50 à 69 ans et les femmes de 70 à 74 ans. Le risque moyen est défini comme l’absence d’antécédents familiaux de cancer du sein ou de mutations héréditaires des gènes BRCA1 et BRCA2 (4).
Présentons les résultats concernant les différents groupes d’âge.
Ce que la recherche nous apprend
L’étude nous permet de souligner plusieurs éléments, notamment la mise en évidence de l’impact de la mammographie sur le risque de décès par cancer du sein, la probabilité d’un surdiagnostic et la détresse psychologique. Il convient de noter que ces résultats NE S’APPLIQUENT PAS aux femmes qui présentent un risque plus élevé de cancer du sein.
Chez les femmes âgées de 50 à 69 ans qui présentent un risque moyen de cancer du sein, le dépistage par mammographie peut réduire le risque de décès par cancer du sein. Une façon de comprendre cette réduction du risque est d’examiner combien de femmes en moins mourront dans cette tranche d’âge. Dans ce cas, sur 100 000 femmes invitées à se faire dépister, il y aura en moyenne entre 138 et 483 femmes de moins qui mourront du cancer du sein. Pour les femmes de moins de 50 ans ou de 70 à 74 ans, le dépistage ne semble pas réduire le risque de décès par cancer du sein. Cependant, comme la balance entre les avantages et les inconvénients du dépistage n’est pas aussi claire pour les moins de 50 ans et les 70 à 74 ans, les résultats sont jugés non concluants pour ces deux groupes.
Vient ensuite la question du surdiagnostic, qui désigne une situation dans laquelle les mammographies détectent des cancers qui ne nuiront pas à la femme au cours de sa vie (par exemple, des cancers qui ne produisent aucun symptôme, cessent de se développer ou disparaissent d’eux-mêmes). Comme nous ne pouvons pas déterminer quels cancers seront inoffensifs au moment du diagnostic, le surdiagnostic peut conduire les femmes à recevoir des traitements nocifs inutiles, tels qu’une intervention chirurgicale, la chimiothérapie et la radiothérapie. Tant chez les femmes de moins de 50 ans que chez celles âgées de 50 à 69 ans, la mammographie peut augmenter la probabilité de surdiagnostic. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous pouvons comparer le nombre de décès évités grâce au dépistage au nombre de femmes qui se verront diagnostiquer un cancer qui ne leur sera pas nuisible par la suite. Dans le cas de ces deux groupes d’âge, pour chaque décès lié au cancer du sein que le dépistage permet d’éviter, environ quatre femmes de plus seront diagnostiquées à tort. Enfin, l’examen révèle également que les résultats faussement positifs des tests — c’est-à-dire ceux qui détectent la présence d’un cancer du sein alors qu’il n’existe pas — peuvent augmenter le risque de détresse, en particulier lorsqu’une biopsie est ensuite nécessaire. Il convient toutefois de noter que les conclusions relatives aux répercussions psychologiques se fondent sur des preuves d’un degré de certitude très faible à faible, ce qui signifie qu’il est probable que ces résultats puissent changer à mesure que d’autres recherches seront disponibles (4).
Il est intéressant de noter qu’en dépit de l’utilisation répandue de la mammographie, diverses organisations de santé mondiales et nationales préconisent des recommandations différentes quant à son utilisation, dont certaines ne correspondent pas aux conclusions de cette étude. Ces différences portent notamment sur l’âge auquel il faut commencer le dépistage et sur les groupes à dépister par rapport à ceux qui ne doivent pas l’être (4-7).
Compte tenu de la possibilité de messages contradictoires, il est essentiel que les femmes discutent avec leur prestataire de soins de santé de leur risque personnel de développer un cancer du sein, ainsi que de leurs valeurs, leurs préférences et leurs préoccupations. Ensemble, ils peuvent peser les avantages et les inconvénients de la mammographie et prendre en compte tous les facteurs pertinents pour décider si et quand le dépistage doit commencer, et à quelle fréquence.
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