La détection du cancer de l’ovaire relève du défi (1). Au début, il est souvent asymptomatique. À des stades plus avancés, des symptômes tels que des ballonnements abdominaux, une perte de poids, des douleurs pelviennes, de la constipation ou de fréquentes visites aux toilettes ressemblent à ceux de maladies plus courantes et potentiellement moins graves (1 ; 2). Chez plus de la moitié des femmes, le cancer de l’ovaire n’est pas diagnostiqué avant qu’il ne se soit propagé à d’autres parties du corps (3-6). Cela le rend plus difficile à traiter. Environ un tiers des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire au stade avancé sont encore en vie cinq ans après leur diagnostic (5 ; 7). Parmi les 80 % de femmes qui répondent initialement au traitement, le cancer réapparaîtra chez 70 % d’entre elles (5 ; 8).
Il est donc important de connaître les risques que vous encourez. Avoir plus de 50 ans, être porteuse de certaines mutations génétiques, présenter des antécédents familiaux de cancer de l’ovaire ou utiliser un traitement de suppléance des œstrogènes peut vous exposer à un risque plus élevé, tout comme le fait d’avoir des menstruations précoces à l’adolescence ou d’entrer tardivement en ménopause (2).
Le dépistage précoce du cancer de l’ovaire peut augmenter vos chances de vaincre la maladie. Le problème est que des recherches antérieures ont montré que le dépistage du cancer de l’ovaire ne fonctionne pas bien chez les femmes asymptomatiques et peut même être nocif (3). Dans certains cas, les femmes qui subissent un test de dépistage reçoivent à tort un feu vert, alors que d’autres apprennent qu’elles ont un cancer alors qu’elles ne l’ont pas (3 ; 9-11). En 2012, le Groupe de travail américain sur les services de prévention (USPSTF) a recommandé de ne pas effectuer le dépistage du cancer de l’ovaire chez cette population de femmes (3).
Depuis lors, de plus en plus de recherches ont vu le jour, poussant l’USPSTF à entreprendre une nouvelle revue systématique des données probantes sur le dépistage du cancer de l’ovaire chez les femmes de plus de 45 ans, asymptomatiques et « à risque moyen » (c’est-à-dire qu’elles n’ont aucun antécédent familial de cancer de l’ovaire ou du sein ni d’autres cancers à haut risque). Le groupe de travail a examiné le dépistage du cancer de l’ovaire réalisé par échographie transvaginale (test d’imagerie des ovaires) ou par prise de sang (1 ; 3).
Alors, les nouvelles données modifient-elles la recommandation précédente ?
Ce que la recherche nous apprend
La revue révèle que le dépistage du cancer de l’ovaire, comparé à l’absence de dépistage, ne réduit pas le nombre de décès par cancer de l’ovaire. Les faux positifs (lorsque les femmes sont positives au test de cancer, mais ne souffrent pas de la maladie) ont également entraîné des interventions chirurgicales inutiles (3).
Sur la base de ces constatations, l’USPSTF a recommandé en 2018 de ne pas dépister le cancer des ovaires chez les femmes présentant un « risque moyen » de cancer de l’ovaire et ne souffrant pas de symptômes (1), recommandation que le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs appuie (12). La Société canadienne du cancer recommande également aux femmes à risque élevé de cancer de l’ovaire de consulter leur médecin afin d'élaborer un plan personnel de dépistage du cancer de l’ovaire (13).
Comme toujours, vous devriez discuter avec votre prestataire de soins de santé des avantages et des inconvénients du dépistage du cancer de l’ovaire et déterminer s’il s’agit d’un choix judicieux en fonction de votre santé, de vos facteurs de risque et de vos préférences. Vous devriez également consulter votre prestataire de soins de santé si vous présentez des symptômes inquiétants.