Partager sa maison pour y vivre plus longtemps

Les messages clés

  • La maison est un lieu de sécurité physique et psychologique, un indicateur du statut social, un lieu de familiarité, d’attachement et de mémoire.

  • Vieillir chez soi permet d’être indépendant et autonome tout en demeurant connecté à son réseau social.

  • Partager son domicile avec un locataire permet de rester chez soi plus longtemps. Les aînés sont généralement satisfaits de leurs expériences de partage de domicile : ils disent se sentir plus en sécurité, plus heureux et moins seuls.

La plupart des personnes âgées veulent rester chez elles le plus longtemps possible. Toutefois, le vieillissement peut amener son lot de tracas : diminution de la mobilité, de l’état de santé, du revenu et du soutien social. Tous ces éléments peuvent en fin de compte limiter leur capacité à vivre en sécurité et de façon autonome dans leur maison.

Le partage de domicile (« home sharing » en anglais) est une approche innovante de logement, qui permet aux aînés de continuer à vivre dans leur maison, tout en obtenant un revenu supplémentaire, de la compagnie et de l’aide.

Depuis les années 1980, il existe au Canada des organismes qui agissent comme intermédiaire entre les aînés qui ont une chambre vacante et les personnes intéressées à la louer et à donner un coup de main. Cependant, le rôle de ces organismes varie beaucoup : certains effectuent la présélection et le jumelage des participants, tandis que d’autres se limitent à tenir un registre des chambres à louer. C’est le cas d’ailleurs du programme Symbiosis de l’Université McMaster qui met en relation des étudiants ayant besoin d'un logement à prix modique avec des personnes âgées qui ont une chambre d'amis et qui pourraient bénéficier d'un soutien et de compagnie.

De tels programmes novateurs de partage de domicile sont testés dans le monde entier et peuvent être particulièrement intéressants étant donné la crise du logement dans de nombreuses villes canadiennes.

Mais que peut nous apprendre la recherche sur l’expérience des aînés et que retirent-ils du partage de leur domicile?

Ce que la recherche nous apprend

Une revue systématique a examiné six études concernant le partage de maison de personnes âgées de 55 ans et plus.(1) Quatre thèmes principaux ont été identifiés dans ces études et sont discutés ci-dessous.

1. Les avantages
En louant une chambre de leur maison à une personne plus jeune, les aînés bénéficient de compagnie, ce qui réduit l’anxiété et la solitude, et augmente le sentiment de sécurité et la motivation à sortir de la maison pour participer à des activités. Ils reçoivent aussi de l’aide dans l’accomplissement des tâches quotidiennes et ménagères. Tous ces éléments contribuent à une augmentation du bien-être et une meilleure qualité de vie.

2. Les défis
La perte d’intimité, la difficulté à s’adapter à la présence d’une autre personne, l’incompatibilité des styles de vie, ainsi que les attentes parfois irréalistes sur le temps passé ensemble constituent un défi.

De plus, certains aînés sont parfois mal à l’aise lorsqu’ils doivent faire respecter les règles ou demander aux locataires d’accomplir les tâches ménagères qui étaient convenues. Certains préfèrent maintenir le statu quo afin d’éviter les conflits et restent ainsi dans une situation inconfortable. La revue soulève également des inquiétudes quant aux risques possibles d'abus dans le partage de domicile, en particulier chez les aînés vulnérables.

3. L’engagement intergénérationnel en tant qu’échange social
Les recherches ont révélé une augmentation marquée de la fréquence des contacts intergénérationnels grâce au partage de maison. Les étudiants qui ont cohabité avec une personne âgée considèrent dorénavant les aînés de manière plus positive, tandis que les aînés sont plus enclins à participer à des activités avec des personnes plus jeunes, par exemple. Les aînés étaient aussi motivés à l’idée d’aider des jeunes à se loger.

4. Le rôle clé d’un organisme intermédiaire
L’expérience vécue par les aînés est plus positive lorsqu’un organisme est impliqué pour effectuer le jumelage et offrir de la médiation en cas de problème. Dans la majorité des cas, les aînés qui choisissent de faire affaire avec un intermédiaire le font, car ils ont confiance que l’organisme a à cœur leurs intérêts.

Avant de partager votre domicile...

Accepter de partager son domicile n'est pas pour tout le monde. La viabilité de cet arrangement dépend également de vos valeurs, de vos besoins et de votre situation personnelle.

Avant de partager votre domicile, procédez comme suit:
1. Pensez aux avantages et aux inconvénients du partage de domicile (en fonction de vos valeurs, de vos besoins et de votre situation personnelle);
2. Explorez si d'autres modes de logement vous conviennent mieux;
3. Identifiez les règles de votre maison et vos attentes envers un colocataire;
4. Trouvez une organisation de confiance qui pourrait aider à jumeler les gens et fournir une médiation en cas de problème (par exemple, il peut y avoir un collège ou une université dans votre communauté offrant de tels programmes de partage de domicile); et
5. Faites une vérification des antécédents de tout colocataire potentiel.


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À Propos des Auteurs

Références

  1. Martinez L, Mirza RM, Austen A, Hsieh J, Klinger CA, Kuah M, Liu A, McDonald L, et al. More than just a room: A scoping review of the impact of homesharing for older adults, Innovation in Aging, 2000, 4(2): igaa011.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.