Vivre avec la démence : les options non médicamenteuses pour la prise en charge de la douleur

Les messages clés

  • Actuellement, 55 millions de personnes vivent avec une démence dans le monde, et environ 50 % d’entre elles ressentent des douleurs dans leur vie quotidienne.
  • Les stratégies non médicamenteuses, telles que les massages, l’exercice, la méditation, la peinture et les soins robotisés, constituent généralement le traitement initial privilégié.
  • Chez les personnes atteintes de démence, les stratégies non médicamenteuses peuvent réduire la douleur à court terme, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires.
  • Les personnes atteintes de démence et celles qui les aident devraient discuter des options de prise en charge de la douleur avec l’équipe soignante et travailler à l’élaboration d’un plan de prise en charge individualisé.  

La douleur. Un petit mot qui a un impact énorme.


Des genoux écorchés de l’enfance au chagrin d’amour de l’adolescence, en passant par la maladie à l’âge adulte, nous ressentons différents types de douleur tout au long de notre vie. Certaines douleurs sont légères et passagères, tandis que d’autres durent longtemps ou sont suffisamment graves pour nous amener à consulter un professionnel de la santé.


En fait, lorsqu’on examine ce qui pousse les gens à consulter un médecin, la douleur arrive en tête (1 ; 2).


Les personnes atteintes de démence constituent l’un des groupes les plus touchés par la douleur (1). Au cours des 26 prochaines années, on estime que le nombre de personnes atteintes de démence passera de 55 millions à plus de 152 millions (3 ; 4). Environ 50 % de ces personnes éprouveront de la douleur dans leur vie quotidienne (1 ; 5-8). Il est donc extrêmement important, tant pour les patients et les patientes que pour les personnes qui les soignent, de trouver des stratégies pour aider à prendre en charge la douleur.


Quelle est donc la stratégie à adopter pour aider à la prise en charge de la douleur dans cette population ? Étonnamment, la médication n’est pas la solution privilégiée. Étant donné que la plupart des personnes atteintes de démence prennent déjà plusieurs médicaments et sont exposées à des effets secondaires négatifs liés à la prise de ces nombreux médicaments, l’approche privilégiée pour la prise en charge de la douleur est celle des stratégies non médicamenteuses (1 ; 5 ; 9).


Toutefois, une revue systématique récente a permis d’examiner de manière plus approfondie les données probantes relatives à l’utilisation d’options non médicamenteuses pour atténuer la douleur chez les personnes atteintes de démence (1).


Ce que la recherche nous apprend

L’étude se penche plus particulièrement sur les options non médicamenteuses telles que les massages, l’exercice, la méditation, la peinture et les soins robotisés. Ces stratégies sont comparées au fait de ne rien recevoir du tout ou d’être sur une liste d’attente pour recevoir quelque chose, des soins palliatifs, une visite amicale, un médicament ou un traitement standard contre la douleur, la lecture de livres ou de magazines, ou encore de l’éducation sanitaire. En fin de compte, les résultats révèlent que les stratégies non médicamenteuses peuvent contribuer à réduire la douleur chez les personnes atteintes de démence, mais que l’effet semble de courte durée, à savoir de 4 à 8 semaines après l’adoption de la stratégie.


Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour étayer ces résultats et nous aider à mieux comprendre quels sont les groupes d’âge des personnes âgées pour lesquels ces stratégies sont efficaces, comment les mettre en œuvre de la meilleure façon et comment les stratégies individuelles fonctionnent (1).


Dans l’immédiat, si une personne atteinte de démence ressent de la douleur, elle, ou la personne qui s’occupe d’elle, doit en discuter avec l’équipe soignante. La collaboration permet d’élaborer un plan sur mesure de prise en charge de la douleur qui tient compte des besoins, des préférences et des capacités du patient ou de la patiente.


Intéressés par les recherches sur le vieillissement? Inscrivez-vous aux alertes par courriel.
S'Inscrire
À Propos des Auteurs

Références

  1. Saragih ID, Suarilah I, Son NT, et coll. Efficacy of non-pharmacological interventions to reduce pain in people with dementia: A systematic review and meta-analysis. J Clin Nurs. 2023; 32(15-16):5286-5299. doi: 10.1111/jocn.16444.
  2. Raja SN, Carr DB, Cohen M, et coll. The revised International Association for the Study of Pain definition of pain: Concepts, challenges, and compromises. Pain. 2020; 161(9):1976-1982. doi: 10.1097/j.pain.0000000000001939.
  3. Organisation mondiale de la santé. Démence. [Internet] 2023. [consulté en décembre 2023]. Disponible en ligne : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/dementia   
  4. Organisation mondiale de la santé. Démence: Le nombre de personnes atteintes de démence devrait tripler au cours des 30 prochaines années [Internet] 2017. [consulté en décembre 2023]. Disponible en ligne : https://www.who.int/fr/news/item/07-12-2017-dementia-number-of-people-affected-to-triple-in-next-30-years
  5. Achterberg W, Lautenbacher S, Husebo B, et coll. Pain in dementia. Pain Rep. 2020; 5(1):e803. doi: 10.1097/PR9.0000000000000803. 
  6. van Dalen-Kok AH, Pieper MJ, de Waal MW, et coll. Association between pain, neuropsychiatric symptoms, and physical function in dementia: A systematic review and meta-analysis. BMC Geriatr. 2015; 15(1):1-18. doi: 10.1186/s12877-015-0048-6.
  7. Barry HE, Parsons C, Passmore AP, et coll. Exploring the prevalence of and factors associated with pain: A cross-sectional study of community-dwelling people with dementia. Health & Social Care in the Community. 2016; 24(3):270-282. doi: 10.1111/hsc.12204. 
  8. van Kooten J, Smalbrugge M, van der Wouden J, et coll. Prevalence of pain in nursing home residents: The role of dementia stage and dementia subtypes. J Am Med Dir Assoc. 2017; 18(6):522-527. doi: 10.1016/j.jamda.2016.12.078.
  9. Zhong W, Liu X, Voss T, et coll. Medications in patients with dementia and behavioral disturbance. J Alzheimers Dis Rep. 2021; 5(1):535-540. doi: 10.3233/ADR-210023.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.