Guérir par la justice réparatrice

Les messages clés

  • La justice réparatrice met l’accent sur les besoins de la victime et sur la responsabilité de la personne contrevenante de réparer ses torts, dans un processus de dialogue, d’inclusion et de respect.
  • Elle peut être utilisée pour différents types de crimes et traumatismes vécus, incluant la maltraitance envers les aînés.
  • Cette approche permet aux victimes d’entamer leur processus de guérison et d’obtenir réparation. De plus, le sentiment d’apaisement manifesté par les victimes persiste dans le temps.

De nombreuses victimes d’actes criminels ont l’impression que le système traditionnel de justice pénale est insensible, insatisfaisant et pénible. Souvent, elles ne reçoivent pas le dédommagement ou les excuses souhaités, ce qui entretient l’incompréhension autour de l’événement traumatique et le sentiment que la boucle n’a pas été bouclée.

C’est pourquoi l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime encourage le développement d’approches réparatrices. Complémentaire ou utilisée comme alternative au système de justice traditionnel, la justice réparatrice favorise la sécurité et le bien-être grâce à une approche accessible, compatissante et équitable. C’est l’occasion pour les personnes lésées d’exprimer leurs besoins et de poser leurs questions et, pour les personnes contrevenantes, de reconnaître leur responsabilité et de réparer les torts causés.

Aussi, le gouvernement du Canada ainsi que plusieurs provinces et territoires ont mis en place des projets de justice réparatrice, entre autres pour prévenir et réduire les cas de maltraitance envers les aînés et vaincre le sentiment d’isolement et d’impuissance des victimes âgées.

Envisageriez-vous de dialoguer avec la personne qui vous a causé du tort ? Croyez-vous que la justice réparatrice est efficace ?

Ce que la recherche nous apprend

Une récente revue systématique de 35 études s’est intéressée aux effets psychologiques des pratiques de justice réparatrice sur les victimes.(1)

Les études ont révélé que la justice réparatrice a des effets positifs et engendre une satisfaction élevée, et ce, peu importe la gravité des crimes commis, que ce soit par exemple un incendie criminel, un cambriolage, une agression ou des crimes sexuels ou haineux. Bien que les effets psychologiques varient en fonction du type de crime, des niveaux de dommages subis et des caractéristiques individuelles, les victimes qui participent à des médiations réparatrices ont un meilleur bien-être que celles qui refusent d’y participer. En effet, de nombreux résultats montrent que le processus de justice réparatrice permet de réduire les émotions négatives et le stress post-traumatique ressentis (que ce soit de la peur, de la colère, de la culpabilité, de l’anxiété, de la détresse, ou encore un désir de vengeance). Cette approche de dialogue donne aux victimes un plus grand sentiment de contrôle et de sécurité, ce qui est nécessaire pour passer du statut de victime à celui de survivant. Contrairement au processus traditionnel de justice, la justice réparatrice répond aux besoins émotionnels des victimes, en permettant :

1- de mieux comprendre ce qui s’est passé (besoin d’information);

2- d’exprimer les émotions et les pensées liées à l’événement (besoin d’expression); et

3- de sentir qu’elles sont entendues et que leur souffrance est validée (besoin de validation).

On sait que l’écriture ou l’évocation des souvenirs a des effets thérapeutiques sur la santé physique et psychologique. Lors des activités réparatrices, le simple fait de raconter son histoire ou de la mettre par écrit soulage et atténue les peurs et les angoisses.

Une revue systématique publiée en 2013 met en lumière des résultats similaires et montre, de surcroît, que les personnes contrevenantes qui ont commis des crimes graves ou fréquents blessent moins les gens après avoir participé à un processus de justice réparatrice.(2)

La médiation est-elle pour moi ?

La justice réparatrice est flexible, sécuritaire et confidentielle, mais elle n’est pas appropriée dans toutes les situations. Il faut d’abord que la victime et la personne contrevenante s’engagent librement et volontairement dans le processus, avec respect et sincérité. De plus, il faut s’assurer de la compétence du médiateur : ce dernier doit permettre un dialogue respectueux pour éviter que la victime devienne moralement dominante ou soit au contraire intimidée pendant le processus de réparation.

Divers programmes d’initiatives de justice réparatrice existent au Canada. Informez-vous !

Vous aimeriez communiquer avec le délinquant qui a commis un crime vous concernant ? Participez au Programme de possibilités réparatrices du Service correctionnel du Canada.

Vous ne désirez pas être confronté à votre agresseur ? Libérez vos émotions sur papier et prenez le contrôle de votre guérison !


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Références

  1. Nascimento AM, Andrade J, de Castro Rodrigues A. The psychological impact of restorative justice practices on victims of crimes: A systematic review. Trauma Violence Abuse. 2022 Apr 23:15248380221082085. doi: 10.1177/15248380221082085. Epub ahead of print. PMID: 35466823.
  2. Strang, H., Sherman, L.W., Mayo-Wilson, E., Woods, D. and Ariel, B. Restorative justice conferencing (RJC) using face-to-face meetings of offenders and victims: Effects on offender recidivism and victim satisfaction - A systematic review. Campbell Systematic Reviews, 2013, 9: 1-59. https://doi.org/10.4073/csr.2013.12

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