Au fur et à mesure que nous vieillissons, nous faisons le bilan du passé et nous nous questionnons sur ce que l’avenir nous réserve. Les arts sous toutes leurs formes favorisent une telle introspection, que ce soit la peinture, la sculpture, la littérature, la musique, le théâtre ou le cinéma. Nous éprouvons l’envie d’essayer de nouvelles choses, mais aussi de laisser notre marque et de trouver un sens à notre vie.
C’est bien connu, les arts permettent d’améliorer l’engagement social et le bien-être des aînés, ainsi que de réduire certains problèmes de santé comme l’hypertension, l’anxiété et les symptômes dépressifs.(1; 2; 3) Des mouvements sociaux, mais aussi des programmes et des politiques ont ainsi vu le jour pour renforcer la participation des aînés à l’art-thérapie, et à accroître l’offre d’activités artistiques conçues pour favoriser les interactions sociales.(2)
Pourrait-on utiliser les arts pour transmettre des connaissances en lien avec le vieillissement ? Les arts peuvent-ils changer les préjugés de certains professionnels de la santé ou du grand public envers les aînés (ou envers les aînés atteints de certaines maladies comme la démence)?
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique a examiné 11 articles scientifiques pour comprendre comment les arts sont utilisés pour sensibiliser les gens aux phénomènes associés au vieillissement, notamment la démence, la vie des centenaires, le veuvage, l’isolement, les maladies chroniques et la fragilité.(4) Toutes les approches artistiques étudiées dans ces articles ont incorporé une composante narrative, le plus souvent à travers une variante du théâtre.
La revue a révélé que les arts ont un grand potentiel pour sensibiliser le public, les chercheurs ou les professionnels de la santé à certaines problématiques liées au vieillissement. Les professionnels et les chercheurs pourraient notamment utiliser les arts afin d’identifier les problèmes auxquels font face les aînés et des solutions pour les résoudre (par exemple, des pièces de théâtre permettant un échange entre des acteurs, le grand public et des professionnels visant à provoquer une discussion sur les chutes chez les aînés). Les arts pourraient aussi être utilisés pour transmettre des connaissances, changer des attitudes et des comportements de santé, ou encore combattre l’âgisme (par exemple, créer des œuvres littéraires et visuelles décrivant le vécu de centenaires, ou mettant en lumière des perceptions négatives enracinées chez des professionnels et le public concernant les maladies chroniques).
Dans plusieurs études, on constate que les récits de vie (particulièrement au théâtre) sont utilisés fréquemment afin de discuter d’enjeux de santé, de l’isolement social, de la maladie et des expériences de vie liées au vieillissement. Le théâtre semble prometteur puisqu'il favorise la transmission de messages clairs reposant sur l’action, l’interaction et la réaction aux événements de la vie. Les études recensées indiquent également que de tels récits peuvent être utilisés afin de partager des données probantes issues de recherches scientifiques afin d’informer le public, ou encore susciter une conscientisation et des changements d’attitudes. Les études qui se sont penchées sur le cas d’aînés atteints de différents stades de démence ont permis de constater que le partage de récits et d’expériences de vie offre un réel échange collaboratif duquel les professionnels de la santé et des services sociaux peuvent aussi apprendre.
Au-delà du simple loisir
Les arts ne doivent pas être seulement vus comme un simple loisir. Il est possible de tirer profit des arts pour améliorer le bien-être, mais aussi de partager des informations et des connaissances afin de promouvoir un vieillissement en santé. Encourageons les aînés, les aidants, les professionnels et les chercheurs à s’exprimer de manière créative et artistique sur les questions liées au vieillissement.