Personne ne se réjouit à l’idée de vieillir sans personne à ses côtés pour lui apporter son soutien et son amour et partager les bons et mauvais moments. Malheureusement, environ 40 % des personnes âgées ressentent la solitude, tandis que de 7 à 17 % déclarent être socialement isolées. Bien que ces termes soient souvent utilisés l’un pour l’autre, l’isolement social et la solitude ne sont pas tout à fait la même chose (1). L’isolement social renvoie à un réel manque de soutien social et de contacts significatifs, alors que la solitude se réfère à la conviction de la personne qu’elle manque de compagnie ou qu’elle l’a perdue et aux sentiments négatifs qui en découlent (1 ; 2).
Réels ou perçus, isolement social et la solitude peuvent avoir des impacts réels sur la santé globale et le bien-être des personnes âgées (1 ; 3). En fait, l’isolement social est associé à un accroissement de la mortalité (1 ; 4), à la démence (1 ; 5), à la dépression et au risque de maltraitance envers les personnes âgées (6) ; tandis que la solitude est associée à une augmentation de la pression artérielle (3 ; 7), à un déclin cognitif (3 ; 8) et à une réduction de la capacité du corps à se protéger des infections (3 ; 9).
Plusieurs raisons expliquent pourquoi les personnes âgées passent plus de temps sans compagnie — en voici quelques exemples : elles vivent seules ; leurs proches sont décédés ; elles éprouvent certains problèmes de santé ; et enfin, elles n’ont pas accès aux transports (6). Heureusement, des efforts sont en cours pour identifier les stratégies de lutte contre la solitude et l’isolement social et les effets de santé inquiétants qui en découlent (1 ; 3 ; 10).
Ce que la recherche nous apprend
Une revue systématique a exploré l’efficacité d’une variété de programmes visant à réduire l’isolement social ou la solitude chez les personnes âgées. Cette revue a révélé que certains de ces programmes peuvent contribuer à améliorer la santé physique, mentale (p. ex., la dépression et le bien-être mental) et sociale (p. ex., le soutien social et la solitude) chez les personnes âgées qui sont solitaires ou socialement isolées ou sont présumées l’être. Dans l’ensemble, les programmes qui se basent sur des groupes, se fondent sur la théorie, intègrent les commentaires actifs des participants et incorporent du soutien et des activités sociales semblent fournir le plus d’avantages.
Parmi les programmes spécifiques qui se sont avérés efficaces, citons : un groupe d’activités psychosociales comprenant de l’art, des discussions, de l’écriture thérapeutique, une thérapie de groupe et des exercices menant à de nouvelles amitiés ; un groupe d’adaptation qui a permis d’améliorer la santé fonctionnelle de personnes atteintes de troubles rhumatismaux chroniques ; un groupe psychosocial axé sur l’éducation à la santé, les habiletés d’adaptation et la gestion du stress qui a aidé des femmes atteintes de cancer du sein à devenir plus confiantes et à réduire la solitude ; et un groupe de soutien de deuil pour les veuves ou les veufs qui a conduit à une socialisation accrue et à une réduction de la dépression (1).
Une autre revue systématique évaluant les stratégies de promotion de la santé, telle que le soutien au deuil, le soutien des pairs et l’éducation, confirme également l’idée que les caractéristiques des programmes ou des stratégies visant à lutter contre la solitude et l’isolement social chez les personnes âgées jouent un rôle important en termes d’efficacité. Il s’est avéré que le petit nombre des stratégies qui sont efficaces pour réduire ou empêcher la solitude et l’isolement social sont une fois de plus les activités de soutien par groupe, incluant des activités de soutien ou également de l’éducation, s’orientant vers des groupes particuliers de personnes âgées (par exemple, les femmes, les veufs ou les veuves, les aidants naturels) et leur fournissant l’occasion d’aider à l’élaboration et à la réalisation des activités impliquées dans le programme ou la stratégie (10).
Une méta-analyse plus récente se penchant uniquement sur la solitude a aussi avancé l’idée que les stratégies qui mettent l’accent sur la modification des perceptions et des pensées négatives d’une personne — par exemple par le biais de la thérapie comportementale cognitive — peuvent être encore plus bénéfiques pour la réduction de la solitude que celles qui mettent l’accent sur le renforcement du soutien social (3).
Dans l’ensemble, les données probantes actuelles autour des approches pour lutter contre l’isolement social et la solitude chez les personnes âgées montrent certaines stratégies prometteuses, tout en soulignant que les caractéristiques du programme ou de la stratégie en question sont importantes dans la détermination du succès. Le besoin d’études plus récentes de haute qualité, bien conçues et présentant correctement les résultats, est également évident, de sorte que des conclusions plus définitives puissent être tirées (1 ; 3 ; 10).