Prendre soin de la santé psychologique des aidants et des aidantes : la thérapie d’acceptation et d’engagement

Les messages clés

  • Au Canada, près d’un quart des personnes âgées de 15 ans et plus sont les aidants ou les aidantes d’un adulte souffrant d’une affection de longue durée ou d’un handicap. La majorité est des aidantes et des aidants naturels, qui ne sont pas rémunérés.   
  • Les aidantes et les aidants naturels courent un risque accru d’être accablés, dépassés et de présenter des symptômes de dépression et d’anxiété. 
  • La thérapie d’acceptation et d’engagement peut améliorer la santé psychologique des aidantes et des aidants naturels en réduisant les symptômes de dépression, d’anxiété et de stress, et en améliorant la pleine conscience, entre autres avantages. 

Qu’il s’agisse d’un membre de la famille, d’un ami, d’une amie ou d’une personne du voisinage, s’occuper d’un proche ou d’un membre de notre collectivité est un acte valorisant et important accompli par de nombreuses personnes au Canada et dans le monde entier. Rien qu’au Canada, près d’un quart des personnes âgées de 15 ans et plus s’occupent d’adultes atteints de maladies chroniques ou de handicaps. En outre, plus de 90 % d’entre elles sont des aidantes et des aidants naturels, c’est-à-dire qu’elles fournissent des soins qui ne sont pas rémunérés (1).


Bien que la prestation de soins soit un « travail fait avec amour », comme beaucoup de choses dans la vie, elle s’accompagne de son propre lot de défis et de difficultés. Au Canada, les aidantes et les aidants naturels d’adultes dépendants consacrent entre quatre et vingt heures par semaine à des activités liées aux soins, la moyenne étant de huit heures par semaine (1). Les responsabilités de l’aidant ou de l’aidante peuvent interférer avec sa carrière et ses finances, réduire sa capacité à équilibrer convenablement son travail et sa vie et à identifier les moments où de l’aide serait nécessaire, et augmenter le risque de charge mentale, de sentiment d’accablement et de symptômes de dépression et d’anxiété (1-10). Comme vous pouvez l’imaginer, ces problèmes peuvent entraîner une diminution de la qualité des soins prodigués et une réduction de la qualité de vie tant pour l’aidante ou l’aidant que pour la personne qui est l’objet de leurs soins (2 ; 11-13). 


Heureusement, les aidantes et les aidants n’ont pas à se consacrer à leurs tâches en vase clos. Il existe une variété de soutiens et de services auxquels ils peuvent accéder pour les aider tout au long de leur parcours de soins. La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT, pour acceptance and commitment therapy en anglais) est l’une de ces stratégies. Alors que les formes traditionnelles de thérapie cognitivo-comportementale mettent davantage l’accent sur l’identification et la modification des pensées négatives, la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) encourage l’acceptation des pensées et des sentiments négatifs, puis le recours à des activités saines pour gérer les expériences vécues. Pour approfondir l’étude de la thérapie d’acceptation et d’engagement, une revue systématique récente a examiné ses effets sur la santé psychologique des aidantes et des aidants naturels qui s’occupent de membres de leur famille, d’amis, d’amies ou de gens de leur voisinage souffrant de maladies chroniques (2). 


Alors, la thérapie d’acceptation et d’engagement est-elle efficace ou n’est-elle qu’un « bidule » ?


Ce que la recherche nous apprend

La revue systématique révèle de nombreux résultats positifs lorsqu’elle a comparé l’ACT, généralement dispensée par des psychiatres, des psychologues, des conseillers ou des conseillères, du personnel infirmier ou des travailleuses ou des travailleurs sociaux qualifiés, aux soins habituels ou à des groupes témoins actifs (c’est-à-dire des groupes témoins pratiquant un autre type d’activité).


Par exemple, la thérapie d’acceptation et d’engagement a pu avoir un impact sur plusieurs résultats immédiatement après la thérapie et après un à six mois. Il s’agit notamment de réductions (2) :

  • des symptômes de la dépression et de l’anxiété ;
  • des symptômes de stress de façon modérée juste après la thérapie et de façon importante après un à six mois ;
  • de la réticence des aidantes et des aidants à s’exposer à des sentiments douloureux dans une large mesure, ce qui est important, car cette réticence peut les conduire à éviter des choses difficiles comme leur rôle de personne aidante, ainsi que d’autres aspects de la vie (2 ; 14) ; et 
  • du fait de s’enfermer modérément dans ses pensées ;

Mais les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là ! On a également démontré que l’ACT améliore considérablement la vie basée sur les valeurs et la pleine conscience après un à six mois. La vie basée sur les valeurs fait référence à l’existence des personnes qui expriment et représentent ce qu’elles ont identifié comme étant une action utile et significative, tandis que la pleine conscience fait référence à la présence attentive à l’endroit où l’on se trouve et à ce que l’on est en train de faire.


Vous vous dites peut-être : « C’est bien, l’ACT est efficace, mais quelles sont les caractéristiques que je devrais rechercher ? » L’étude permet de répondre à cette question. Il semble que la thérapie d’acceptation et d’engagement soit plus efficace lorsqu’elle est offerte à la fois sous forme individuelle et en groupe, et lorsqu’elle est dispensée en face à face plutôt que par d’autres méthodes comme le téléphone, le courrier électronique ou en ligne. Le fait de participer à un plus grand nombre de séances de l’ACT peut également être plus bénéfique (2).


Prendre soin de sa propre santé psychologique et de son bien-être est un aspect important du rôle d’aidante ou d’aidant. La thérapie d’acceptation et d’engagement est un outil que les aidantes et les aidants peuvent ajouter à leur trousse de soutien. Les personnes qui prennent soin d’un ou une proche peuvent accéder à l’ACT par elles-mêmes en s’adressant à un professionnel spécialisé dans ce type de thérapie ou en discutant avec leur équipe de soins de santé pour savoir comment y accéder dans leur collectivité.


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Références

  1. Statistique Canada Plus de la moitié des femmes s'occupent des enfants ou des adultes dépendants de soins au Canada, 2022. [Internet] 2022. [consulté en mars 2024]. Disponible en ligne : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/221108/dq221108b-fra.htm 
  2. Ye F, Lee JJ, Xue D, et coll. Acceptance and commitment therapy among informal caregivers of people with chronic health conditions: A systematic review and meta-analysis. JAMA Netw Open. 2023; 6(12):e2346216. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2023.46216.
  3. Janson P, Willeke K, Zaibert L, et coll. Mortality, morbidity and health-related outcomes in informal caregivers compared to non-caregivers: A systematic review. Int J Environ Res Public Health. 2022; 19(10):5864. doi: 10.3390/ijerph19105864. 
  4. Wister A, Li L, Mitchell B, et coll. Levels of depression and anxiety among informal caregivers during the COVID-19 pandemic: A study based on the Canadian Longitudinal Study on Aging. J Gerontol B Psychol Sci Soc Sci. 2022; 77(9):1740-1757. doi: 10.1093/geronb/gbac035.   
  5. Stratmann M, Forsell Y, Möller J, et coll. Informal care and the impact on depression and anxiety among Swedish adults: A population-based cohort study. BMC Public Health. 2021; 21(1):1263. doi: 10.1186/s12889-021-11246-1. 
  6. Zarit SH, Zarit JM. Family caregiving. In: Bensadon BA, ed. Psychology and Geriatrics. Academic Press; 2015:21-43.  
  7. Sallim AB, Sayampanathan AA, Cuttilan A, et coll. Prevalence of mental health disorders among caregivers of patients with Alzheimer disease. J Am Med Dir Assoc. 2015; 16(12):1034-1041. doi: 10.1016/j.jamda.2015.09.007.   
  8. Loh AZ, Tan JS, Zhang MW, et coll. The global prevalence of anxiety and depressive symptoms among caregivers of stroke survivors. J Am Med Dir Assoc. 2017; 18(2):111-116. doi: 10.1016/j.jamda.2016.08.014.   
  9. Cohn LN, Pechlivanoglou P, Lee Y, et coll. Health outcomes of parents of children with chronic illness: A systematic review and meta-analysis. J Pediatr. 2020; 218:166-177.e2. doi: 10.1016/j.jpeds.2019.10.068.   
  10. Angioli R, Capriglione S, Aloisi A, et coll. Economic impact among family caregivers of patients with advanced ovarian cancer. Int J Gynecol Cancer. 2015; 25(8):1541-1546. doi: 10.1097/IGC.0000000000000512.   
  11. Litzelman K, Kent EE, Mollica M, et coll. How does caregiver well-being relate to perceived quality of care in patients with cancer? Exploring associations and pathways. J Clin Oncol. 2016; 34(29):3554-3561. doi: 10.1200/JCO.2016.67.3434.   
  12. Goren A, Gilloteau I, Lees M, et coll. Quantifying the burden of informal caregiving for patients with cancer in Europe. Support Care Cancer. 2014; 22(6):1637-1646. doi: 10.1007/s00520-014-2122-6.   
  13. Ademosu T, Ebuenyi I, Hoekstra RA, et coll. Burden, Impact, and needs of caregivers of children living with mental health or neurodevelopmental conditions in low-income and middle-income countries: A scoping review. Lancet Psychiatry. 2021; 8(10):919-928. doi: 10.1016/S2215-0366(21)00207-8.   
  14. Hayes SC, Wilson KG. Acceptance and commitment therapy: Altering the verbal support for experiential avoidance. Behav Anal. 1994; 17(2):289-303. doi: 10.1007/BF03392677.  

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