Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont utilisées depuis longtemps dans les milieux de travail et ont récemment connu un nouvel essor en raison de la pandémie de COVID-19.
De nombreux travailleurs sont encouragés, voire contraints, à utiliser des technologies : ordinateurs, logiciels, plateformes de communication en ligne, applications mobiles. Les TIC facilitent le travail, mais elles peuvent aussi être stressantes, voire nocives pour la santé. En 1984, le terme « technostress » a été inventé pour définir le stress, l’anxiété et les problèmes de santé mentale liés à l’utilisation des nouvelles technologies informatiques. Ce stress est généré de plusieurs façons : sentiment de surcharge d’informations (techno-surcharge), isolement numérique, confusion due à des interfaces complexes (techno-complexité), sentiment d’insécurité et d’incertitude ou impression de devoir être constamment connecté (techno-invasion).(1)
Alors que certains travailleurs âgés sont familiers, compétents et à l’aise avec les TIC, d’autres peuvent éprouver des symptômes de stress : troubles du sommeil, irritabilité, anxiété, réduction de la performance, isolement.
Êtes-vous "technostressé" ?
Ce que la recherche nous apprend
Une récente synthèse de 62 articles s’est intéressée à la façon de gérer le technostress au travail.(2) Elle a permis d’identifier les trois facteurs de stress les plus fréquemment étudiés dans le contexte du travail, soit la techno-surcharge, la techno-invasion et la techno-complexité. De nombreuses études ont également identifié d’autres facteurs de stress liés à la technologie, par exemple des facteurs de stress organisationnels ou environnementaux, qui peuvent interagir avec les technotresseurs et renforcer leurs effets négatifs.
Facteurs de risques liés à la personne
Les caractéristiques propres à une personne, par exemple le sexe et l’âge, peuvent influencer la façon dont cette dernière percevra et réagira au stress. Toutefois, les résultats sont contradictoires : certaines études ont trouvé des différences significatives, d’autres non. Ces contradictions peuvent s’expliquer par la nature du travail, l’expérience professionnelle, les compétences, le fait de travailler à temps plein ou à temps partiel, le niveau d’éducation, des attitudes, expériences et croyances différentes, etc.
Par exemple, un jeune travailleur habitué avec la technologie pourrait ne pas vivre de stress s’il doit utiliser un nouveau logiciel du jour au lendemain, car il se sent compétent et confiant en ses capacités informatiques, contrairement à un travailleur plus âgé. Toutefois, le jeune travailleur qui consomme plusieurs médias dans ses temps libres pourrait ressentir un stress de surcharge que le travailleur âgé ne vivra peut-être pas.
Quelles stratégies peut-on mettre en place pour réduire le technostress ?
Trop de pression, des rôles ambigus, des demandes irréalistes, un manque de soutien ou encore un climat de compétition entre les employés sont des facteurs qui engendrent du stress.
Du côté organisationnel, les employeurs doivent :
- s’assurer que le climat de travail est positif et qu’il ne fait pas peser une pression indue sur les travailleurs.
- clarifier les rôles de chacun et les attentes.
- partager les bonnes pratiques et favoriser l’entraide entre collègues.
- éviter que les employés soient surchargés de courriels ou qu’ils aient l’impression de devoir répondre aux demandes sur leur temps personnel.
- fournir un service d’assistance technique aux employés.
Les caractéristiques personnelles jouent un rôle dans la façon de faire face au stress. Les études montrent que les employés plus âgés semblent avoir des stratégies d’adaptation plus efficaces que les plus jeunes pour faire face au stress. Il est prouvé que ceux qui utilisent plusieurs stratégies ont une meilleure santé, une meilleure productivité et moins de difficultés à établir la ligne entre le travail et les temps libres.
Les stratégies mises en place pour faire face au stress peuvent être :
- centrées sur les émotions : par exemple voir le bon côté des choses, faire de l’humour ou fuir. Bien qu’elles apportent un soulagement à court terme à certains, des stratégies comme le désengagement, le déni et la toxicomanie ne sont pas viables à long terme et nuisent à la personne.
- centrées sur les problèmes : par exemple confronter ses incertitudes, faire des efforts pour améliorer la situation, demander de l’aide aux collègues, suivre des formations, tracer une ligne claire entre la vie professionnelle et la vie privée.
Si vous vivez du technostress, voici quelques stratégies à essayer pour mieux le gérer :
- développer vos compétences et votre efficacité personnelle en suivant des formations ciblées.
- faire preuve d’autonomie dans la réalisation de vos tâches et la gestion de son temps.
- chercher du soutien auprès de votre famille, de vos amis et de vos collègues.
- limiter l’utilisation des TIC en dehors des heures de travail.
Tout le monde peut vivre du stress un jour ou l’autre. N’hésitez pas à consulter votre professionnel de la santé si vous sentez que votre stress vous envahit.
