Intimidation entre aînés : faites partie de la solution, pas du problème

Les messages clés

  • L’intimidation entre aînés est un problème qui gagne en visibilité au Canada.
  • L’intimidation se produit surtout sous forme de comportements verbaux, de harcèlement, d’exclusion sociale ou de manipulation.
  • L’intimidation a des conséquences graves sur la santé mentale et physique des aînés impliqués : anxiété, dépression, baisse de l’estime de soi et détérioration du bien-être émotionnel. De plus, le stress lié à l’intimidation peut également contribuer à des problèmes de santé physique comme l’hypertension et les troubles du sommeil.

Les centres d’hébergement et de soins de longue durée sont censés être des lieux sécuritaires et bienveillants pour les aînés. Cependant, un phénomène se cache parfois derrière les portes de ces établissements : l’intimidation entre aînés. Alors que la société porte une attention croissante à la lutte contre l’intimidation dans les écoles et sur les lieux de travail, l’intimidation entre aînés est un sujet tabou et négligé.

Saviez-vous qu’environ 1 personne âgée sur 5 est victime d’intimidation dans les centres d’hébergement et autres maisons de retraite?(1) La plupart des actes d’intimidation entre aînés ne sont pas de nature « physique », mais impliquent plutôt des insultes, des commérages et de l’exclusion.

Vivez-vous de l’intimidation dans votre lieu d’hébergement ?

Qu’est-ce que l’intimidation ?

Le National Center for Assisted Living aux États-Unis a produit un guide concernant le phénomène d’intimidation chez les aînés dans les centres d’hébergement.(2)

Dans ce guide, l’intimidation est définie comme étant tout comportement, parole, acte hostile, abusif ou néfaste envers une personne ou un groupe de personnes, souvent répété. Ces comportements peuvent prendre diverses formes, allant de la manipulation émotionnelle à la violence physique et verbale : bousculades, coups, harcèlement, critiques, isolement, rumeurs, courriels menaçants, insultes, etc. Parfois, les intimidateurs volent ou brisent volontairement des objets appartenant aux personnes qu’ils veulent intimider. Il y a souvent un enjeu de pouvoir et de contrôle sous-jacent.

Pourquoi certains aînés deviennent intimidateurs ?

Les aînés intimidateurs partagent des caractéristiques communes : manque d’empathie, difficulté à accepter les différences culturelles, religieuses, sexuelles. Les femmes font surtout de l’intimidation indirecte et propagent des rumeurs, forment des cliques, ont des comportements passifs-agressifs, font de la manipulation. Les hommes intimidateurs sont plus directs dans leurs comportements d’agression verbale et physique, et souffrent souvent d’un complexe de supériorité.

Plusieurs facteurs contribuent à l’intimidation entre aînés :

- une compétition pour les ressources (attention du personnel, grandes chambres, places lors des activités récréatives)

- un environnement institutionnel qui exacerbe les sentiments d’impuissance et de frustration, ce qui se traduit par des comportements intimidants envers les autres résidents

- des problèmes de santé mentale, comme la démence ou la dépression, qui occasionnent des comportements agressifs.

Qui est susceptible d’être victime d’intimidation ?

Les victimes d’intimidation peuvent ressentir une détresse émotionnelle considérable, une perte d’estime de soi et une anxiété accrue. Ces effets négatifs sur la santé mentale peuvent entraîner un isolement social, une dégradation de la santé physique et une diminution de la qualité de vie globale.

Les personnes intimidées sont le plus souvent des nouveaux résidents, des personnes vulnérables, passives,  dépendantes, atteintes de maladie mentale ou de dépression, ou encore des personnes seules (sans partenaire) n’ayant pas ou peu de réseau de soutien.

Comment créer un environnement exempt d’intimidation ?

Pour lutter contre l’intimidation, il est essentiel de sensibiliser les résidents, le personnel et les familles sur ce phénomène et de promouvoir un environnement respectueux des différences culturelles, religieuses et sexuelles, par exemple.

La prévention commence par la mise en place de règles, d’attentes et de conséquences claires en lien avec l’intimidation, partagées par les futurs résidents, les résidents actuels et le personnel.

Ensuite, il est crucial d’outiller le personnel sur la gestion des conflits, la communication non violente et la compréhension des besoins individuels des résidents.

Parallèlement, il faut valoriser la gentillesse et la bienveillance envers les autres et mettre en place des activités sociales et récréatives qui favorisent les interactions positives entre aînés, réduisant ainsi les risques d’intimidation. 

Il faut aussi encourager le personnel et les résidents à signaler les incidents d’intimidation et prendre les plaintes au sérieux.

Vous vivez de l’intimidation ?

Si vous êtes témoin ou victime d’intimidation, des mesures pour résoudre la situation sont nécessaires. Vous pouvez :

- parler à un membre du personnel ou à la direction du centre d’hébergement

- parler à d’autres résidents de confiance

- demander de l’aide à la famille et aux amis

- signaler les vols, la maltraitance, ainsi que les abus physiques, sexuels, émotionnels ou financiers à la police, car il s’agit d’actes criminels

- solliciter l’aide d’organismes externes spécialisés dans la protection des droits des aînés et l’intervention en cas d’intimidation.


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Références

  1. Sedensky M. Bullying has no age limit, nursing homes find. CTV News, 2018.
  2. National Center for Assisted Living. Bullying among seniors: A prevention and surveillance guide. Washington, DC: United States, 2023.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.