Selon Statistique Canada, près du tiers des aînés canadiens habitaient seuls en 2017-2018 et environ 1 aîné sur 10 ressentait de la solitude en 2021.(1; 2) La réponse à la pandémie de COVID-19 a certes exacerbé le problème, en ayant recours à la distanciation physique ou encore à la fermeture de certains espaces communs publics comme les bibliothèques et les centres communautaires pendant plusieurs longs mois.
Au sortir de la pandémie de COVID-19, force est de constater qu’il y a de moins en moins d’occasions d’interagir socialement. La pandémie a mis en évidence l’isolement social des personnes âgées, mais les liens intergénérationnels s’amenuisent depuis plusieurs décennies, notamment en raison de l’évolution de nos modes de vie et de travail.
Pourtant, les activités intergénérationnelles semblent avoir un effet positif sur les gens de tous âges. Quand on parle d’interventions intergénérationnelles, on fait référence aux activités qui mettent des gens d’âges différents en contact, qu’elles soient réalisées dans les écoles, dans la communauté ou dans les établissements de soins. Ce sont souvent des activités liées au partage de connaissances ou des activités visant à apporter de l’aide (que ce soit des tâches ménagères, de l’aide aux devoirs, du gardiennage d’enfants), mais ça peut être simplement du bon temps passé ensemble à jouer ou écouter de la musique. Par exemple, pensons aux ateliers où des adolescents montrent à des personnes âgées comment utiliser leur téléphone intelligent ou se créer un profil sur les réseaux sociaux, à la visite d’enfants de la garderie dans les établissements de soins de longue durée, aux aînés qui offrent du répit aux jeunes parents après un accouchement, etc.
Dans les lignes qui suivent, nous faisons un bref survol de l’état des recherches sur les interventions intergénérationnelles non familiales et leur impact sur le bien-être social et mental des jeunes et des personnes âgées.
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique de grande qualité a recensé de 500 études provenant de 27 pays sur les effets de diverses activités intergénérationnelles qui n’incluent pas les membres de la famille.(3)
La revue a révélé une diversité d’interventions variant en fonction de l’intensité et de la fréquence des activités intergénérationnelles. Cela pouvait inclure des activités ponctuelles d’apprentissages mutuels, des activités à distance (par exemple, un programme de correspondance dans le cadre duquel des jeunes échangent des lettres avec des résidents d’un centre d’hébergement et de soins de longue durée), des activités périodiques dans le cadre de fêtes et célébrations, en passant par des programmes structurés menant un projet intergénérationnel (par exemple, une campagne visant à améliorer l'environnement d’une ville qui est menée par des jeunes et des personnes âgées).
Cela dit, les interventions examinées impliquaient le plus souvent des activités liées au partage des perspectives d'être une personne âgée ou un jeune, passer du temps ensemble, aider aux tâches ménagères, à offrir de l’aide dans un environnement scolaire, du mentorat, de l'art et de l'artisanat pour impliquer les générations ensemble, apprendre ou partager de la musique et jouer à des jeux. Ainsi, ces interventions étaient le plus souvent réalisées dans les écoles, dans la communauté ou dans des centres d’hébergement et de soins de longue durée.
Dans l’ensemble, les effets les plus fréquemment rapportés dans les études concernant les enfants et les jeunes étaient une amélioration de leurs attitudes envers les personnes âgées, de leurs connaissances et de leurs acquis, ainsi qu’une augmentation dans les interactions intergénérationnelles.
Pour ce qui est des personnes âgées, les effets les plus fréquemment rapportés étaient une amélioration du bien-être mental, du sentiment de contrôle sur leurs actions et leurs conséquences, sur leurs attitudes envers les jeunes et leurs interactions intergénérationnelles.
Les auteurs de la revue systématique ont toutefois identifié plusieurs lacunes dans les recherches disponibles. Par exemple, il existe peu de recherches robustes sur les résultats mutuels, sociétaux et communautaires, la santé mentale des jeunes, la solitude, l'isolement social, les interactions avec les pairs, la santé physique et la promotion de la santé, les résultats centrés sur le bien-être des aidants, et sur des effets indésirables ou es résultats inattendus, y compris les résultats économiques.
À votre tour de vous tisser des liens!
Vous aimeriez participer à des activités intergénérationnelles? Plusieurs initiatives existaient avant la pandémie et ne demandent qu’à être réactivées !
Informez-vous auprès de votre centre communautaire ou de votre bibliothèque publique. Qui sait, vous pourrez peut-être rejoindre un groupe de cuisine collective ou une chorale, participer à des initiatives de correspondances, devenir mentor auprès de jeunes et faire de l’aide aux devoirs ! Vous pourriez transmettre votre amour du jardinage ou encore leur apprendre à tricoter.
Accompagner vos petits-enfants et leurs amis du préscolaire pour l’heure du conte est aussi une excellente initiative pour renforcer les liens. De plus, la participation civique peut aider à réduire votre isolement et améliorer votre qualité de vie : des organismes en tous genres cherchent des bénévoles comme vous !
Advenant le cas où nous aurions une autre pandémie à vivre, sachant que les liens sociaux et intergénérationnels doivent être préservés, gardons en tête que plusieurs activités en ligne sont possibles : jeux en ligne, vidéoconférences… Ce ne sont pas les projets qui manquent, mais encore faut-il avoir l’équipement nécessaire et les connexions internet requises !