D’ici 2050, il y aura plus de 2 milliards de personnes âgées de 60 ans et plus sur la planète. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs proposé un plan d’action appelé Décennie pour le vieillissement en bonne santé 2020-2030 afin de mieux répondre aux besoins en soins de santé et garantir la dignité des aînés, de leurs familles et de leurs communautés.(1) Pour réaliser cette vision ambitieuse, il est nécessaire d'exploiter les innovations technologiques, scientifiques, médicales et numériques qui peuvent favoriser un vieillissement en santé.
Bon nombre de ces innovations reposent de plus en plus sur « l'intelligence artificielle » (IA). Dans le secteur des soins de longue durée, l'IA peut activer et améliorer diverses technologies telles que les systèmes de surveillance à distance, les logiciels de recommandation et d'aide à la décision, les robots d'assistance sociale et les assistants virtuels qui interagissent quotidiennement avec les personnes âgées et leurs aidants.(2 ) Malgré son potentiel, des questions subsistent quant à l'efficacité et à l'acceptabilité de l'IA dans les soins de longue durée.
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique de 31 études s’est intéressée à l’acceptabilité et à l’efficacité des technologies améliorées par l’IA auprès des personnes âgées dans le contexte précis des soins de longue durée.(2) Toutes les études ont été menées dans des pays à revenu élevé auprès de personnes âgées recevant des soins de longue durée dans des maisons de soins infirmiers, des résidences assistées ou des unités pour personnes atteintes de démence. Une seule étude portait sur les soins de longue durée à domicile. Les technologies étudiées étaient de trois types : des robots sociaux, des capteurs environnementaux et des capteurs portables. Les services offerts par ces outils étaient variés : surveillance des signes vitaux et des chutes, divertissement, appels vidéo, jeux cognitifs, assistance pour l’accomplissement des activités quotidiennes.
Voici les principaux constats :
Acceptabilité mitigée
Les recherches montrent que l’acceptabilité des robots sociaux varie selon le type de robot utilisé et sa fonction. Certains aînés peuvent réagir négativement face aux robots sociaux, malgré que des études montrent que l’acceptabilité s’améliore avec le temps. D’autres personnes âgées s’attachent aux robots, éprouvent de la détresse lorsqu’elles en sont séparées et développent un sentiment possessif qui peut devenir problématique dans un contexte de partage des robots entre plusieurs résidents. De plus, les personnes âgées atteintes de démence risquent d’être infantilisées par certaines technologies et peuvent être amenées à croire que le robot est un véritable animal domestique, ce qui représente un enjeu éthique.
L’acceptabilité des capteurs environnementaux et des capteurs portables est faible chez les aînés, car ils remettent en question l’utilité des systèmes de surveillance et la garantie de confidentialité des données. Cependant, les soignants apprécient leur facilité d’utilisation et leur capacité à assurer la sécurité des personnes âgées.
Effets mitigés sur les symptômes de dépression, la qualité de vie, l’agitation et la cognition
Les études n’ont pas trouvé d’effets significatifs sur les symptômes dépressifs, la qualité de vie, le degré d’agitation ou la cognition. En effet, malgré que certaines études aient montré une certaine amélioration de ces éléments, d’autres ont plutôt vu l’effet contraire se produire.
Effets positifs sur les aspects sociaux et comportementaux
Les chercheurs mentionnent que l’utilisation de certains robots compagnons réduit significativement le sentiment de solitude et améliore la communication et les compétences sociales des aînés, ainsi que leur perception du soutien social. De plus, les participants qui interagissent avec les robots de compagnie améliorent significativement leur participation globale aux activités et sont plus engagés verbalement, physiquement et visuellement.
Seriez-vous rassuré d’avoir accès à ces technologies ?
Aimeriez-vous avoir un robot de compagnie capable de tenir une conversation et vous rappeler de prendre vos médicaments ? Accepteriez-vous qu’un réseau de capteurs dissimulés surveille vos signes vitaux et prévienne vos proches et votre médecin en cas d’urgence ? Il faut y songer, l’IA est à nos portes !