Le rôle crucial des aidants en situation de mesures d’urgence

Les messages clés

  • De nombreux aidants ne se sentent pas suffisamment outillés pour faire face aux catastrophes.
  • Assurer le bien-être des aidants et leur résilience en cas de catastrophe est essentiel pour maintenir la prestation des soins, ainsi que pour favoriser la résilience communautaire et celle du système de santé.
  • La plupart des aidants sont des femmes et cette caractéristique devrait être prise en compte lors de la création de plans, de politiques et d’interventions visant à accroître la préparation en cas de catastrophe

Les aidants constituent une ressource inestimable : on attend d’eux qu’ils fournissent des soins, du soutien, facilitent la navigation dans les systèmes de santé et sociaux, et défendent les intérêts des proches dont ils s’occupent. En 2018, environ 8 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus, dont 1,5 million d’adultes âgés de 65 ans et plus, ont prodigué des soins bénévoles à un parent ou à un ami ! Avec le vieillissement de la population, la baisse de natalité et l’éloignement géographique, de nombreux Canadiens âgés devront assumer un rôle d’aidant malgré leurs propres problématiques de santé.

Le rôle des aidants est crucial, notamment lors de catastrophes et comme nous l’avons vu avec la pandémie de COVID-19. Depuis l’ouragan Katrina qui a frappé de plein fouet la Louisiane en 2005, et qui a causé un nombre disproportionné de décès chez les adultes âgés de 60 ans et plus, les appels se multiplient pour préparer adéquatement les aidants pour faire face à des situations d’urgence.

Comment les aidants font-ils face aux catastrophes ?

Ce que la recherche nous apprend

Une récente revue systématique a recensé 21 études concernant les expériences des aidants en cas de catastrophe.(1) Cinq thèmes ont été identifiés :

1. Le manque d’éducation et de formation

Les aidants ne sont souvent pas préparés à faire face à des situations de crises et d’urgences. Il est important de mettre en place des programmes de formation, mais aussi du soutien communautaire pour améliorer la résilience et l’indépendance des aidants, et ce, particulièrement auprès des populations vulnérables.

2. Les facteurs de stress liés aux médicaments et à leur approvisionnement

Pour se préparer aux catastrophes, les aidants devraient identifier les médicaments et les appareils médicaux requis pour leurs proches. Également, il serait avantageux de conserver une certaine quantité de médicaments pour éviter l’interruption des traitements en cas d’évacuation.

3. Les facteurs influençant le processus de prise de décision lors de catastrophes

La prise de décision constitue un fardeau émotionnel pour les aidants. Il semble que ce soit d’autant plus difficile pour les aidants qui sont inconfortables à prendre des décisions au nom de leur proche. De plus, les rôles sociaux antérieurs et actuels de l'aidant et du bénéficiaire de soins ont été mis en évidence comme un indicateur fort de l'efficacité de la prise de décision d'un aidant. Les rôles sociaux font référence au statut de la relation entre le bénéficiaire des soins et l’aidant, comme une relation mère et fille, épouse et mari, nièce et grand-père, etc.

D’autres facteurs peuvent influencer la prise de décision : l’état de santé du bénéficiaire de soins (par exemple, une maladie dégénérative ou une incapacité physique), lorsque l’aidant habite loin, ne pas avoir de plan d’urgence, un statut socio-économique moins avantageux, peu ou pas de réseau social, ne pas percevoir le risque de catastrophe, la peur, le manque de confiance envers les refuges d’urgence, etc.

4. Les obstacles liés aux catastrophes 

Le manque d’information et de formation est un obstacle majeur à la prestation de soins par les aidants dans un contexte de catastrophe et doit être traité AVANT une catastrophe. Plusieurs personnes se fient aux services de secours, mais ceux-ci peuvent être retardés, d’où l’importance : de savoir comment adapter les soins au besoin, d’avoir un plan clair pour savoir quand et comment évacuer, ainsi qu’une trousse d’urgence (nourriture, médicaments dans les contenants d’origine, aliments non périssables, etc.). Il existe également des obstacles sociaux, comme la peur de la stigmatisation (par exemple, être perçu comme pas autonome ou vulnérable), le manque de soutien dans les abris d’urgence et les obstacles physiques pour accéder à ces abris.

5. Les facteurs favorisant la résilience

Savoir quoi faire avant, pendant et après une catastrophe, avoir une attitude positive, un statut socio-économique élevé et avoir déjà vécu une situation d’urgence sont des éléments qui favorisent la résilience selon les études. Les expériences de vie et les connaissances des aidants peuvent aussi les aider à faire face à des situations d’urgence.

Que faire, dès maintenant ?

Que vous soyez aidant ou aîné, vous devez planifier votre réponse aux catastrophes avant qu’elles ne surviennent.

Déterminez si vous êtes à risque et apprenez ce que vous pouvez faire pour vous y préparer.

- Si vous habitez dans une zone à risque, vérifiez quelles options s’offrent à vous et correspondent à vos valeurs : se mettre à l’abri de façon permanente en déménageant ou rester sur place et prévoir un plan d’urgence qui prend en compte différents scénarios.

- Les professionnels de la santé sont une source d’information fiable et peuvent vous aider à vous préparer. Profitez d’une visite de routine pour aborder le sujet !

- Informez-vous sur les ressources pour proches aidants en cas de catastrophe.

- Préparez une trousse d’urgence et dressez la liste des médicaments dont vous avez besoin sur une base régulière. Si possible, essayez d’avoir une petite provision au cas où.


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Références

  1. Pickering, C.J., Dancey, M., Paik, K. et al. Informal caregiving and disaster risk reduction: A scoping review. International Journal of Disaster Risk Science, 2021, 12: 169–187.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.