Les blessures de l'enfance peuvent laisser des traces à jamais

Les messages clés

  • Environ deux adultes sur trois disent avoir vécu un événement traumatisant avant l’âge de 18 ans.
  • Les traumatismes vécus durant l’enfance ont un effet sur les performances cognitives des enfants, des adolescents et des adultes.
  • Ces événements traumatiques peuvent entraîner une baisse des fonctions exécutives, mais aussi favoriser l’apparition des plaques caractéristiques de la maladie d’Alzheimer (une démence neurodégénérative) et augmenter les risques de maladie mentale.
  • Les personnes exposées à un choc traumatique durant l’enfance ou à des états de stress répétés et prolongés ont un risque plus élevé de développer une démence.

Bien que le vieillissement soit parfois associé à un certain déclin des capacités cognitives, certains aînés éprouvent des troubles neurocognitifs majeurs, comme la démence. La démence affecte la mémoire, le raisonnement, les capacités d’apprentissage, le jugement, les comportements et les capacités à réaliser les activités de la vie quotidienne.(1)

On sait que certains facteurs de risque affectent les capacités cognitives. Par exemple, des études indiquent que les traumatismes infantiles, comme des abus, de la violence ou des dysfonctions familiales ont un effet sur les capacités cognitives des enfants et ces effets peuvent perdurer jusqu’à l’âge adulte. Il a d’ailleurs été démontré que la maltraitance et la négligence envers les enfants inhibent le développement du cortex préfrontal du cerveau et entraînent une baisse des fonctions exécutives, c’est-à-dire la capacité à gérer leurs comportements, leurs pensées et leurs émotions, à planifier et concentrer leur attention. Ces traumatismes augmentent le risque de dépression et de syndrome de choc post-traumatique, qui ont aussi un lien avec les troubles cognitifs. De plus, ils sont reliés à une moins bonne réponse au stress et à un taux élevé de cortisol, ce qui favorise l’apparition des plaques caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

Est-ce que les personnes qui ont vécu un traumatisme durant l’enfance ont un plus grand risque de développer un trouble neurocognitif majeur comme la démence lorsqu’elles sont âgées ?

Ce que la recherche nous apprend

Une récente revue systématique a identifié 20 articles représentant 18 études sur l’association entre l’exposition à au moins un événement traumatisant vécu durant l’enfance et les capacités cognitives en fin de vie.(2)

Les événements traumatisants analysés étaient de nature variée : décès d’un parent, divorce des parents, négligence physique ou émotionnelle, violence et abus physiques, psychologiques ou sexuels, parents atteints de maladies mentales, intimidation, etc.

Les résultats révèlent un lien entre les événements traumatisants et les troubles cognitifs en fin de vie, mais ce lien est faible et souvent non statistiquement significatif. Toutefois, les études montrent qu’il y a davantage de personnes diagnostiquées avec un trouble neurocognitif majeur comme la démence chez celles qui ont vécu le type d’événements suivants : la mort maternelle, le divorce des parents, la négligence physique, la négligence émotionnelle, la violence physique, ainsi qu’une combinaison de plusieurs événements traumatisants.

Que peut-on faire ?

Les événénements qui nous affectent durant l’enfance peuvent laisser des marques profondes jusqu’en fin de vie. Il est important d’identifier de manière proactive les personnes ayant vécu des traumatismes afin de leur prodiguer les soins et le soutien dont elles ont besoin tout au long de la vie.

Vous avez vécu de la maltraitance ou vous avez des pensées envahissantes liées à des souvenirs d’événements traumatisants ? N’hésitez pas à chercher de l’aide et à en parler. Des ressources locales sont là pour vous aider.


Intéressés par les recherches sur le vieillissement? Inscrivez-vous aux alertes par courriel.
S'Inscrire
À Propos des Auteurs

Références

  1. World Health Organization. Dementia. 2 septembre 2021.
  2. Schickedanz HB, Jennings LA, Schickedanz A. The Association Between Adverse Childhood Experiences and Positive Dementia Screen in American Older Adults. J Gen Intern Med. 2021 Nov 15. doi: 10.1007/s11606-021-07192-8. Epub ahead of print. PMID: 34782990.
  3. Patel P, Oremus M. The association between adverse childhood experiences and late-life cognition: A systematic review of cross-sectional and case-control studies. Gerontologist. 2022 Mar 22:gnac041. doi: 10.1093/geront/gnac041. Epub ahead of print. PMID: 35323913.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.