« Vieillir chez soi » est la préférence de bien des gens, car ceux-ci veulent conserver le confort de leur foyer, rester dans leur communauté et de conserver leurs points de repère.(1) Mais la décision de vieillir chez soi ou de déménager n’est pas si simple. Une revue systématique s’est penchée sur les facteurs influençant la prise de décision en matière de logement des aînés en perte d’autonomie âgés de plus de 65 ans (et sans déficience cognitive).(2) Cette revue a permis d’identifier 88 facteurs influençant la prise de décision, variant de considérations liées à la santé et à l’accès aux soins, aux finances, à l’environnement bâti, mais aussi à des considérations psychologiques et psychosociales.
L’idée de vieillir chez soi peut prendre une tout autre tournure pour les personnes ayant vécu des traumatismes comme de la maltraitance, de l’oppression, des abus sexuels, de la violence, un deuil complexe, ou tout autre évènement extrêmement éprouvant de la vie. En effet, l’environnement de vie peut amplifier ou réactiver ces sentiments éprouvants.
À titre d’exemple, près du tiers des Canadiens ont subi des sévices sexuels ou physiques, et parfois les deux, de la part d'un adulte, et ce, avant l'âge de 15 ans.(3) Cela est sans compter les traumatismes vécus à l’âge adulte… Ces personnes gardent des séquelles qui peuvent limiter leur capacité d’adaptation tout au long de leur vie, augmenter les risques liés à la santé (anxiété, dépression, syndrome de stress post-traumatique, maladies cardiaques et plus encore) et engendrer des comportements risqués liés à la violence physique ou sexuelle, la maladie mentale, la toxicomanie, le chômage et même mener au sans-abrisme.
Les personnes ayant subi un traumatisme pendant l’enfance ou l’âge adulte ont-elles la résilience nécessaire pour vieillir chez elles ou s’adapter à un environnement qui pourrait leur offrir une meilleure qualité de vie ?
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique de 32 études s’est intéressée au lien entre les personnes âgées ayant des antécédents de traumatismes et ce que cela signifie de vieillir chez soi.(4) Bien que l’analyse n’ait pas permis d’établir de lien évident, elle a tout de même mis en lumière des constats importants :
- Vieillir chez soi ne signifie pas nécessairement vivre dans la même maison toute sa vie, mais reflète plutôt la possibilité d’obtenir les soins requis dans l’environnement de son choix.
- L’incertitude et les insécurités liées au vieillissement peuvent être exacerbées par des expériences traumatiques antérieures.
- Habiter dans un logement inadéquat et non sécuritaire par manque d’options ne favorise pas l’indépendance et la qualité de vie.
- Le stress et l’hypersensibilité aux stimuli sensoriels liés au logement (par exemple, des couleurs criardes, de l’insalubrité, des sons ambiants dérangeants, des odeurs nauséabondes, de l’éclairage intense ou trop faible, etc.) peuvent résulter d’événements traumatisants passés et causer un nouveau traumatisme menant à des problèmes de santé mentale.
- La précarité ou l’absence de logement est une expérience traumatisante associée à une grande vulnérabilité, à l’exacerbation des effets du vieillissement et à une mortalité plus élevée.
- Les logements supervisés avec services de soutien sont une ressource importante pour les personnes en crise.
- Des adaptations sont requises et du soutien communautaire est essentiel pour répondre aux besoins des adultes qui veulent vieillir chez soi (ou dans l’environnement de leur choix).
Que vous ayez vécu ou non des traumatismes, il est possible de créer une expérience de vieillissement plus saine. Des solutions de logement abordable existent et des adaptations sont possibles pour vous permettre de vous y sentir chez vous et en sécurité.
Si vous avez besoin de soutien après avoir vécu un traumatisme et que vous traversez une crise, il est important de demander de l'aide. Des ressources locales sont là pour vous aider : cliquez ici pour trouver une ressource près de chez vous.