À l’échelle mondiale, plus de 55 millions de vies ont été perdues en 2019 en raison de diverses causes. Plus de 30 millions de ces décès peuvent toutefois être attribués à seulement 10 maladies ou affections. Parmi cette liste figurent les suspects habituels, à savoir les maladies cardiaques, les AVC, la maladie d’Alzheimer et d’autres démences, ainsi que certains types de cancers (1). Compte tenu de leur contribution stupéfiante à la morbidité et à la mortalité, il n’est pas surprenant que les chercheurs, les professionnels de la santé et le grand public étudient, prescrivent et recherchent activement différentes stratégies pour garder ces maladies et affections à distance. L’une de ces stratégies, qui a émergé au fil des ans, est l’aspirine. Pour beaucoup d’entre nous, l’étendue de notre relation avec ce médicament en vente libre ne va pas au-delà de sa prise pour faire baisser la fièvre ou soulager les douleurs. L’aspirine étant largement disponible et relativement facile d’accès, devons-nous « croire » aux affirmations concernant son pouvoir de prévenir certaines menaces majeures pour notre santé et notre bien-être ? Cliquez sur les liens ci-dessous pour en savoir plus sur la recherche et les résultats de la destruction des mythes.
1. L’aspirine pour la santé cardiovasculaire ?
L’utilisation de l’aspirine pour prévenir les événements cardiovasculaires — tels que les crises cardiaques — chez les adultes en bonne santé est une approche controversée, mais couramment prescrite (2 ; 3). Les recherches montrent que chez les adultes sans antécédents de maladie cardiaque, la prise d’aspirine peut réduire légèrement le risque de crise cardiaque, par rapport à la prise d’un placebo ou à l’absence de traitement. Cependant, elle ne semble pas réduire le risque d’AVC, de décès de toute cause ou de décès dû à des complications liées à une maladie cardiaque. Des données suggèrent également que l’utilisation de l’aspirine peut augmenter le risque de subir une hémorragie majeure, notamment une hémorragie intracrânienne et intracérébrale (2). Ces résultats NE s’appliquent PAS aux personnes ayant des antécédents de maladie cardiaque ou d’AVC.
2. L’aspirine pour la prévention de la démence ?
L’exploration de la relation entre l’inflammation et la démence a mis en lumière les médicaments anti-inflammatoires tels que l’aspirine. La recherche montre que chez les personnes âgées en bonne santé — c’est-à-dire celles qui n’ont pas d’antécédents de démence, de maladie cardiaque ou de handicap physique — l’utilisation d’une faible dose d’aspirine (100 mg par jour) ne réduit pas le risque de démence, par rapport à un placebo. En revanche, elle augmente le risque d’hémorragie majeure et de décès. Ce manque d’avantages par rapport aux risques pour la santé est l’une des raisons pour lesquelles il est peu probable que d’autres études examinent les effets de l’aspirine à faible dose sur la prévention de la démence (4).
3. L’aspirine pour lutter contre le cancer ?
En ce qui concerne la prévention du cancer, nous constatons une fois de plus que l’utilisation de l’aspirine à cette fin est très controversée. Les recherches montrent que, chez les personnes sans antécédents de cancer, l’utilisation d’aspirine à long terme (par exemple, entre 1 an et plus de 10 ans) ne réduit pas l’incidence totale du cancer ou le nombre total de décès par cancer, par rapport à l’absence d’utilisation d’aspirine. En outre, à l’instar de ce qui a été observé pour la santé cardiovasculaire et la démence, son utilisation à long terme s’accompagne d’un risque accru d’hémorragie majeure et d’événements hémorragiques totaux. Malgré les problèmes d’innocuité et l’absence de bénéfices démontrés, il est nécessaire de poursuivre les recherches sur l’utilisation de l’aspirine dans les populations à haut risque et pour la prévention de cancers précis, et pas seulement du cancer en général (5).
Alors, où en sommes-nous lorsqu’il s’agit de déterminer si l’aspirine est un bon choix ? Comme pour toute décision relative à la santé, il est important de considérer l’ensemble du tableau. Dans le cas présent, cela signifie qu’il faut bien comprendre son propre risque en matière de problèmes cardiovasculaires, de démence et de cancer, et peser les avantages potentiels par rapport à l’absence d’effet et au risque d’inconvénients graves lors d’un entretien approfondi avec un professionnel de la santé.