L’acétaminophène (le Tylenol) : Une solution « de facilité » pour l’arthrose du genou et de la hanche ?

Les messages clés

  • L’arthrose est l’une des principales causes d’incapacité dans le monde.  
  • Le Tylenol, également connu sous le nom d’acétaminophène ou de paracétamol, est souvent la première option de traitement essayée pour l’arthrose du genou et de la hanche. 
  • Chez les personnes souffrant d’arthrose du genou ou de la hanche, le Tylenol apporte des améliorations marginales de la douleur (à très court terme et à court terme) et de la fonction physique (à court terme), mais il est peu susceptible de produire un impact significatif.
  • Dans l’ensemble, le Tylenol n’augmente pas le risque d’effets secondaires négatifs. 
  • D’autres options de traitement potentiellement efficaces pour l’arthrose comprennent : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), l’exercice, l’acupuncture et l’intervention chirurgicale.
  • Entamez une discussion avec votre professionnel de la santé sur les risques et les avantages des différentes options de traitement de l’arthrose du genou et de la hanche. 

L’acétaminophène, le paracétamol, le Tylenol… L’utilisation de ces termes de façon interchangeable peut vous laisser perplexes et vous vous demandez ce qui se cache derrière ces noms. Dans ce cas-ci, c’est la même chose. Ces trois noms font tous référence au même médicament, la seule différence étant que Tylenol est un nom de marque, tandis que l’acétaminophène et le paracétamol sont des noms génériques.


Le Tylenol est un médicament commun dans bon nombre de nos armoires à pharmacie. C’est en fait l’une des méthodes de choix pour soulager les fièvres et toutes sortes de maux et de douleurs. Un type particulier de douleur qui nous fait ouvrir l’armoire à pharmacie est la douleur arthritique (1). Plus de 4,7 millions de Canadiens âgés de 50 ans et plus vivent avec l’arthrite (2). En ce qui concerne les principaux contributeurs au handicap dans le monde (1 ; 3), l’arthrose — le type d’arthrite le plus courant (4 ; 5) — figure dans le haut de la liste (3). Parce que les douleurs arthritiques entravent notre capacité à bouger et à bien fonctionner physiquement (1), leur prise en charge est un objectif important pour les patients et les médecins.


Les articulations qui portent notre poids (4), comme les genoux et les hanches, sont des endroits qui subissent souvent les conséquences négatives de l’arthrose (3 ; 6). Mais quelle est la première option de traitement la plus souvent recommandée pour traiter la douleur arthrosique du genou et de la hanche ? Vous l’avez deviné… le Tylenol (1 ; 7-8). Fait intéressant, à mesure que la base de données probantes sur l’utilisation du Tylenol se développe, le débat autour de son utilisation pour le traitement de l’arthrose du genou et de la hanche s’accroît. En particulier, cela soulève des problèmes concernant l’efficacité et la sécurité de cette option de traitement (1 ; 9-11).


Ce que la recherche nous apprend

Une revue systématique récente comparant l’utilisation de l’acétaminophène (également appelé paracétamol ou Tylenol) par rapport au placebo pour le traitement de l’arthrose du genou et de la hanche a rapporté plusieurs résultats intéressants.


D’abord et avant tout, en ce qui concerne la douleur, à très court terme (deux semaines ou moins) et à court terme (plus de deux semaines, mais trois mois ou moins), le Tylenol n’apporte que des améliorations marginales. Deuxièmement, bien que le Tylenol n’améliore probablement pas la fonction physique à très court terme, il apporte de petites améliorations à court terme. Cela dit, dans tous les cas où on constate des avantages, l’ampleur de la différence était si faible que les auteurs ont conclu que la prise quotidienne de Tylenol n’a probablement pas d’impact significatif sur la vie des personnes souffrant d’arthrose du genou et de la hanche à très court terme ou à court terme.


Qu’en est-il du potentiel d’effets secondaires négatifs ?


Dans l’ensemble, les personnes souffrant d’arthrose du genou et de la hanche qui prennent du Tylenol ne semblent pas avoir plus de risques de subir des effets secondaires négatifs. Il convient également de mentionner que le risque d’un test de la fonction hépatique anormal — qui est lié à la toxicité hépatique — peut augmenter avec l’utilisation de Tylenol. Mais cette constatation manque de certitude en raison de la fiabilité des preuves. N’oubliez pas, sur le plan de l’innocuité, utilisez toujours les médicaments comme indiqués par l’emballage ou le pharmacien, ou comme prescrits par un prestataire de soins de santé.


Compte tenu à la fois des conclusions sur les avantages limités et du potentiel de préjudice, les auteurs de la revue demandent qu’on réévalue l’utilisation du Tylenol comme première option de traitement pour les personnes souffrant d’arthrose du genou ou de la hanche (1).


Vous pourriez vous demander, à part le Tylenol quoi d’autre ?


Les médecins recommandent souvent des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en vente libre, tels que le célécoxib, le diclofénac, l’ibuprofène et le naproxène, lorsque le Tylenol ne fonctionne pas (1 ; 12-14). Les données montrent que les AINS oraux — en particulier le diclofénac, l’ibuprofène et le naproxène — sont plus efficaces pour réduire la douleur que le Tylenol chez les personnes souffrant d’arthrose du genou. Les AINS oraux peuvent également être plus efficaces que le Tylenol pour améliorer à la fois le fonctionnement physique et réduire la rigidité (14). Malgré cela, le Tylenol est souvent utilisé comme traitement de premier recours car on le considère comme une option plus sûre (1). Par exemple, les AINS peuvent entraîner un risque accru de crises cardiaques ou de problèmes gastro-intestinaux (14 ; 15). Des recherches supplémentaires comparant l’innocuité de ces options de traitement sont nécessaires (14).


Les options non médicamenteuses pour traiter l’arthrose du genou ou de la hanche — y compris l’exercice, l’acupuncture et une intervention chirurgicale — peuvent également être efficaces. Cliquez sur les liens ci-dessous pour plus d’informations sur ces stratégies :


Dans l’ensemble, ces résultats ne signifient pas que vous devriez penser à arrêter un traitement recommandé par votre professionnel de la santé ou d’en commencer un nouveau qu’il n’a pas recommandé. Au lieu de cela, entamez une discussion sur les différentes options de traitement médicamenteux et non médicamenteux disponibles et les avantages et les inconvénients de chacune pour vous.

Ressources en vedette


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Références

  1. Leopoldino AO, Machado GC, Ferreira PH, et coll. Le paracétamol versus le placebo dans l’arthrose du genou et de la hanche. Cochrane Database Syst Rev. 2019; 2:CD013273. doi: 10.1002/14651858.CD013273. 
  2. Statistique Canada. Arthrite, selon le groupe d’âge. [Internet] 2020. [consulté en janvier 2020]. Disponible en ligne : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1310009606&request_locale=fr
  3. Vos T, Flaxman AD, Naghavi M, et coll. Years lived with disability (YLDs) for 1160 sequelae of 289 diseases and injuries 1990–2010: A systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2010. Lancet. 2012; 380:2163‐2196. doi: 10.1016/S0140-6736(12)61729-2. 
  4. Towheed T, Maxwell L, Judd M, et coll. Acetaminophen for osteoarthritis. Cochrane Database Syst Rev. 2006; 1:CD004257. doi: 10.1002/14651858.CD004257.pub2. 
  5. Bradley JD, Brandt KD, Katz BP, et coll. Comparison of an antiinflammatory dose of ibuprofen, an analgesic dose of ibuprofen, and acetaminophen in the treatment of patients with osteoarthritis of the knee. N Engl J Med. 1991; 325(2):87-91. doi: 10.1056/NEJM199107113250203.  
  6. Regnaux JP, Lefevre-Colau MM, Trinquart L, et coll. L'activité physique ou l'exercice de haute intensité par rapport à de faible intensité chez les personnes atteintes d'arthrose de la hanche ou du genou. Cochrane Database Syst Rev. 2015; 10:CD010203. doi: 10.1002/14651858.CD010203.pub2.
  7. Hochberg MC, Altman RD, April KT, et coll. American College of Rheumatology 2012 recommendations for the use of nonpharmacologic and pharmacologic therapies in osteoarthritis of the hand, hip, and knee. Arthritis Care Res. 2012; 64:465‐474. doi: 10.1002/acr.21596. 
  8. Zhang W, Doherty M, Arden N, et coll. EULAR evidence based recommendations for the management of hip osteoarthritis: Report of a task force of the EULAR Standing Committee for International Clinical Studies Including Therapeutics (ESCISIT). Ann Rheum Dis. 2005; 64(5):669-681. doi: 10.1136/ard.2004.028886. 
  9. Zhang W, Jones A, Doherty M. Does paracetamol (acetaminophen) reduce the pain of osteoarthritis? A meta‐analysis of randomised controlled trials. Ann Rheum Dis. 2004; 63(8):901‐907. doi: 10.1136/ard.2003.018531. 
  10. Zhang WG, Nuki RW, Moskowitz S, et coll. OARSI recommendations for the management of hip and knee osteoarthritis: Part III: Changes in evidence following systematic cumulative update of research published through January 2009. Osteoarthritis Cartilage. 2010; 18(4):476‐499. doi: 10.1016/j.joca.2010.01.013. 
  11. Roberts E, Delgado Nunes V, Buckner S, et coll. Paracetamol: Not as safe as we thought? A systematic literature review of observational studies. Ann Rheum Dis. 2016; 75(3):552‐559. doi: 10.1136/annrheumdis-2014-206914.
  12. Derry S, Conaghan P, Silva JA, et coll. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens topiques pour la douleur chronique musculo-squelettique chez les adultes. Cochrane Database Syst Rev. 2016; 4:CD007400. doi: 10.1002/14651858.CD007400.pub3.
  13. Puljak L, Marin A, Vrdoljak D, et coll. Celecoxib pour l'arthrose. Cochrane Database Syst Rev. 2017; 5:CD009865. doi: 10.1002/14651858.CD009865.pub2.
  14. Bannuru RR, Schmid CH, Kent DM, et coll. L'efficacité comparée des interventions pharmacologiques pour l'arthrose du genou : une revue systématique et méta-analyse en réseau. Ann Intern Med. 2015; 162:46-54. doi: 10.7326/M14-1231.
  15. Bally M, Dendukuri N, Rich B, et coll. Le risque d'infarctus aigu du myocarde avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens en contexte réel: une méta-analyse bayésienne des données individuelles des patients. BMJ. 2017; 357:j1909. doi: 10.1136/bmj.j1909. 

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