Le régime paléolithique : est-il bon pour votre cœur ?

Les messages clés

  • Le régime paléo nous encourage à manger comme nos ancêtres chasseurs-cueilleurs le faisaient à l’âge de pierre ; il comprend la consommation de poisson, de légumes, de fruits, de viande maigre, d’œufs et de noix, et exclut les produits laitiers, les céréales, les aliments transformés, le café, l’alcool, le sucre et le sel.
  • Le régime paléo peut vous aider à perdre du poids, à réduire votre tour de taille et à abaisser votre indice de masse corporelle, mais son effet sur d’autres facteurs de risque de maladie cardiaque — tels que l’inflammation, la pression artérielle et certaines graisses présentes dans le sang — est moins certain.
  • Dans l’ensemble, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si ce régime est sûr et pour confirmer ses effets sur les facteurs de risque de maladie cardiaque.
  • Avant d’adopter le régime paléo, étudiez en profondeur ce que ce régime implique et discutez de vos plans avec un prestataire de soins de santé afin de déterminer s’il vous convient et comment le suivre correctement.

Le régime paléolithique (également connu sous le nom de « régime paléo ») est extrêmement populaire de nos jours. Il existe des milliers de recettes paléo sur Internet, et les offres paléo apparaissent de plus en plus dans les menus des restaurants… ou même dans des restaurants entièrement à thème paléo. Mais qu’est-ce que le régime paléo, exactement ? Et est-ce bon pour le cœur ?

Le régime paléo nous encourage à manger comme nos ancêtres chasseurs et cueilleurs le faisaient il y a plus de 10 000 ans, avant l’essor de l’agriculture et des aliments transformés (1-4). Cela implique de manger beaucoup de poisson, de légumes, de fruits, de viande maigre, d’œufs et de noix. En revanche, les produits laitiers, les céréales, les aliments transformés, le café, l’alcool, le sucre et le sel sont interdits (1 ; 3 ; 5-8).

À première vue, le régime paléo semble assez sain — après tout, il a tendance à être plus faible sodium et en calories provenant des graisses transformées, et plus riche en protéines, en vitamines C et E et en fibres (1 ; 9-14). Cela a conduit de nombreux partisans du régime paléo à affirmer que ce régime est un bon moyen de lutter contre le plus grand tueur au monde — les maladies cardiaques (1 ; 15) — qui survient souvent lorsque nos vaisseaux sanguins se rétrécissent ou se bloquent, conduisant à des problèmes tels que la crise cardiaque et l’AVC (16). Un autre bon point pour le régime paléo : les maladies cardiaques sont plus faibles dans les populations tribales qui continuent à suivre le mode de vie des chasseurs-cueilleurs et à suivre un régime semblable à celui des populations paléolithiques (1 ; 17).

Donc, le régime paléo est un excellent moyen de garder notre cœur en santé, non ? Malheureusement, la réponse n’est pas si simple. Voyons où en sont les preuves.

Ce que la recherche nous apprend

Deux revues systématiques montrent que le régime paléo peut entraîner une perte de poids, une réduction du tour de taille et un abaissement de l’indice de masse corporelle (1 ; 3). Une de ces revues systématiques révèle également que le régime paléo peut avoir un impact sur d’autres facteurs de risque de maladie cardiaque en augmentant la concentration de certains lipides présents dans le sang comme le  « bon » cholestérol HDL, et en abaissant la pression artérielle, l’inflammation et la concertation d’autres les lipides comme les triglycérides, le cholestérol total et le « mauvais » cholestérol LDL. Cependant, ces derniers résultats ne tiennent plus lorsque les chercheurs suppriment certaines études de leurs calculs, ils sont donc jugés moins fiables et doivent être examinés plus attentivement (1). Il est également important de noter que les revues elles-mêmes étaient petites en ce qui concerne le nombre de participants inclus. En fin de compte, des recherches plus poussées de haute qualité sont nécessaires dans ce domaine pour fournir des conclusions définitives sur les avantages de ce régime sur les facteurs de risque de maladie cardiaque (1 ; 3).

Aucune des deux revues systématiques n’a accordé beaucoup d’attention aux inconvénients du régime paléo (1 ; 3), mais si vous songez à adopter ce régime, vous devez les considérer attentivement ! Par exemple, le régime paléo élimine les produits laitiers, ce qui peut avoir un impact sur votre taux de calcium, un élément clé pour la santé osseuse (1 ; 18). Si vous suivez le régime paléo, il est important de vous assurer que vous obtenez la quantité nécessaire de calcium par jour à partir d’autres sources alimentaires. Le régime paléo recommande également de n’obtenir qu’un tiers de vos calories quotidiennes à partir des glucides, ce qui en fait un régime « faible en glucides ». L’innocuité des régimes alimentaires qui limitent la consommation de glucides à ce degré est fortement débattue et doit être évaluée plus avant (1 ; 19).

Alors, le régime paléo peut-il être bénéfique pour notre santé cardiaque ? Dans l’ensemble, il existe des preuves prometteuses, mais elles sont loin d’être solides. Avant d’entreprendre des changements radicaux dans votre alimentation, parlez-en à votre prestataire de soins de santé ou à un nutritionniste certifié pour vous assurer que tous les changements que vous prévoyez d’apporter sont sans danger pour vous.


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Références

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  2. Konner M, Boyd Eaton S. Paleolithic nutrition: Twenty-five years later. Nutr Clin Pract. 2010; 25(6):594-602. doi: 10.1177/0884533610385702.
  3. de Menezes EVA, Sampaio HAC, Carioca AAF, et coll. Influence of Paleolithic diet on anthropometric markers in chronic diseases: Systematic review and meta-analysis. Nutr J. 2019; 18(1):41. doi: 10.1186/s12937-019-0457-z.
  4. Cordain L, Boyd Eaton S, Sebastian A, et coll. Origins and evolution of the Western diet: Health implications for the 21st century. Am J Clin Nutr. 2005; 81(2):341-354. doi: 10.1093/ajcn.81.2.341. 
  5. Jönsson T, Granfeldt Y, Ahrén B, et coll. Beneficial effects of a Paleolithic diet on cardiovascular risk factors in type 2 diabetes: A randomized cross-over pilot study. Cardiovasc Diabetol. 2009; 8:35. doi: 10.1186/1475-2840-8-35.  
  6. Eaton SB, Strassman BI, Nesse RM, et coll. Evolutionary health promotion. Prev Med. 2002; 34(2):109-118. doi: 10.1006/pmed.2001.0876.
  7. Cordain L, Miller JB, Eaton SB, et coll. Plant-animal subsistence ratios and macronutrient energy estimations in worldwide hunter-gatherer diets. Am J Clin Nutr. 2000; 71(3):682-692. doi: 10.1093/ajcn/71.3.682. 
  8. Cordain L, Eaton SB, Miller JB, et coll. The paradoxical nature of hunter-gatherer diets: Meat-based, yet non-atherogenic. Eur J Clin Nutr. 2002; 56:42-52. doi: 10.1038/sj.ejcn.1601353. 
  9. Hu FB, Rimm EB, Stampfer MJ, et coll. Prospective study of major dietary patterns and risk of coronary heart disease in men. Am J Clin Nutr. 2000; 72(4):912-921. doi: 10.1093/ajcn/72.4.912.
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  14. Jew S, AbuMweis SS, Jones PJ. Evolution of the human diet: Linking our ancestral diet to modern functional foods as a means of chronic disease prevention. J Med Food. 2009; 12(5):925-934. doi: 10.1038/sj.ejcn.1602790.
  15. Thom T, Haase N, Rosamond W, et coll. Heart disease and stroke statistics – 2006 update: A report from the American Heart Association Statistics Committee and Stroke Statistics Subcommittee. Circulation. 2006; 113(6):e85. 
  16. Mayo Clinic. Heart disease. [Internet] 2018. [consulté en novembre 2019]. Disponible en ligne en anglais : https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/heart-disease/symptoms-causes/syc-20353118
  17. Gurven MD, Trumble BC, Stieglitz J, et coll. Cardiovascular disease and type 2 diabetes in evolutionary perspective: A critical role for helminths? Evol Med Public Health. 2016; 1:338-357. doi: 10.1093/emph/eow028. 
  18. Tai V, Leung W, Grey A, et coll. Calcium intake and bone mineral density: Systematic review and meta-analysis. BMJ. 2015; 351:h4183.
  19. Anton SD, Hida A, Heekin K, et coll. Effects of popular diets without specific calorie targets on weight loss outcomes: Systematic review of findings from clinical trials. Nutrients. 2017; 9(8):E822. doi: 10.3390/nu9080822.

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