Le sélénium et le cancer: des alliés ou des ennemis?

Les messages clés

  • Des études antérieures ont suggéré que les suppléments de sélénium pouvaient aider à prévenir le cancer.
  • De récentes recherches montrent que le sélénium est peu susceptible de réduire le risque de cancer.
  • Prendre des suppléments de sélénium peut augmenter le risque de certains types de cancer et de diabète de type 2.

Le cancer est trop fréquent, près de la moitié des Canadiennes et Canadiens développeront un cancer au cours de leur vie. Une personne sur quatre en mourra (1). Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre nous cherchent des moyens d’en réduire les risques. Faites une recherche sur Internet, et vous serez inondé de conseils. Un conseil que vous êtes susceptible d’y trouver, c’est que les suppléments alimentaires, y compris les suppléments vitaminiques et minéraux, ont des propriétés anticancéreuses. Cela dit, il est important de démêler quels conseils sont réellement appuyés par les données probantes.

On vante le sélénium comme une arme utile contre le cancer (2). Cet élément chimique essentiel est abondant dans les aliments comme les fruits de mer, les abats, les céréales et les produits laitiers (3). En dépit de son importance pour la santé humaine, on rapporte que le sélénium est toxique quand on le prend à des doses élevées qui dépassent les quantités nécessaires pour rester en santé. En outre, on n’a pas défini de façon claire une marge sûre de consommation de sélénium (4 ; 5). De nombreux Canadiennes et Canadiens obtiennent les nutriments dont ils ont besoin à partir d’une alimentation saine et équilibrée, et le sélénium ne fait pas exception (3 ; 6). Malgré cela, deux tiers des femmes et la moitié des hommes de plus de 70 ans ajoutent à leur alimentation des suppléments nutritionnels comme des vitamines, des minéraux, des fibres, des antiacides et des huiles de poisson, espérant que cela leur procurera des effets bénéfiques (6).

Quand il s’agit du cancer, les suppléments de sélénium sont-ils utiles? Des études antérieures ont donné des résultats contradictoires alors que les études récentes suggèrent que ces suppléments font plus de mal que de bien (3).

 

Ce que la recherche nous apprend

Dans le passé, des études ont montré que la prise de sélénium sous forme de supplément était utile à la prévention du cancer. Cependant, une revue systématique plus récente suggère que cette conclusion pourrait être fausse. Cette revue a examiné un grand nombre de différents types de cancer — y compris ceux de la tête et du cou, de l’œsophage, du côlon et du rectum, du foie, de la peau, du poumon, du sein, de la vessie, de la prostate, et du sang — et n’a trouvé aucune preuve que les suppléments de sélénium réduisent le risque de cancer (2 ; 7). On a également associé les suppléments de sélénium à des effets secondaires tels que les maux de ventre (2). Qui plus est, certaines études ont montré que des suppléments de sélénium peuvent augmenter le risque de cancer de la prostate, de problèmes cutanés et de diabète de type 2 (2 ; 7). On n’a pas évalué les effets du sélénium chez les personnes avec certains bagages génétiques ou ayant différents régimes alimentaires, mais cela devrait faire l'objet de futures recherches (2).

Considérez-vous prendre du sélénium afin de réduire votre risque de cancer? Vous devriez y penser à deux fois avant de consommer ce supplément. Examinez les risques potentiels et soupesez le manque de données probantes concernant son efficacité.


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Références

  1. Comité consultatif de la Société canadienne du cancer : Statistiques canadiennes sur le cancer 2017. [Internet] 2017. [consulté en mai 2018]. Disponible en ligne : http://www.cancer.ca/Canadian-Cancer-Statistics-2017-FR.pdf  
  2. Vinceti M, Filippini T, Del Giovane C, et coll. Le sélénium pour la prévention du cancer. Cochran Database Syst Rev. 2018; 1:CD005195. doi: 1002/14651858.CD005195.pub4.
  3. National Institutes of Health. Selenium. [Internet] 2018. [consulté en mai 2018]. Disponible en ligne en anglais seulement : https://ods.od.nih.gov/factsheets/Selenium-HealthProfessional/
  4. Jablonska E, Vinceti M. Selenium and human health: Witnessing a Copernican revolution?. J Environ Sci Health C Environ Carcinog Ecotoxicol Rev. 2015; 33(3):328-368. doi: 10.1080/10590501.2015.1055163. 
  5. Vinceti M, Filippini T, Cilloni S, et coll. Health risk assessment of environmental selenium: Emerging evidence and challenges (Review). Mol Med Rep. 2017; 15:3323-3335. doi: 10.3892/mmr.2017.6377.
  6. Statistique Canada. Consommation de suppléments nutritifs, 2015. [Internet] 2017. [consulté en mai 2018]. Disponible en ligne : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-625-x/2017001/article/14831-fra.htm
  7. Cortés-Jofré M, Rueda JR, Asenjo-Lobos C, et coll. Médicaments pour prévenir le cancer du poumon chez les personnes en bonne santé. Cochrane Database Syst Rev. 2020; 3:CD002141. doi: 10.1002/14651858.CD002141.pub3.

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