Les livres de science-fiction en parlent depuis des décennies. Grâce à la robotique, on a créé des prothèses de bras, des outils d’assistance pour les chirurgies, des aides pour nettoyer la maison en notre absence, ainsi que des chiens robotiques. La suite logique, dans un contexte de vieillissement des populations, était de développer des robots pour aider les personnes âgées et leur prodiguer des soins, ou encore pour assister les aidants et professionnels de la santé. Depuis quelques années, des robots d’assistance sociale sont donc à l’essai.
En 2016, IBM a créé le prototype MERA (Multi-Purpose Eldercare Robot Assistant), basé sur le robot Pepper développé par SoftBank Robotics au Japon en 2014. MERA peut analyser des vidéos du visage d’une personne et mesurer des signes vitaux comme les fréquences cardiaque et respiratoire. Il peut également répondre aux questions de base en lien avec la santé, ainsi que déterminer si un individu a fait une chute (1, 2).
Des recherches se sont penchées au cours des dernières années sur les perceptions et expériences de personnes âgées entre 50 et 95 ans en lien avec les robots d’assistance sociale. D’ailleurs, une récente revue systématique a recensé 23 études sur le sujet. Quatre grands thèmes ont émergé de ces études : 1) les rôles des robots; 2) les interactions avec les personnes âgées; 3) l’apparence des robots; et 4) les enjeux éthiques (3).
Qu’est-ce que la recherche nous apprend?
La revue systématique révèle que les personnes âgées attribuent aux robots d’assistance sociale certains rôles tels qu’accomplir des tâches physiquement difficiles, leur rappeler de prendre leurs médicaments ou de se rendre à un rendez-vous, les distraire et leur tenir compagnie. Les robots sont aussi vus comme un dispositif de sécurité pour avertir les proches ou les professionnels de la santé en cas de chute ou de dégradation de l’état de santé.
Les perceptions quant aux interactions entre le robot et les personnes âgées dépendent des moyens de communiquer avec le robot. Si le robot reconnaît la voix humaine ou interagit par le biais d’un écran tactile, les perceptions semblent positives, et c’est encore mieux si le robot peut répondre de façon spontanée en utilisant une voix « humaine ». Par ailleurs, les personnes âgées sont unanimes quant au fait que le robot doit techniquement bien fonctionner, en tout temps, autrement ils seront méfiants quant à leur décision de l’utiliser.
L’opinion des personnes âgées quant à l’apparence du robot est mitigée. Plusieurs aiment les robots de style humanoïdes, d’autres préfèrent qu’ils ressemblent à des machines, et certains privilégient une apparence mixte. Plusieurs personnes âgées perçoivent les robots humanoïdes comme plus socialement acceptables, tandis que d’autres éprouvent un malaise à « exploiter » un robot qui ressemble à un humain, d’autres encore croient que les robots font mieux les choses que les humains et préfèrent un visage d’aspect artificiel. Toutefois, certaines personnes âgées préfèrent tout simplement un robot ayant une apparence du même sexe qu’eux. Les opinions sur une apparence mixte sont aussi variées : certaines personnes âgées préfèrent un mélange qui ne fait ni trop mécanique ni trop humain, d’autres sont effrayés par cette apparence hybride. Aussi, les interactions avec les robots sont teintées d’idées préconçues, comme le fait d’associer un visage féminin aux soins et un visage masculin à une prise de décision rationnelle. Par ailleurs, les études ont mentionné la présence d’un phénomène d’anthropomorphisme, c’est-à-dire que les participants attribuaient certaines caractéristiques morales, physiques ou psychologiques humaines aux robots.
En ce qui a trait aux considérations éthiques soulevées par ces études, la première soulevée par les personnes âgées concerne la crainte d’une société déshumanisée et d’une diminution des contacts humains. Également, malgré leur préférence pour un robot capable d’interagir comme une vraie personne, ils percevaient la relation avec un robot humanoïde comme une contrefaçon, une tromperie. Une deuxième considération éthique concerne la sécurité, qui était assimilée à une fonction de surveillance et une menace par rapport à leur autonomie et leur vie privée. Aussi, plusieurs personnes âgées considèrent le fait d’avoir besoin d’aide et d’utiliser un robot d’assistance comme négatif, un signe de fragilité et de vieillesse. Les participants se sont également questionnés sur les frais entourant l’achat et l’entretien des robots, et sur le fait que ces ressources devraient plutôt être investies dans du personnel humain.
Les progrès scientifiques et techniques en matière de robotique sont énormes. Les robots d’assistance sociale sont de plus en plus sophistiqués. Ils peuvent effectuer diverses tâches quotidiennes. Ils ont la capacité d’écouter, de parler, ainsi que de surveiller l’état de santé des personnes âgées vivant seules et avertir les secours. Les robots d’assistance sociale semblent être des compagnons utiles. Le futur est à nos portes, mais sommes-nous prêts?