Êtes-vous victime de maltraitance?

Les messages clés

  • L’abus et la négligence envers les aînés peut prendre différentes formes : physique, psychologique, sexuel, systémique, financier.
  • Les cas d’abus ne sont pas tous signalés et tendent à s’aggraver avec le temps.
  • Les obstacles à leur reconnaissance et à leur déclaration incluent la réticence de certains intervenants à les reconnaître, la réticence des aînées à dénoncer, un manque de protocoles pour les identifier, la peur de la responsabilité et le peu de ressources disponibles pour aider les victimes.

Intimidation. Négligence. Chantage affectif et manipulation. Vol. Bousculade et coups. Infantilisation. Menace. Agression. L’abus et la négligence se cachent sous différents visages.

Vous êtes un aîné? Vous vous sentez vulnérables dans certaines situations? Vous croyez être victime d’abus ou de négligence, mais vous avez peur des représailles ou vous ne savez pas quoi faire? Vous avez un parent âgé et vous vous inquiétez pour sa sécurité? Vous avez été témoin de gestes de maltraitance envers un aîné?

Vous n’êtes pas seul. Saviez-vous qu’au Canada, on estime qu’entre 4 et 10 % des personnes âgées de plus 65 ans vivent des situations d’abus et de négligence (1)? Selon l’OMS : « Il y a maltraitance quand un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée, se produit dans une relation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause du tort ou de la détresse chez une personne aînée » (2).

Une revue systématique de 62 études a été effectuée pour identifier des moyens de prévenir et combattre l’abus et la négligence envers les aînés au Canada, notamment dans les établissements de soins de santé. Ces études, menées entre les années 2000 et 2013, portaient spécifiquement sur l’identification, l’évaluation et la réponse aux cas d’abus (3).

Ce que la recherche nous apprend

Comment identifier les abus et la négligence?

La détérioration récente de l’état de santé, la maladie mentale, la consommation d’alcool ou de drogues, la déshydratation ou la malnutrition, une mauvaise hygiène, des ecchymoses au visage, aux bras ou sur le torse : voilà des indicateurs et facteurs de risque associés aux cas d’abus et de négligence. Parlez de votre situation à votre professionnel de la santé lors de votre prochain examen de routine : il pourra effectuer un dépistage, questionner, identifier et confirmer les cas potentiels d’abus.

Comment prévenir?

Plusieurs études suggèrent que les différents intervenants n’ont pas une bonne compréhension des lois et des ressources pour protéger les aînés. La mise en place de mesures pour accroître les connaissances en lien avec la maltraitance permettrait aux intervenants, notamment, de mieux identifier les cas potentiel d’abus, ainsi que de déterminer quels sont leurs devoirs et responsabilités.

Pour prévenir la maltraitance, les études indiquent que des stratégies pour soutenir les victimes âgées, comme des groupes de soutien et des activités communautaires organisées, permettent d’établir un lien de confiance avec différents intervenants, favorisent les échanges informels et rendent l’aide accessible en cas de besoin.

La revue systématique révèle également que les proches aidants sont souvent stressés et ne savent pas toujours comment répondre adéquatement aux besoins des aînés dont ils s’occupent. Une meilleure écoute de leurs besoins, ainsi que de la formation en lien avec la gestion du stress, l’accompagnement des aînés et les soins spécifiques à certaines problématiques de santé semblent atténuer les comportements d’abus psychologiques par les proches aidants.

Informer le public grâce au financement de campagnes médiatiques d’information et de sensibilisation semble être un moyen d’améliorer la situation en brisant le silence et en favorisant la dénonciation. Une telle sensibilisation peut également favoriser le changement d’attitudes et de comportements à l’égard de la maltraitance.

Enfin, la mise en place de processus clairs pour signaler les cas d’abus au sein des équipes d’intervenants constitue une bonne pratique, de même qu’une meilleure collaboration interdisciplinaire des différents intervenants.

Quelles politiques organisationnelles et systémiques sont requises?

Pour réduire l’incidence de la maltraitance envers les aînés, la revue systématique souligne l’importance de mettre en place des mesures pour améliorer les conditions de travail des intervenants, faire le suivi des cas d’abus dans les établissements prodiguant des soins et services aux aînés, créer des programmes de formation et de soutien, mais aussi développer et faire connaître les ressources offertes aux aînés et aux proches aidants.

Que vous soyez un aîné ou un proche aidant, des ressources existent pour vous aider à contrer la maltraitance. N’hésitez donc pas à demander de l’aide à un professionnel de la santé ou un intervenant social.


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Références

  1. Brennan S. Victimisation chez les Canadiens âgés. [Internet] 2012. Statistique Canada, Ottawa: Canada. [cité en septembre 2017]. Disponible à: http://www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/2012001/article/11627-fra.pdf
  2. Ministère de la Famille et des Aînés. Plan d'action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées, 2010-2015. [Internet] 2010. Gouvernement du Québec, Québec: Canada. [cité en septembre 2017]. Disponible à: https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/Documents/Plan-action-maltraitance-2010-2015.pdf
  3. Hirst SP, Penney T, McNeill S, Boscart VM, et al. Les lignes directrices sur les meilleures pratiques en matière de prévention de la maltraitance et de la négligence envers les personnes âgées. Canadian Journal on Aging. 2016; 35(2): 242-260.

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