La prise en charge de votre propre santé ne consiste pas uniquement à consulter le médecin quand vous êtes blessés ou malades. Il s’agit aussi d'une attitude proactive : passer un bilan de santé, participer à des programmes de dépistage capables de détecter certaines maladies dans leurs premiers stades et apprendre à prévenir ou à mieux prendre en charge les maladies chroniques. Ces actions peuvent aider à sauver des vies et à éviter des interventions médicales invasives (1 ; 2). Mais que se passe-t-il si vous ne connaissez pas ces programmes, si vous n’avez aucun moyen d’y accéder, si vous êtes incertains quant à leurs objectifs ou si vous ne comprenez pas ce que l'on vous a dit?
C’est le cas de beaucoup de gens, y compris ceux qui vivent dans des communautés mal desservies qui n'ont pas accès à ces programmes de santé essentiels en raison de leur localisation, de leur langue ou d’autres obstacles (3). Être sensible aux valeurs culturelles, aux croyances et aux préoccupations est fondamental pour aider à réduire les inégalités face à l'accès à l'information de santé et aux programmes de santé. Mais quelles actions concrètes pouvons-nous prendre?
Une revue systématique sur le dépistage du cancer a mesuré si l’adaptation sur le plan culturel de l’éducation en matière de santé aide à améliorer (4) les taux de dépistage du cancer. On a inclus les participants à des séances d’information sur le dépistage du cancer dirigées par des pairs et on leur a donné du matériel adapté sur le plan culturel (dépliants, brochures, vidéos, etc.), des rappels individualisés, des conseils et – dans certains cas – du matériel gratuit ou le remboursement des coûts liés au dépistage.
Ce que la recherche nous apprend
Une communication et une formation qui reflètent la langue et la culture d'un individu améliorent sa capacité et sa motivation à répondre aux programmes de promotion de la santé (4 ; 5). Du matériel adapté sur le plan culturel entraîne des taux de participation au dépistage du cancer plus élevés (4).
Nous nous sentons souvent plus confortables et plus réceptifs lorsque nous nous reconnaissons dans la personne qui donne des conseils, et la présente revue systématique révèle que les programmes ont particulièrement du succès lorsqu'ils sont dispensés par des « pairs prestataires » qui partagent la même origine ethnique ou des valeurs culturelles similaires (4 ; 5). Bon nombre des études incluses dans la revue révèlent que ces approches ciblées aident aussi à améliorer les connaissances des gens, leur sensibilisation et leurs attitudes en matière de dépistage, ce qui suggère qu’ils sont plus susceptibles de continuer à participer aux programmes à l’avenir.
Et ce n’est qu’un exemple. L'adaptation sur le plan culturel de l’éducation en matière de santé peut avoir des avantages au-delà de dépistage du cancer. Une deuxième revue systématique trouve que l’adaptation du point de vue culturel d’une formation visant à soutenir l’autogestion du diabète améliore les symptômes et aide les gens à mieux affronter la maladie (6). Enfin, une troisième revue systématique constate que des programmes/approches/stratégies de traitement adaptés du point de vue culturel peuvent accroître la satisfaction à l'égard des soins reçus et améliorer les résultats de santé des minorités ethniques souffrant d'une maladie chronique (7).
La traduction de l’information et son interprétation par les pairs permettent de s’assurer que les messages en matière de santé sont judicieusement compris... mais nous savons qu’il faut plus que cela. Mme Esha Ray Chaudhuri, une spécialiste des sciences sociales et membre du Conseil consultatif citoyen du Portail sur le vieillissement optimal de McMaster, fait remarquer que les messages ne sont utiles que si les gens « se sentent concernés par leurs valeurs » et sont en mesure de mettre les conseils en pratique. Par exemple, la traduction des documents peut aider les gens à comprendre l’importance du dépistage du cancer ou de l'amélioration de leur alimentation. Mais si ces recommandations diffèrent de leurs valeurs personnelles ou culturelles, ou s’ils sont tributaires d’un membre de la famille ou des transports en commun pour les emmener à leurs rendez-vous ou pour faire les courses, ils ne sont peut-être pas en mesure de réellement faire ces choses.
Mme Ray Chaudhuri prévient également que certaines approches pourraient avoir l'effet inverse « si elles se fondent sur une compréhension limitée d’une culture différente ». Selon elle, formuler des hypothèses sur les besoins et l’uniformité des communautés culturelles pourrait effectivement détourner les gens du message et faire obstacle à la réussite des programmes de santé.
Que pouvez-vous faire?
Une façon de vous assurer que l’éducation, les programmes et les services en matière de vieillissement en santé répondent à vos besoins est de vous engager : plaidez en faveur d’activités et d'approches qui fonctionnent pour vous! Mme Ray Chaudhuri encourage chacun d'entre nous à reconnaître et à partager ses besoins individuels et ses préférences, et ce, comme une personne « entière » – y compris la langue et les valeurs culturelles et personnelles. Il s'agit d'un moyen d’aider plus de gens à avoir accès aux recommandations visant à améliorer leur santé et à y donner suite. Exprimez-vous lors des rendez-vous avec vos professionnels de soins de santé et contactez votre centre de santé local pour savoir comment vous pouvez vous engager dans leurs activités.
Les valeurs et les attitudes culturelles sont au cœur de la façon dont les gens considèrent leur propre santé et leur bien-être. Intégrer ces valeurs dans les stratégies de communication et de promotion de la santé peut aider à faire en sorte que personne ne « soit laissé pour compte » quand il s’agit de prévention ou de gestion de maladies graves.