La perte sensorielle a été associée au déclin cognitif. De nombreuses études montrent que les personnes ayant une perte auditive et/ou visuelle présentent un risque accru de développer des troubles cognitifs, y compris la démence (bien que toutes les personnes atteintes de perte sensorielle ne développent pas une démence) (1-3). On ne connaît pas encore précisément les mécanismes qui relient la perte sensorielle aux fonctions cognitives, mais plusieurs pistes explicatives sont proposées. Prendre des mesures préventives pour protéger sa santé sensorielle et intervenir dès l’apparition de problèmes sensoriels sont des stratégies clés pour préserver ses capacités cognitives et réduire le risque de démence.
Ce que nous dit la recherche
Une étude marquante menée aux États-Unis en 2013 a révélé que les personnes âgées ayant une perte auditive présentaient un risque de déclin cognitif accru de 24 % par rapport à celles ayant une audition normale (1). Depuis, de nombreuses autres recherches ont confirmé ce lien entre perte auditive et déclin cognitif (2). La perte de vision constitue également un facteur de risque (3). En effet, la perte de vision non traitée figure maintenant parmi les facteurs de risque potentiellement modifiables de la démence (4). Au Canada, des études ont démontré que la combinaison de pertes auditives et visuelles (perte sensorielle double) est liée à une diminution des performances cognitives chez les personnes âgées (5).
Selon une revue de littérature récente publiée en 2024, 9 % des cas de démence pourraient être évités si les pertes auditives (7 %) et visuelles (2 %) étaient éliminées (4). Une liste complète des facteurs de risque modifiables est disponible ici (6).
Trois explications possibles aux liens entre fonctions sensorielles et cognitives
- Facteurs de santé communs : certaines affections de santé, comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète, peuvent affecter à la fois les capacités sensorielles et la santé du cerveau (7).
- Réduction des activités physiques et sociales : rester actif est bénéfique pour le cerveau, mais les limitations sensorielles rendent souvent cette activité plus difficile. Les personnes vivant avec une perte sensorielle sont souvent moins actives physiquement (8,9) et socialement (10). Cette réduction des interactions physiques et sociales est associée à un risque accru de déclin cognitif et de démence (11 ; 12).
- Effort cognitif accru : une mauvaise audition ou vision rend la compréhension et la mémorisation plus difficiles. Avec le temps, cela pourrait modifier la structure et le fonctionnement du cerveau (7). Le cerveau doit travailler plus fort, ce qui peut compliquer l’exécution de tâches doubles (par exemple, écouter la radio en conduisant ou parler à un ami en traversant la rue) (13).
Recommandations
- Protégez vos sens : utilisez des moyens de protection pour éviter d’endommager vos yeux et vos oreilles.
- Faites vérifier vos capacités sensorielles : des tests en ligne gratuits de dépistage de l’audition et de la vision peuvent aider à détecter les premiers signes de perte sensorielle, dès l’âge de 50 ans.
- Consultez rapidement en cas de problème : il est important de consulter dès l’apparition de symptômes sensoriels, afin d’obtenir du soutien et de l’information sur les moyens de s’adapter.
- Restez actif grâce à vos sens : bien entendre et bien voir facilite la participation à des activités physiques et sociales régulières (ex. : avoir des conversations enrichissantes ou pratiquer un sport avec des amis), ce qui est bénéfique pour la santé du cerveau (14-16).


