Toutefois, les personnes âgées peuvent faire face à des défis particuliers lorsqu’elles traversent un deuil. Le décès d’un conjoint, d’un frère ou d’une sœur, d’un ami de longue date ou même d’un enfant peut engendrer un deuil. Celui-ci peut nuire au bien-être et aggraver certaines vulnérabilités déjà présentes chez les aînés, comme l’isolement social, les problèmes de santé ou la mobilité réduite.1
Bien que la pandémie de COVID-19 ait contribué à sensibiliser davantage la population au deuil à l’échelle de la société, celui-ci demeure une réalité constante, mais souvent peu soutenue, dans la vie des personnes âgées. 1,2 Les systèmes de santé et de services sociaux doivent intégrer l’accompagnement du deuil comme un élément essentiel des soins offerts aux aînés. Comprendre ce qui fonctionne et cerner les lacunes actuelles peut nous aider à faire en sorte que les aînés ne traversent pas leur deuil dans la solitude.
Ce que la recherche nous apprend
Une synthèse des données probantes a évalué les interventions de soutien au deuil mises en place à la suite d’événements de pertes massives, comme des catastrophes naturelles ou des crises d’origine humaine. Elle a révélé que les interventions efficaces à l’échelle des systèmes étaient généralement celles qui combinaient un soutien coordonné à l’implication de professionnels formés œuvrant au sein des communautés. 1 Les programmes comprenaient souvent les éléments suivants :
- Une approche proactive visant à repérer les personnes susceptibles d’avoir besoin de soutien, plutôt que d’attendre qu’elles en fassent elles-mêmes la demande
- Des groupes de soutien et des séances de psychoéducation pour aider les personnes à mieux comprendre leur deuil et à développer collectivement des stratégies d’adaptation
- Le recours aux réseaux sociaux existants, comme les centres communautaires ou les organisations religieuses, pour offrir un soutien dans des lieux familiers et dignes de confiance
- La formation des intervenants afin qu’ils acquièrent des compétences propres aux situations de crise et soient en mesure de reconnaître les signes de deuil prolongé ou complexe
- Des mécanismes clairs d’orientation vers des services de santé mentale spécialisés, au besoin
- Une coordination centrale des services pour s’assurer que les intervenants locaux soient bien intégrés à un réseau plus large de soins
Bien que ces études portent sur des événements de deuil collectif, les principes clés et les leçons qui en ressortent peuvent servir de guide pour renforcer le soutien au deuil dans tous les contextes.
Une autre synthèse des données probantes, réalisée à l’aide d’une méthode simplifiée pour obtenir plus rapidement des résultats, a révélé que les événements de deuil collectif, comme les pandémies, peuvent s’ajouter à des deuils préexistants, entraînant un cumul de deuils 2. Ce type de situation, caractérisée par des deuils vécus à plusieurs niveaux simultanément, peut accentuer l’incertitude, intensifier les bouleversements sociaux et aggraver les effets négatifs liés au deuil.
Ces recherches soulignent encore davantage l’importance de mettre en place des réseaux de soutien solides pour accompagner le deuil. Ainsi, lorsque des événements de deuil collectif viennent compliquer des deuils déjà présents chez les personnes âgées, des structures adaptées sont déjà en place pour répondre à leurs besoins.
Ce que les aînés peuvent faire
Bien que le deuil soit une expérience difficile, il existe des moyens concrets pour les aînés de mieux y faire face et de favoriser leur bien-être émotionnel. Voici quelques actions qu’elles peuvent envisager :
- Demander du soutien : Il est important de ne pas rester seul. Parler avec un proche, un professionnel de la santé, un intervenant communautaire ou un groupe de soutien peut faire une réelle différence.
- Participer à des groupes de soutien : Ces groupes permettent de partager son expérience avec d’autres personnes vivant un deuil semblable, tout en développant des stratégies d’adaptation.
- Maintenir des liens sociaux : Même si le deuil peut donner envie de se replier sur soi, rester en contact avec les autres (famille, amis, voisins, organismes communautaires) peut aider à briser l’isolement.
- Prendre soin de sa santé physique et mentale : Il est essentiel d’adopter une alimentation équilibrée, de rester actif physiquement et de consulter un professionnel si des changements marqués affectent le sommeil, l’appétit ou l’humeur.
- Reconnaître ses émotions : Le deuil peut s’accompagner d’une gamme d’émotions (tristesse, colère, culpabilité, soulagement…). Il est normal de les ressentir, et il peut être utile d’en parler.
- Utiliser des ressources locales : Les centres communautaires, les CLSC, les organismes religieux ou les associations pour aînés peuvent offrir du soutien adapté.
- Demander de l’aide professionnelle au besoin : Si le deuil devient envahissant ou persiste de manière intense (ce qu’on appelle parfois un deuil compliqué), un soutien en santé mentale peut être indiqué.
Vivre un deuil peut être accablant à tout âge, mais avec des systèmes de soutien adéquats et une ouverture à accepter et à demander de l’aide, les aînés n’ont pas à traverser cette épreuve seuls.