Dans le monde, plus d’un milliard d’adultes âgés de 30 à 79 ans souffrent d’hypertension artérielle, une affection qui entraîne plus de 10 millions de décès chaque année (1 ; 2). En raison de l’absence fréquente de symptômes, l’hypertension a été surnommée le « tueur silencieux », car de nombreux malades ne sont ni diagnostiqués ni traités (1 ; 3). Pour ceux et celles qui reçoivent un diagnostic, les plans de traitement élaborés par un professionnel de la santé peuvent inclure des changements de mode de vie et l’utilisation de médicaments pour atteindre une tension artérielle cible ou souhaitée (1 ; 3).
Qu’il s’agisse de marcher un certain nombre de pas par jour ou de lire un certain nombre de livres par an, la fixation d’objectifs est toujours un élément important de tout plan. Cependant, pour les personnes âgées souffrant d’hypertension artérielle, il n’est pas toujours facile de déterminer la meilleure cible ou le meilleur objectif en matière de pression artérielle. Cela se traduit par des recommandations variées sur ce que devrait être ce chiffre, certaines approches étant plus agressives et d’autres plus modérées (3-5).
Pour mieux comprendre, nous allons décomposer cette notion. Une tension artérielle normale est inférieure à 120/80 mmHg (millimètres de mercure), tandis qu’une tension artérielle élevée est égale ou supérieure à 130/80 mmHg. Le chiffre du haut représente la pression systolique et celui du bas la pression diastolique (6). Les approches plus agressives visent des objectifs de tension artérielle plus bas, comme une tension artérielle systolique inférieure à 140 mmHg, tandis que les approches plus modérées permettent des objectifs de tension artérielle plus hauts, comme une tension artérielle systolique inférieure à 150 ou 160 mmHg (3).
Quelle est donc l’approche la plus efficace chez les personnes âgées (de 65 ans et plus) souffrant d’hypertension artérielle ? Faut-il privilégier l’hypertension ou l’hypotension ? Une revue systématique actualisée permet de faire le point sur les données existantes (3).
Ce que la recherche nous apprend
L’étude présente plusieurs conclusions importantes.
Tout d’abord, en comparaison des objectifs de pression artérielle plus élevés, des données de haute certitude montrent que viser des objectifs de pression artérielle plus bas ou plus agressifs diminue le risque de subir un AVC chez les adultes plus âgés souffrant d’hypertension artérielle. Deuxièmement, des preuves de certitude modérée démontrent que cette approche plus agressive est également susceptible de réduire le risque de souffrir de problèmes cardiaques dangereux tels que les crises cardiaques. Toutefois, les données indiquent également que des objectifs de pression plus bas pourraient n’avoir pratiquement aucun impact (voire aucun impact) sur le risque de décès, quelle qu’en soit la cause. Cela dit, cette conclusion est incertaine, ce qui signifie qu’elle peut changer au fur et à mesure que les recherches se poursuivent. De même, nous ne sommes pas actuellement en mesure de nous prononcer sur les effets de cibles de pression artérielle plus élevées ou plus basses pour certaines personnes âgées, comme celles qui sont fragilisées ou qui ont 80 ans et plus.
L’innocuité est également une priorité ! Après tout, les médicaments, même ceux que l’on prend pour atteindre les objectifs de pression artérielle, peuvent avoir des effets secondaires. Nous constatons ici qu’il est nécessaire de clarifier davantage les risques de conséquences mineures et graves. En fin de compte, ces lacunes dans la compréhension offrent des possibilités de recherche et d’étude pour l’avenir (3).
Quelles sont les étapes suivantes ? La première étape consiste à déterminer s’il y a un problème en faisant mesurer votre tension artérielle par un professionnel de la santé. Si on détecte un problème, discutez de vos options de traitement et voyez si votre cas peut bénéficier d’une approche plus agressive ou plus modérée. N’oubliez pas que de nombreux facteurs, dont votre âge et d’autres pathologies devront être pris en considération.