Les troubles intestinaux ne sont pas une partie de plaisir. En fait, ils peuvent empêcher de profiter de plaisirs simples comme une promenade matinale, un bon repas ou une réunion sociale, et dans certains cas, ils sont carrément débilitants. Les douleurs d’estomac, les gaz inconfortables, les crampes et les ballonnements, la difficulté à se rendre aux toilettes à temps en raison de la diarrhée ou la difficulté à évacuer les selles en raison de la constipation ne sont que quelques-uns des symptômes auxquels sont confrontées les personnes souffrant de troubles intestinaux (1-4). Il peut sembler difficile de parler de ces symptômes, mais il est important de le faire, car leur influence sur la qualité de vie est réelle (4).
Bien qu’il existe une grande variété de problèmes intestinaux plus ou moins graves, vous constaterez peut-être que le syndrome de l’intestin irritable (SII), également appelé syndrome du côlon irritable, est l’un de ceux qui reviennent le plus souvent dans les conversations. Le SII est un trouble intestinal qui se traduit par des épisodes récurrents des symptômes mentionnés précédemment (1;4). Il toucherait entre 10 et 20 % des adultes vivant dans les pays occidentaux et environ 11 % de la population mondiale (1;4). Le Canada présente des taux particulièrement élevés, puisqu’on estime que 18 % de la population est touchée (1).
Malheureusement, il n’existe actuellement aucun traitement curatif du syndrome de l’intestin irritable. Toutefois, il existe des traitements qui tentent d’aider à contrôler les symptômes. Il s’agit notamment de médicaments et de modifications du mode de vie, telles que des changements dans les habitudes d’exercice et le régime alimentaire (4).
Dans le cas du syndrome de l’intestin irritable, les interventions diététiques peuvent inclure des régimes d’élimination ou d’exclusion (2;3;5). Ces régimes consistent à supprimer temporairement certains aliments de son alimentation, puis à les réintroduire lentement afin de déterminer quels sont les aliments qui déclenchent les symptômes. Ensuite, un régime adapté, pauvre en aliments déclencheurs, est mis au point (3;5). Les régimes pauvres en FODMAP (acronyme anglais pour oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles) sont des régimes d’élimination courants pour le syndrome de l’intestin irritable (1;2;5). Ils consistent à limiter la consommation de glucides déterminés présents dans des aliments tels que l’oignon, l’ail, le seigle, le sirop de maïs, le pamplemousse, les haricots (et bien d’autres encore), car ils ne sont pas correctement absorbés par l’intestin (1-3). Mais ces régimes sont-ils efficaces ? Pour le savoir, nous nous appuyons sur une revue systématique (2).
Ce que la recherche nous apprend
Cette étude montre que les régimes pauvres en FODMAP peuvent améliorer les symptômes chez les adultes souffrant du syndrome de l’intestin irritable par rapport à d’autres régimes. Ces régimes de comparaison consistaient à (2) :
- suivre les recommandations diététiques de la British Dietetic Association et du National Institute for Health and Care Excellence du Royaume-Uni, qui recommandent de s’hydrater suffisamment, de réduire la consommation de boissons telles que l’alcool, le café, le thé et les boissons gazeuses, de contrôler la consommation de fruits et de veiller à manger régulièrement, mais en faisant de petits repas,
- suivre tout simplement le régime alimentaire habituel,
- recevoir des simulacres de conseils diététiques,
- recevoir des conseils diététiques non conventionnels, et
- consommer un régime riche en FODMAP.
Ces résultats positifs sont similaires à ceux trouvés dans une revue systématique précédente publiée en 2018 (3). Malheureusement, comme nous l’avons vu à l’époque, la qualité des preuves à l’appui des régimes à faible teneur en FODMAP pour le SII reste très faible. Cela signifie qu’au fur et à mesure que les recherches se poursuivent et que de nouvelles études voient le jour, les résultats observés jusqu’à présent pourraient changer (2;3).
Malgré cette incertitude, les régimes pauvres en FODMAP sont actuellement une option que l’équipe soignante peut suggérer aux personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable ou sur laquelle elles peuvent se renseigner elles-mêmes. Il est important de rappeler qu’en raison de la nature restrictive de ces régimes, personne ne devrait jamais les adopter de son propre chef. La décision doit être prise conjointement avec l’équipe soignante, afin qu’une évaluation adéquate et individualisée des avantages et des risques puisse avoir lieu et qu’un plan permettant d’adopter le régime en toute sécurité puisse être élaboré.