Prévention des crises cardiaques : l’aspirine est-elle un choix sûr ?

Les messages clés

  • De nombreux professionnels de la santé recommandent l’aspirine pour prévenir les crises cardiaques, mais la question de savoir si elle devrait être administrée à des adultes en bonne santé sans antécédents de maladie cardiaque a fait l’objet de vifs débats.
  • Bien que l’aspirine puisse réduire légèrement le risque de crise cardiaque chez les personnes sans maladie cardiaque, elle ne réduit pas le risque de décès ou d’AVC.
  • L’aspirine peut augmenter le risque de saignement majeur, y compris de saignement au cerveau ou au crâne.
  • Vous envisagez de prendre de l’aspirine pour la santé de votre cœur ou vous l’utilisez déjà ? Discutez avec votre prestataire de soins de santé des risques et des avantages potentiels. 

Vous avez probablement entendu dire que la prise d’une dose quotidienne d’aspirine peut réduire votre risque de crise cardiaque (1-7). Comme environ 20 % des personnes âgées prennent de l’aspirine comme stratégie préventive (8 ; 9), il n’y a pas de doute que ce médicament est couramment prescrit. Mais ses avantages dépassent-ils ses risques ? Cela a fait l’objet d’une controverse (8), surtout en ce qui concerne les adultes en bonne santé.

Pourquoi prescrire de l’aspirine pour prévenir les crises cardiaques ? L’aspirine (ou acide acétylsalicylique) prévient la formation de caillots sanguins (1). La coagulation du sang se produit lorsque des cellules appelées plaquettes se regroupent et scellent une plaie qui saigne. Étant donné que les caillots sanguins qui bloquent la circulation du sang vers le cœur peuvent entraîner une crise cardiaque, l’arrêt de ce processus réduit le risque de crise cardiaque.

Alors, quel est le piège ? Puisque la prise d’aspirine peut rendre difficile la formation de caillots sanguins, elle augmente par conséquent le risque de saignement interne (1 ; 2 ; 8 ; 10).

Alors, l’aspirine est-elle un choix sûr pour la prévention des crises cardiaques lorsque les avantages et les risques sont considérés ensemble ? Cela donne lieu à un débat. Certaines recommandations la préconisent aux personnes présentant un risque accru de crise cardiaque (8 ; 11 ; 12), tandis que d’autres ne la conseillent pas du tout (8 ; 13). Et bien que des recherches soutiennent son utilisation chez les personnes ayant des antécédents de crise cardiaque ou d’AVC (8 ; 11 ; 12), les preuves à l’appui de son utilisation chez l’adulte en bonne santé sont moins claires (8 ; 14 ; 15).

Étant donné les données et les directives contradictoires, une revue systématique récente a examiné de plus près les avantages et les risques de l’utilisation de l’aspirine chez les adultes sans antécédents de maladie cardiaque, y compris des conséquences telles que les AVC, les crises cardiaques, les caillots dans les jambes, etc. (8).

Alors, qu’est-ce que cette revue systématique a trouvé ?

Ce que la recherche nous apprend

Les résultats montrent que la prise d’aspirine ne réduit pas le risque de décès, quelle que soit la cause, chez les adultes sans antécédents de maladie cardiaque, par rapport à ceux prenant un placebo ou rien du tout. Ces résultats restent vrais, même en tenant compte du risque d’événements cardiovasculaires majeurs, du fait que les gens soient diabétiques ou non, et de la dose d’aspirine (dans la plupart des cas, les patients prennent de 75 mg à 100 mg par jour). De plus, l’aspirine ne réduit pas le risque de décès par complications cardiaques ou le risque d’AVC.

En ce qui concerne les crises cardiaques, les résultats varient selon les études ; mais même dans le meilleur des cas, les crises cardiaques sont légèrement moins fréquentes chez les adultes prenant de l’aspirine — environ 3 personnes de moins sur 1 000 ayant une crise cardiaque. Cela étant dit, lorsque les anciennes études sont retirées de l’analyse et que seules les plus récentes sont considérées, on n’observe aucune réduction des crises cardiaques chez ceux prenant de l’aspirine. En matière d’effets secondaires négatifs, ceux qui prennent de l’aspirine sont plus susceptibles d’avoir des saignements majeurs, notamment des saignements dans le cerveau ou le crâne.

Ainsi, chez les personnes sans antécédents de maladie cardiaque, l’aspirine peut faire plus de mal que de bien. Toutefois, avant de jeter votre bouteille d’aspirine, assurez-vous de parler à votre prestataire de soins de santé des risques et des avantages potentiels pour vous, en tant qu’individu (8).

Les gens doivent également se rappeler que les conclusions discutées ici ne concernent que les adultes qui n’ont pas d’antécédents de maladie cardiaque, et qu'elles ne s’appliquent pas à ceux qui ont des antécédents de maladie cardiaque ou d’AVC.

Ressources en vedette


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Références

  1. Mayo Clinic. Daily aspirin therapy: Understand the benefits and risks. [Internet] 2019. [consulté en juin 2019].
  2. McNeil JJ, Wolfe R, Woods RL, et coll. Effect of aspirin on cardiovascular events and bleeding in the healthy elderly. N Engl J Med. 2018; 379:1509-1518. doi: 10.1056/NEJMoa1805819. 
  3. Hennekens CH, Dyken ML, Fuster V. Aspirin as a therapeutic agent in cardiovascular disease: A statement for healthcare professionals from the American Heart Association. Circulation. 1997; 96(8):2751-27533. 
  4. Ajani UA, Ford ES, Greenland KJ, et coll. Aspirin use among U.S. adults: Behavioral risk factor surveillance system. Am J Prev Med. 2006; 30(1):74-77. 
  5. Ittaman SV, VanWormer JJ, Rezkalla SH. The role of aspirin in the prevention of cardiovascular disease. Clin Med Res. 2014; 12(3-4): 147-154. doi: 10.3121/cmr.2013.1197.
  6. Duffy D, Kelly E, Trang A, et coll. Aspirin for cardioprotection and strategies to improve patient adherence. Postgrad Med. 2014; 126(1):18-28. doi: 10.3810/pgm.2014.01.2721.
  7. Gu Q, Dillon CF, Eberhardt MS, et coll. Preventive aspirin and other antiplatelet medication use among U.S. adults aged ≥40 years: Data from the National Health and Nutrition Examination Survey, 2011–2012. Public Health Rep. 2015; 130(6): 643-654. 
  8. Mahmoud AN, Gad MM, Elgendy AY, et coll. In people who do not have cardiovascular disease, aspirin does not reduce risk for death but does increase major bleeding. Eur Heart J. 2019; 60:607-617. doi: 10.1093/eurheartj/ehy813. 
  9. Stuntz M, Bernstein B. Recent trends in the prevalence of low-dose aspirin use for primary and secondary prevention of cardiovascular disease in the United States, 2012-2015. Prev Med Rep. 2017; 5:183-186. doi: 10.1016/j.pmedr.2016.12.023.
  10. Raju N, Sobieraj-Teague M, Hirsh J, et coll. Effect of aspirin on mortality in the primary prevention of cardiovascular disease. Am J Med. 2011; 124(7):621-629. doi: 10.1016/j.amjmed.2011.01.018.
  11. Bibbins-Domingo K; U.S. Preventive Services Task Force. Aspirin use for the primary prevention of cardiovascular disease and colorectal cancer: U.S. Preventive Services Task Force recommendation statement. Ann Intern Med. 2016; 164(12): 836-845. doi: 10.7326/M16-0577.
  12. Fox CS, Golden SH, Anderson C, et coll. Update on prevention of cardiovascular disease in adults with type 2 diabetes mellitus in light of recent evidence: A scientific statement from the American Heart Association and the American Diabetes Association. Circulation. 2015; 132(8):691-718. doi: 10.1161/CIR.0000000000000230.
  13. Piepoli MF, Hoes AW, Agewall S, et coll. 2016 European Guidelines on cardiovascular disease prevention in clinical practice: The Sixth Joint Task Force of the European Society of Cardiology and Other Societies on Cardiovascular Disease Prevention in Clinical Practice (constituted by representatives of 10 societies and by invited experts), Developed with the special contribution of the European Association for Cardiovascular Prevention & Rehabilitation (EACPR). Eur Heart J. 2016; 37(29): 2315-2381. doi: 10.1093/eurheartj/ehw106.
  14. Cleland JG. Is aspirin « the weakest link » in cardiovascular prophylaxis? The surprising lack of evidence supporting the use of aspirin for cardiovascular disease. Prog Cardiovasc Dis. 2002; 44(4):275-292. 
  15. Cleland JGF. Physicians Addicted to Prescribing Aspirin-a Disorder of Cardiologists (PAPA-DOC) syndrome: The headache of nonevidence-based medicine for ischemic heart disease? JACC Heart Fail. 2018; 6(2):168-171. doi: 10.1016/j.jchf.2017.11.014.

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