Prévoyez-vous subir une opération ? Renoncez à l’alcool.

Les messages clés

  • Vous vous engagez dans une « consommation à risque » si vous consommez 3 verres ou plus par jour, ou 21 verres par semaine, avant de subir une intervention chirurgicale.
  • Des approches intensives visant à aider les personnes à cesser de boire avant une opération chirurgicale peuvent réduire les complications et la consommation d’alcool après l’opération.
  • Les personnes qui bénéficient de ces programmes intensifs sont également plus susceptibles de réussir à arrêter de boire avant la fin du programme. 

S’il est temps de s’abstenir de boire de l’alcool, c’est bien avant de passer « sous le bistouri ». Mais pourquoi l’abstention est-elle si importante avant une intervention chirurgicale ? Tout se résume à la façon dont se passera la période postopératoire.

Dans le monde entier, le nombre de personnes qui boivent de l’alcool diminue. Cependant, parmi les gens qui choisissent d’en consommer, la quantité ingérée par personne est à la hausse (1). La consommation excessive d’alcool est associée à toutes sortes de problèmes de santé, y compris les maladies du foie, des dommages au pancréas, des problèmes neurologiques (2 à 4), le cancer et le VIH/sida (1). Ces problèmes de santé, ainsi que d’autres maladies infectieuses et chroniques, les blessures intentionnelles (attribuables au suicide ou à la violence) et les blessures non intentionnelles (conséquences de chutes, d’accidents de la route, de noyades, etc.) contribuent à la mort de 3 millions de personnes chaque année dans le monde. (3 ; 5).

L’alcool n’est pas seulement une préoccupation pour la santé à long terme. Les personnes qui boivent plusieurs boissons alcooliques par jour sont également plus à risque de complications après l’intervention chirurgicale (3), telles que des infections, des saignements ou des problèmes cardiaques et pulmonaires (3 ; 6). C’est particulièrement vrai pour les personnes qui se livrent à une « consommation à risque », ce qui équivaut à 3 consommations standard par jour ou à 21 consommations par semaine (3). Une boisson standard est une bouteille de bière de 340 ml, un verre d’alcool fort de 45 ml ou un verre de vin de 140 ml (7).

Pourquoi l’alcool et une opération chirurgicale forment-ils une si mauvaise combinaison ? En fait, la consommation d’alcool peut réduire les fonctions du système cardiaque (3 ; 8) et du système immunitaire, prolonger le temps de saignement et augmenter la réponse du corps au stress (3 ; 9). Tous sont des facteurs de risque de développer des complications après une intervention chirurgicale (3).

Ce que la recherche nous apprend

Une revue systématique récente a examiné l’effet des approches intensives (y compris l’éducation des patients, le traitement du sevrage, les médicaments pour prévenir la rechute) visant à aider les « buveurs à risque » sur le point de subir une intervention chirurgicale à cesser de boire avant l’opération. Ces interventions chirurgicales étaient soit programmées à l’avance pour des problèmes médicaux non urgents (par exemple, une prothèse de hanche), soit pour des problèmes de santé urgents nécessitant des soins relativement rapides (par exemple, des blessures graves à la cheville). Pour les interventions chirurgicales planifiées, les programmes intensifs ont eu lieu dans les semaines précédant l’opération, tandis qu’en cas d’urgence, les programmes ont eu lieu juste avant ou après l’opération.

La revue systématique révèle que les approches intensives sur une période de 4 à 8 semaines peuvent réduire les complications postopératoires, telles que la nécessité d’une deuxième intervention chirurgicale, les problèmes liés à la plaie ou au cœur et aux poumons. Il s’avère également que ces programmes intensifs peuvent augmenter le nombre de personnes qui réussissent à cesser de boire avant la fin du programme, tout en réduisant potentiellement la quantité d’alcool consommée par ceux qui continuent à boire après l’intervention chirurgicale. Malheureusement, il n’y a pas assez d’informations pour déterminer l’impact de ces approches intensives sur la durée des séjours à l’hôpital ou le risque de décès par complications à la suite d’une intervention chirurgicale. Malgré les résultats prometteurs, il est nécessaire de mener davantage de recherches de haute qualité sur ce sujet. Les recherches futures devraient inclure un plus grand nombre de participants, être conduites dans différents contextes (par exemple, d’autres pays) et évaluer des stratégies autres que les approches intensives (3).

En fin de compte, moins vous buvez d’alcool avant l’opération, mieux ce sera. Éliminer l’alcool peut vous aider à maximiser vos chances d’une guérison rapide et sans complications.

Souhaitez-vous découvrir d’autres moyens de réduire le risque de complications postopératoires ? Consultez Une intervention chirurgicale prévue pour bientôt ? L’abandon du tabagisme réduit le risque de complications .

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Références

  1. Organisation mondiale de la santé. Global status report on alcohol and health 2018. Geneva (CH): World Health Organization; 2018. 472 p. Disponible en ligne en anglais :  https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/274603/9789241565639-eng.pdf?ua=1  
  2. Mayo Clinic. Alcohol use disorder. [Internet] 2018. [consulté en février 2019]. Disponible en ligne en anglais : https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/alcohol-use-disorder/symptoms-causes/syc-20369243 
  3. Engholm JW, Pedersen B, Møller AM, et coll. Perioperative alcohol cessation intervention for postoperative complications. Cochrane Database Syst Rev. 2018; (11):CD008343. doi: 10.1002/14651858.CD008343.pub3. 
  4. Spies C, Tønnesen H, Andreasson S, et al. Perioperative morbidity and mortality in chronic alcoholic patients. Alcohol Clin Exp Res. 2001; 25(5):164–170.
  5. Organisation mondiale de la santé. Global status report on alcohol and health 2014. Geneva (CH): World Health Organization; 2014. 392 p. Disponible en ligne : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/112736/9789240692763_eng.pdf?sequence=1 
  6. Tønnesen H. Alcohol abuse and postoperative morbidity. Dan Med Bull. 2003; 50(2):139–160.
  7. Butt P, Beirness D, Gliksman L, et coll. L’alcool et la santé au Canada : Résumé des données probantes et directives de consommation à faible risque. [Internet] 2011. [consulté en février 2019]. Disponible en ligne : https://www.ccsa.ca/fr/lalcool-et-la-sante-au-canada-resume-des-donnees-probantes-et-directives-de-consommation-faible 
  8. Tønnesen H, Petersen KR, Højgaard L, et coll. Postoperative morbidity among symptom-free alcohol misusers. Lancet. 1992; 340(8815):334-337. 
  9. Tønnesen H, Kehlet H. Preoperative alcoholism and postoperative morbidity. Br J Surg. 1999; 86(7):869–874. 

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

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