Vous étiez en train d’arroser vos plantes ou de récupérer le journal sur le seuil de la porte quand soudainement vous vous retrouvez étendu par terre. Cette tournure inattendue des événements peut vous laisser plus que de simples bleus. Une chute peut aussi avoir des effets psychologiques durables, se manifestant par une peur de tomber de nouveau.
Pour les Canadiens et les Canadiennes âgés, les chutes demeurent la principale cause d’hospitalisations liées aux blessures.(1) La peur de tomber n’est donc pas sans fondement. Au Canada, 34% des personnes âgées se disent préoccupées par les chutes,(2) et cette crainte est plus fréquente chez les personnes qui sont récemment tombées au sol.(3)
La peur de tomber peut amener les gens à éviter de prendre des risques — les personnes âgées sortiront moins souvent et participeront à moins d’activités,(3) ce qui entraîne une perte d’interactions sociales et une moins bonne qualité de vie.(4 ; 5) La peur de tomber peut aussi entraîner un mauvais équilibre (5) et peut même changer la façon dont une personne marche.(6) L’ironie est qu’un excès de prudence crée un cercle vicieux dans lequel la peur de tomber devient un facteur de risque de chutes.(4)
De nombreuses études ont examiné des moyens d’atténuer la peur de tomber, avec des interventions telles que des programmes liés aux chutes qui mettent l’accent sur de multiples composantes et facteurs de risque, le tai-chi et l’exercice sont particulièrement prometteurs.(7)
Récemment, des études ont examiné si la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) réduit la peur de tomber chez les personnes âgées. La thérapie cognitivo-comportementale vise à changer la manière dont une personne pense (« sa cognition ») et agit (« son comportement »), ce qui peut améliorer considérablement ce qu’elle ressent. Cette approche peut aider les gens à surmonter leur peur de tomber en déplaçant le focus sur leurs pensées pessimistes vers ce qu’ils peuvent faire — comme l’exercice — pour réduire leur risque de chute. Ce changement d’orientation encourage les gens à augmenter leur niveau d’activité quotidien en toute sécurité.(8)
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique et une méta-analyse ont examiné la thérapie cognitivo-comportementale dispensée soit en groupe ou de façon individuelle, soit en personne ou par téléphone. Les séances de TCC duraient de 4 à 20 semaines et comprenaient la définition d’objectifs et la promotion de l’activité physique.
La revue a constaté que la TCC peut réduire un peu le risque de chutes et améliorer l’équilibre chez les personnes de 60 ans ou plus qui vivent à la maison. Pour le risque de chutes, on observe les effets immédiatement après la fin du traitement et ils durent de 6 à 12 mois, tandis que les effets sur l’équilibre ne sont pas immédiats et ne s’observent que 6 mois après la fin du traitement. Il apparaît également que la TCC individuelle produit des effets plus forts que la TCC dispensée en groupes. Ces résultats suggèrent que la TCC est une stratégie prometteuse pour remédier à la peur de tomber chez les personnes âgées. Mais en dépit de résultats positifs, des recherches supplémentaires sont nécessaires en raison du petit nombre d’études incluses, de l’exclusion des personnes âgées atteintes de certaines maladies, et de la variabilité parmi les TCC utilisées dans les différentes études.(8)
Si vos dernières chutes vous causent des inquiétudes, la TCC peut être une technique utile pour vous aider à apaiser ces craintes et vous encourager à vous déplacer avec assurance une fois de plus!