Dans le monde, près de 1,6 milliard de personnes ne disposent pas d’un logement adéquat. Au Canada, que ce soit à cause de l’inflation ou des rénovictions, plusieurs aînés sont victimes de la crise du logement et se retrouvent à la rue et doivent fréquenter les refuges pour sans-abris, souvent pour la première fois de leur vie. Près du quart des personnes qui dorment dans les refuges ont 50 ans et plus.
L’accès à un logement sûr, stable et adéquat est pourtant reconnu comme un droit humain fondamental et est essentiel pour créer les conditions permettant à la population de vivre une vie saine, sûre et heureuse. Malheureusement, obtenir un lit temporaire pour la nuit n’est pas suffisant : les adultes itinérants ont besoin de soutien et de services supplémentaires pour reprendre leur vie en main, accéder aux ressources dont ils ont besoin, notamment en lien avec leur santé, et s’éloigner durablement de l’instabilité financière et domiciliaire.
Quelles sont les approches les plus efficaces pour briser le cycle de l’itinérance ?
Ce que la recherche nous apprend
Une revue systématique de grande qualité publiée par la Collaboration Campbell s’est penchée sur la question. Cette revue a permis d’analyser les résultats de 28 études (regroupant 13 128 participants et réparties en 51 articles) portant sur l’efficacité de différentes approches et leurs effets, notamment sur la stabilité du logement et la santé.
Une panoplie de programmes et de types d’hébergement existent : l’approche du « logement d’abord », l’approche du « traitement d’abord » (programme de logement conditionnel à l’abstinence, par exemple) ou une combinaison de programmes de logement et de gestion de cas. Autrement dit, un lit peut être offert à court ou à long terme, assorti ou non de conditions comme l’obligation de ne pas consommer de drogue ou d’alcool ou celle de se trouver un emploi rémunéré rapidement. En plus du lit, certains types d’hébergement offrent un continuum de services allant de la référence vers des ressources externes jusqu’à la prise en charge complète et intensive des personnes.
Par exemple :
- le programme Logement d’abord propose un logement avec peu de contraintes, ainsi que du soutien et des services. L’intégration sociale dans la communauté locale et l’engagement dans des activités positives sont encouragés.
- le relogement rapide vise à fournir un logement le plus rapidement possible. Le personnel trouve un logement disponible, aide à la demande, au loyer et à l’emménagement et facilite l’accès à d’autres services.
- le foyer d’accueil est un hébergement à court terme avec des règles strictes. L’accompagnement varie selon les ressources disponibles et consiste surtout en une aide pratique, par exemple pour remplir des formulaires ou obtenir des documents gouvernementaux.
- le refuge pour sans-abri est un hébergement temporaire où un lit est fourni pour la nuit selon certaines exigences. Des repas chauds peuvent ou non être offerts. Le personnel peut parfois aider à établir des liens avec d’autres services.
- le logement assisté combine hébergement et services. Le logement peut être permanent ou temporaire, avec des conditions d’abstinence ou non, dans des foyers de groupe avec personnel, dans la communauté ou dans une unité privée. Les services sont individuels et personnalisés : aider les personnes souffrant de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, faciliter l’accès aux services de santé et aux prestations sociales, aider à poursuivre des études ou à chercher un emploi, etc.
Qu’est-ce qui fonctionne le mieux ?
Malgré une grande variabilité dans la qualité des données, les résultats des études sont clairs :
- Un accompagnement individualisé sans contraintes est une formule gagnante pour améliorer la stabilité du logement et la santé. En effet, ce genre d’approche permet de réduire la toxicomanie, le nombre de jours passés en itinérance, le nombre de visites aux urgences et les jours d’hospitalisation, et permet d’améliorer les revenus.
- En fait, tous les types d’hébergement qui offrent du soutien, avec ou sans contraintes, sont plus efficaces qu’un hébergement de base sans contraintes.
- Les études montrent aussi que fournir seulement la base, soit un lit et de la nourriture, est parfois pire que ne rien offrir du tout.
Le personnel, les ressources financières et le temps influencent le plus la mise en œuvre des programmes d’hébergement. Impliquez-vous, que ce soit en rejoignant l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance, en soutenant les refuges locaux ou en offrant votre temps comme bénévole.