Compenser les pertes de mémoire

Les messages clés

  • De nombreuses personnes éprouvent des pertes de mémoire normales liées au vieillissement. Toutefois, on estime que 5 à 8 % des Canadiennes et Canadiens âgés de plus de 60 ans seront atteint d’un trouble neurocognitif au cours de leur vie, ce qui pourrait représenter 2 millions de Canadiennes et Canadiens en 2050.
  • Les aînés avec et sans troubles cognitifs utilisent diverses stratégies pour compenser les pertes de mémoire et vivre de façon autonome le plus longtemps possible. Ces stratégies peuvent être internes, externes ou comportementales.
  • Les notes, les calendriers et les listes constituent le type d’aide-mémoire externe le plus utilisé.

Qui n’a jamais eu un trou de mémoire en essayant de se rappeler le nom de quelqu’un? Qui n’a jamais cherché ses clés dans toutes les pièces de la maison ? Si de petits oublis au quotidien ne sont pas très graves et peuvent arriver à tout le monde, la perte de mémoire due au déclin cognitif ou à une maladie neurodégénérative comme l’Alzheimer ou la démence est un défi pour plusieurs aînés. En effet, la détérioration de la mémoire a un effet direct sur la capacité à accomplir les tâches de la vie quotidienne et à rester autonome.

Une précédente revue de littérature a étudié les stratégies générales d’adaptation des personnes atteintes de démence et a montré qu’elles développent des stratégies émotionnelles et comportementales pour gérer leurs symptômes.(1) Toutefois, aucun accent particulier n’a été mis sur les stratégies pour accomplir les activités de la vie courante. Comme les personnes âgées gèrent-elles leurs problèmes de mémoire au quotidien ?

Ce que la recherche nous apprend

Une revue systématique a recensé 16 articles qui se sont intéressés spécifiquement aux problèmes de mémoire vécus par des adultes non institutionnalisés âgés de 60 ans et plus et à leurs stratégies pour vaquer aux occupations de la vie quotidienne.(2) Certains troubles associés au déclin cognitif ont été exclus, notamment la schizophrénie, les problèmes de mémoire induits par les médicaments, les accidents vasculaires cérébraux et la maladie de Parkinson. De plus, les outils comme l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et les robots d’assistance ont aussi été exclus des stratégies possibles.

Les aînés, qu’ils soient atteints de troubles cognitifs ou non, utilisent trois types de stratégies pour compenser leurs pertes de mémoire :

1. Les stratégies externes

Pour éviter les oublis, plusieurs personnes âgées notent les étapes requises pour réaliser une tâche, utilisent un pilulier ou inscrivent les anniversaires et les rendez-vous dans un calendrier. Certaines peuvent créer elles-mêmes le contenu des rappels, tandis que d’autres, comme celles atteintes de démence, ont besoin d’aide. Ces systèmes fonctionnent bien, jusqu’à ce que le déclin s’aggrave et que les personnes éprouvent des difficultés à comprendre un calendrier ou à relire leurs notes. Une autre stratégie consiste à intégrer des repères visuels dans l’environnement pour aider la rétention des informations et diminuer les risques d’égarer des objets du quotidien : par exemple, maintenir un milieu de vie ordonné et peu encombré, identifier visuellement les endroits spécifiques où ranger chaque item, etc.

2. Les stratégies internes

La mémorisation active, la visualisation ou la verbalisation (répéter à haute voix, par exemple) permettent de garder en tête ce qu’on ne veut pas oublier. Les personnes atteintes de démence peuvent utiliser ces stratégies pour retrouver un souvenir ou exécuter une tâche quotidienne.

3. Les stratégies comportementales

Les personnes atteintes de troubles cognitifs peuvent également adopter des stratégies comportementales pour compenser les pertes de mémoire. Elles peuvent réduire leurs attentes lors de l’exécution des tâches, accepter l’aide et le soutien de leurs proches, ou adapter leurs actions à leurs capacités. Malheureusement, cela peut mener certains aînés ayant des troubles de mémoire à se retirer des activités sociales et d’éviter certains lieux et situations. Évidemment, tout le monde ne réagit pas de la même façon : certaines personnes ont une approche différente et s’engagent volontairement dans des activités sociales malgré leurs problèmes de mémoire.

Peut-on améliorer son état cognitif ?

Vous avez de la difficulté à retenir le nom de vos petits-enfants ? Vous oubliez de payer vos factures ou de vous rendre à vos rendez-vous médicaux ? Vous ne savez plus comment suivre les étapes pour cuisiner votre recette préférée ? Si vous remarquez des signes de déclin cognitif chez vous ou chez vos proches, la première chose à faire est de rencontrer votre professionnel de la santé pour déterminer la cause de vos pertes de mémoire et les traitements possibles.

De plus, il est reconnu que la modification du régime alimentaire, la pratique d’activités physiques et sociales, ainsi que la stimulation cognitive permettent de stabiliser ou même d’améliorer les fonctions cognitives. L’apprentissage d’une nouvelle langue ou d’un instrument de musique, le chant, la peinture ou le jardinage sont autant d’activités qui aident à préserver le bien-être et les facultés cognitives ! Ne vous isolez pas : participez à la vie sociale de votre communauté, rejoignez des groupes d’aînés, faites travailler votre mémoire et sortez vos mots croisés, sudokus et autres jeux cérébraux !


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Références

  1. Bjørkløf GH, Helvik AS, Ibsen TL, Telenius EW, Grov EK, Eriksen S. Balancing the struggle to live with dementia: A systematic meta-synthesis of coping. BMC Geriatriacs. 2019;19(1):295.
  2. Ross SD, Hofbauer LM, Rodriguez FS. Coping strategies for memory problems in everyday life of people with cognitive impairment and older adults: A systematic review. International Journal of Geriatric Psychiatry. 2022 May;37(5). doi: 10.1002/gps.5701. PMID: 35362220.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.