Qu'on est bien chez soi...
La maison est souvent synonyme de familiarité, de confort, de sécurité, d'amour et bien plus encore. Beaucoup d'entre nous espèrent vieillir chez eux (aussi longtemps que possible), au lieu de déménager dans un établissement d'aide à la vie autonome ou une maison de retraite. Cela peut nécessiter quelques modifications du domicile, voire un nouveau soutien et de nouveaux services pour répondre à l'évolution des besoins sanitaires et sociaux des personnes âgées.
Les technologies de télésurveillance et d'autres services de soins virtuels semblent prometteurs pour favoriser le vieillissement sur place. La télésurveillance des patients est la prestation de services de soins de santé à des personnes en dehors des milieux cliniques conventionnels (par exemple, à domicile) à l'aide de technologies de télécommunication.(1) Ces technologies transmettent des données sur la santé (parfois en temps réel) d'une personne à son fournisseur de soins par l'intermédiaire de divers dispositifs (par exemple, des capteurs, des dispositifs à porter sur soi, des dispositifs portatifs, des téléphones intelligents mobiles, des dispositifs implantables, des moniteurs de tension artérielle et des technologies utilisant l'intelligence artificielle pour analyser la parole et les comportements). (1-2) Ces technologies peuvent être utilisées par les prestataires de soins pour observer à distance l'état de santé d'une personne (par exemple, ses signes vitaux et ses symptômes) et ses comportements (par exemple, l'observance du traitement médicamenteux).(2) De nombreux programmes existent actuellement pour surveiller à distance les personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète, l'insuffisance cardiaque, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, ou pour les patients qui rentrent chez eux après une opération.
Et ce n'est pas tout. Le paysage technologique évolue rapidement et le champ des possibilités ne cesse de s'élargir de manière exponentielle pour inclure également la surveillance à distance du bien-être et de l'environnement domestique des personnes. Les technologies sont maintenant de plus en plus utilisées pour surveiller à distance les activités de la vie quotidienne des personnes dans le but de suivre leur état de santé et de prévoir les risques associés au vieillissement sur place.(3)
Que pouvons-nous apprendre de l'ensemble des données de recherche sur les technologies de télésurveillance et si elles tiennent leurs promesses ?
Ce que la recherche nous apprend
Il existe de plus en plus de données sur les objectifs des technologies de télésurveillance. Ces objectifs sont les suivants
- aider les personnes à gérer leurs besoins en matière de soins à domicile le plus longtemps possible (par exemple, autonomie accrue, amélioration de l'observance des traitements médicamenteux ou augmentation du confort, de la commodité et de la flexibilité dans la gestion des maladies chroniques) ;(4-7)
- soutenir le suivi après la sortie de l'hôpital pour éviter la réadmission à l'hôpital ou intervenir plus tôt pour atténuer les effets négatifs sur la santé (par exemple, accélérer la prise de décisions cliniques, réagir aux situations critiques, appeler à l'aide en cas d'urgence et émettre des avertissements si des comportements inhabituels sont détectés) ;(8-11)
- améliorer la sécurité (par exemple, prévenir les chutes et l'errance) ;(5;12)
- améliorer l'accès aux soins spécialisés (13) ou surmonter les pénuries de main-d'œuvre (en particulier dans les zones rurales et éloignées) ;(14) et
- réduire ou prévenir le recours aux soins inutiles (par exemple, l'hospitalisation, le séjour à l'hôpital, les consultations, les visites et le suivi des patients externes et les visites aux services d'urgence)(7;9;15-18).
Il existe un large éventail de choses qui peuvent être surveillées à distance, notamment:
- les paramètres physiologiques (par exemple, la pression artérielle, la fréquence cardiaque, le poids, l'électrocardiogramme, la fièvre, le niveau d'oxygène) (12;19) ;
- les actions de routine (par exemple, l'utilisation du téléphone, la présence dans la chambre, l'occupation du lit ou du fauteuil, l'utilisation des toilettes, l'accès au réfrigérateur ou au garde-manger) (12;20) ; et
- l'environnement domestique (par exemple, la température et le niveau de CO2).(11)
Malgré ses promesses, l'efficacité clinique des technologies de télésurveillance fait toujours l'objet d'un débat parmi les chercheurs.(1) Néanmoins, il existe des données probantes que les technologies de télésurveillance peuvent :
- améliorer l'accès à des informations de qualité sur la santé;
- aider à prendre des décisions éclairées;
- accroître les sentiments de sécurité et d'autonomie;
- aider à prendre des décisions cliniques plus rapidement;
- réduire les réadmissions à l'hôpital;
- aider les patients vivant dans des zones rurales et éloignées à gérer leur santé et leurs soins ; et
- soutenir les patients médicalement instables dans leur transition vers la stabilité à domicile.
Beaucoup d'intérêt, mais aussi de nombreuses questions à régler
L'Enquête sur la santé numérique 2021, commandée par Inforoute Santé du Canada, a révélé que de nombreux Canadiens s'intéressent à une variété de services de santé accessibles par voie électronique, et qu'ils sont nombreux à vouloir:
- participer à un programme de surveillance à distance des patients à l'aide d'un appareil pour gérer une maladie chronique (47,2 % des répondants) ; et
- participer à un programme de surveillance à distance des patients en utilisant un appareil pour gérer les symptômes liés à COVID-19 (40,2 % des répondants).
Si les résultats de cette enquête montrent un grand intérêt pour l'utilisation des technologies de télésurveillance, il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux diverses sources d'inquiétude des utilisateurs potentiels (notamment en ce qui concerne l'acceptation de ces technologies, l'impact qu'elles peuvent avoir sur leur vie et leur identité, et la manière de protéger leur vie privée). Nous devons également mettre en place des stratégies pour combler la "fracture numérique". La fracture numérique désigne les facteurs socio-économiques et démographiques tels que l'âge, le revenu, l'origine ethnique, le lieu de résidence, l'éducation et l'état de santé, qui contribuent à l'inégalité d'accès aux infrastructures numériques et à la capacité technique des individus et des communautés à accéder à l'information et à utiliser l'internet.