Que ce soit Matrix, Tron ou Black Mirror, les films et les émissions de télévision nous familiarisent depuis longtemps avec l’idée d’utiliser la technologie informatique pour simuler le sentiment d’être dans un environnement artificiel ou augmenté. Pour les amateurs de science-fiction, ce concept est connu sous le nom de « réalité virtuelle » (1;2). Pour ceux qui ne sont pas aussi familiers avec les tenants et les aboutissants de la réalité virtuelle, voici un cours accéléré.
Les principales caractéristiques d’une expérience de réalité virtuelle comprennent le monde virtuel qui a été créé, l’apport d’une rétroaction sensorielle (par exemple, visuelle, tactile, etc.) et l’interactivité (2;3). Le degré d’immersion de cette expérience, c’est-à-dire la mesure dans laquelle vous avez l’impression d’être à l’intérieur de ce monde virtuel, varie en fonction de la technologie utilisée (2;4). Par exemple, les systèmes de réalité virtuelle qui incluent des écrans vidéo montés sur la tête et des avatars vous font pénétrer plus profondément dans l’environnement virtuel que ceux qui n’utilisent qu’un grand écran ou plusieurs écrans, ou ceux qui reposent sur un écran d’ordinateur ou de télévision standard. Enfin, les systèmes de réalité virtuelle comprennent à la fois des systèmes de jeu offerts dans le commerce, comme la populaire Nintendo Wii, et des systèmes spécifiquement développés à des fins de réadaptation (2;5).
Vous avez bien lu… la réadaptation ! Il est loin le temps où l’on se contentait d’utiliser la réalité virtuelle comme un élément d’intrigue pour séduire le public ou de la parsemer dans les conversations sur ce à quoi ressemblera l’avenir. Comme on dit, « l’avenir, c’est maintenant », et les interventions de réalité virtuelle peuvent avoir un véritable rôle à jouer dans l’amélioration de la santé de certaines populations. L’une de ces populations est celle des personnes ayant survécu à un AVC. Explorons davantage les possibilités grâce à une revue systématique récente sur les impacts de la thérapie par réalité virtuelle chez les personnes ayant subi un AVC et souffrant d’une faiblesse légère à sévère du bras (2).
Ce que la recherche nous apprend
La revue systématique révèle que la thérapie par réalité virtuelle peut apporter de multiples avantages aux personnes ayant subi un AVC, par rapport à une thérapie conventionnelle ou à de faux traitements (c’est-à-dire fictifs). Dans ce cas, la thérapie par réalité virtuelle comprend à la fois l’utilisation de systèmes de jeu commerciaux et de systèmes développés spécifiquement pour la réadaptation (2). Ces systèmes font participer les participants à des jeux ou à des activités qui leur permettent de s’entraîner à faire des mouvements (par exemple, des extensions, des flexions, des rotations, etc.) des épaules, des coudes, des avant-bras, des poignets, des doigts ou du bras entier. Parmi les exemples de ces jeux ou activités, citons le kung-fu, l’écrasement de glaçons ou la démolition de murs, la balle de rebond, les quilles, la boxe, le tennis, le golf, l’imitation de mouvements effectués par un avatar, ainsi que des exercices d’extension, de saisie et de relâchement (2;6-10).
En fin de compte, on constate de légères améliorations de la fonction globale du bras et du degré de handicap moteur. On a aussi documenté des résultats positifs similaires concernant la capacité des personnes à effectuer des activités quotidiennes d’autogestion de la santé. De plus, ce sont les personnes souffrant d’une faiblesse modérée à sévère du bras qui semblent bénéficier le plus de la thérapie par réalité virtuelle. L’étude permet également de déterminer quel type de thérapie par réalité virtuelle est le plus approprié. Si vous avez pensé à une thérapie par réalité virtuelle immersive, vous avez raison ! S’il est important de souligner les points positifs, il convient également de noter que la thérapie par réalité virtuelle ne semble pas avoir d’effet sur les activités délibérées liées à des tâches spécifiques ou sur la participation aux activités (2).
Mais avant de vous lancer dans une expérience de réalité virtuelle, veillez à consulter votre équipe soignante. Ensemble, vous pourrez déterminer si cette stratégie est appropriée en fonction de votre état de santé, si des systèmes commerciaux ou spécialement conçus vous conviennent, si une supervision est nécessaire et comment réduire les risques liés à cette activité.