La prévention du cancer du poumon : les compléments alimentaires ont-ils un rôle à jouer ?

Les messages clés

  • À l'échelle mondiale, le cancer du poumon est la principale cause de décès liés au cancer.
  • Il n'existe actuellement aucune preuve à l'appui de l'utilisation de compléments alimentaires - à savoir les vitamines A, C, D, E, le calcium et le sélénium, seuls ou en association - pour la prévention du cancer du poumon. Certains compléments alimentaires peuvent même augmenter le risque d'incidence du cancer du poumon et de décès par cancer du poumon dans certaines populations, ainsi que d'autres effets secondaires mineurs à graves.
  • Parlez à votre équipe de soins de santé avant de commencer ou d'arrêter tout supplément. 
  • Avoir une alimentation saine, riche en fruits et légumes, et éviter ou arrêter de fumer sont des stratégies efficaces de prévention du cancer du poumon. Pour obtenir de l'aide pour arrêter de fumer, envisagez une thérapie de remplacement de la nicotine, une thérapie de groupe et des conseils par téléphone.  

Inspirer, expirer, inspirer, expirer, répéter. Alors que nous inspirons instinctivement de l'air frais et rejetons les gaz résiduels, il est facile d'oublier le fonctionnement harmonieux du système qui nous aide à respirer. Nos poumons sont une partie vitale de cette structure connue sous le nom de système respiratoire. En 2020, le cancer du poumon était responsable de plus de 2,2 millions de nouveaux cas de cancer dans le monde. La même année, le cancer du poumon était une fois de plus en tête de la liste des causes les plus courantes de décès par cancer, avec 1,8 million de vies perdues (1). Ces statistiques stupéfiantes sont plus que de simples chiffres. Elles représentent des personnes réelles dont la vie a été directement bouleversée par le cancer du poumon et mettent en lumière l'importance de trouver des stratégies sûres et efficaces pour prévenir le cancer du poumon.


Le régime alimentaire et la nutrition sont des facteurs associés depuis longtemps à l'augmentation et à la diminution du risque de développer un cancer. En ce qui concerne le cancer du poumon, il semble que la consommation de viandes rouges et transformées puisse augmenter le risque de cancer du poumon, tandis qu'un régime riche en soja, poisson, fruits et légumes peut contribuer à le réduire (2;3). Certaines personnes pensent également que la consommation de vitamines et de minéraux par le biais de compléments alimentaires peut contribuer à réduire le risque de développer un cancer du poumon. Mais la science soutient-elle la prise de compléments par des populations saines à cette fin ?


Une revue systématique devrait vous faire reconsidérer les compléments alimentaires comme stratégie de prévention du cancer du poumon (2).


Ce que la recherche nous apprend

La revue systématique s'est penchée sur l'utilisation de divers compléments, dont la vitamine A, la vitamine C, la vitamine E, le calcium, la vitamine D plus le calcium, le sélénium et la combinaison de vitamines A, C, E, du sélénium et du zinc dans des populations en bonne santé. Dans l'ensemble, les résultats ont été décevants et, dans certains cas, inquiétants.


La revue révèle qu'aucun des compléments individuels ou des combinaisons de compléments étudiés ne réduit le risque d'incidence du cancer du poumon ou de décès par cancer du poumon par rapport au placebo. Qui plus est, certains compléments augmentent en fait le risque de certains résultats cliniques et produisent des effets secondaires mineurs ou graves. Par exemple, la vitamine A augmente le risque d'incidence et de décès par cancer du poumon, ainsi que le décès toutes causes confondues, chez les fumeurs et les personnes exposées à l'amiante. Les effets secondaires mineurs de l'utilisation de la vitamine A comprennent des symptômes gastro-intestinaux et le jaunissement de la peau. La vitamine C augmente également le risque d'incidence du cancer du poumon, mais cette fois chez les femmes. La vitamine E augmente le risque d’AVC hémorragiques, également connus sous le nom d'hémorragie cérébrale. Enfin, le sélénium augmente le risque de perte de cheveux et d'irritation de la peau. Les résultats concernant la vitamine A, la vitamine E, le sélénium et l'association des vitamines A, C et E, du sélénium et du zinc reposent tous sur des preuves à haut degré de certitude, ce qui signifie que nous pouvons avoir une grande confiance dans ces résultats. Notre confiance dans d'autres résultats - comme ceux concernant le calcium et la vitamine D plus le calcium - est plus faible, de sorte que les études futures pourraient donner des résultats différents. 


En définitive, les données de la recherche ne soutiennent pas actuellement l'utilisation de compléments pour la prévention du cancer du poumon chez les personnes en bonne santé (2). Il est important de se rappeler que certaines personnes peuvent se voir prescrire des compléments en raison de certaines carences en vitamines ou de certaines conditions médicales. Veillez à consulter votre équipe soignante avant de commencer ou d'arrêter la prise de tout complément.


Stratégies de prévention du cancer du poumon fondées sur des données probantes

  1. Arrêt du tabagisme : Le tabagisme est la principale cause de cancer du poumon. Donc, si vous ne fumez pas, ne commencez pas, et si vous fumez, arrêtez. Heureusement, il existe de nombreuses stratégies qui peuvent vous aider à réussir à arrêter de fumer : 1) envisager une thérapie de remplacement de la nicotine, 2) compter sur le soutien de vos pairs par le biais d'une thérapie de groupe (disponible en personne ou en ligne), et rechercher le soutien téléphonique d'un conseiller par le biais de lignes d'assistance, de lignes d'aide à l'arrêt du tabac ou de différents contextes de soins de santé (6-10). 
  2. Régime alimentaire et nutrition : Adoptez un régime alimentaire sain, riche en fruits et légumes (2-5).   

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Références

  1. Organisation mondiale de la santé. Cancer. [Internet] 2022. [consulté en janvier 2022]. Disponible en ligne : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/cancer
  2. Cortes-Jofre M, Rueda JR, Asenjo-Lobos C, et coll. Médicaments pour prévenir le cancer du poumon chez les personnes en bonne santé. Cochrane Database Syst Rev. 2020; 3:CD002141. doi: 10.1002/14651858.CD002141.pub3.
  3. Yang WS, Wong MY, Vogtmann E, et coll. Meat consumption and risk of lung cancer: Evidence from observational studies. Ann Oncol. 2012; 23(12):3163-3170. doi: 10.1093/annonc/mds207.
  4. International Agency for Research on Cancer. IARC Handbooks of Cancer Prevention: Fruit and vegetables. Lyon (FR): IARCPress; 2003. Disponible en ligne : http://publications.iarc.fr/Book-And-Report-Series/Iarc-Handbooks-Of-Cancer-Prevention/Fruit-And-Vegetables-2003
  5. World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research. Food, nutrition, physical activity, and the prevention of cancer: A global perspective. Washington (DC): AICR; 2007. 537 p. Disponible en ligne : https://discovery.ucl.ac.uk/id/eprint/4841/1/4841.pdf
  6. Hartmann-Boyce J, Chepkin SC, Ye W, et coll. La thérapie de substitution de la nicotine versus le contrôle de la cessation du tabagisme. Cochrane Database Syst Rev. 2018; 5:CD000146. doi: 10.1002/14651858.CD000146.pub5. 
  7. Lindson N, Chepkin SC, Ye W, et coll. Différentes doses, durées et modes d’administration de la thérapie de remplacement de la nicotine pour la cessation tabagique. Cochrane Database Syst Rev. 2019; 4:CD013308. doi: 10.1002/14651858.CD013308. 
  8. Stead LF, Carroll AJ, Lancaster T. Les programmes de thérapie comportementale en groupe pour cesser de fumer. Cochrane Database of Syst Rev. 2017; 3:CD001007. doi: 10.1002/14651858.CD001007.pub3.
  9. Cahill K, Lancaster T. Les interventions sur le lieu de travail pour le sevrage tabagique. Cochrane Database Syst Rev. 2014; 2:CD003440. doi: 10.1002/14651858.CD003440.pub4.
  10. Matkin W, Ordóñez-Mena JM, Hartmann-Boyce J. L'assistance téléphonique pour cesser de fumer. Cochrane Database Syst Rev. 2019; 5:CD002850. doi: 10.1002/14651858.CD002850.pub4.

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