Les prescriptions sociales : combler le fossé entre les soins cliniques et sociaux

Les messages clés

  1. Bien des patients consultent leurs professionnels de la santé pour des problèmes psychosociaux comme l’isolement social, la solitude, des problèmes de logement, ou encore le deuil.
  2. Le but des prescriptions sociales est de référer les patients aux ressources psychosociales de leur communauté pour briser l’isolement, favoriser l’autonomie et la mobilité, ainsi que promouvoir un mode de vie sain.
  3. Une prescription sociale a le potentiel d’améliorer la santé et le bien-être des patients, ainsi que les comportements liés à la santé.

Les gens souffrent de toutes sortes de maux qui peuvent les inciter à consulter un professionnel de la santé. Mais il ne s’agit pas toujours de problèmes de santé physique. Bien des patients consultent leurs professionnels de la santé pour des problèmes psychosociaux comme l’isolement social, la solitude, de l’insécurité lié au logement, ou encore un le deuil complexe.

Mais que diriez-vous si votre médecin de famille ou votre professionnel de la santé vous remettait une prescription pour rencontrer des ressources psychosociales de votre milieu ou pour prendre un bain de forêt, joindre un ‘men’s shed’, prendre un cours de yoga, ou encore faire une activité bénévole?(1; 2)

De telles « prescriptions sociales » sont déjà populaires au Royaume-Uni et ont fait leur petit bonhomme de chemin jusqu’au Canada.(3) Elles permettent aux patients qui ont des besoins non médicaux d’obtenir du soutien pour améliorer leur santé et leur bien-être. Les prescriptions sociales reconnaissent que la santé et le bien-être des personnes sont principalement déterminés par une série de facteurs sociaux, économiques et environnementaux.

Et puisque le simple fait d’informer les patients des ressources existantes ne suscite pas nécessairement leur participation active, les médecins (et autres professionnels ayant la capacité de faire des prescriptions) peuvent dorénavant rédiger de véritables prescriptions pour les inciter à entrer en contact avec des ressources communautaires ou bénévoles qui pourront les accompagner et leur proposer des activités et des outils pertinents.

Mais que nous apprend la recherche sur l’impact des prescriptions sociales?

Ce que la recherche nous apprend

Une récente revue systématique de grande qualité a examiné les études portant sur l’impact des prescriptions sociales.(4) Malgré le petit nombre d’études (16 au total) et la disparité des résultats, plusieurs études montrent des effets bénéfiques dans la capacité à effectuer des activités quotidiennes, la qualité de vie, l’anxiété, la dépression, la solitude et l’isolement social.

Les études révèlent que les prescriptions sociales offrent des opportunités d’activités qui permettent d’établir des liens sociaux, de favoriser le sentiment d’appartenance et l’engagement dans sa communauté.

Les personnes qui ont « utilisé » leur prescription ont également vu des améliorations sur leur santé mentale, leur santé physique et leur bien-être général : que ce soit l’augmentation de l’activité physique, la réduction de leur consommation d’alcool, de drogues et d’aliments malsains, une perte de poids, une diminution de la tension artérielle et du cholestérol, une meilleure confiance en soi, ainsi qu’un plus grand sentiment d’indépendance et d’autonomie.

Par effet domino, le fait de développer et d’améliorer sa confiance en soi permet de se sentir apte à effectuer certaines activités, comme se déplacer grâce aux transports publics, quitter sa maison, s’impliquer dans de nouvelles activités et prendre le contrôle de sa santé et de son bien-être.

De plus, les conseils et les encouragements bienveillants des professionnels des ressources communautaires prescrites permettent d’obtenir de l’aide dans toutes les sphères de la vie : allant de la gestion des dettes, à l’accès à l’aide sociale et au logement, l’aide à l’emploi, en passant par la résolution des problèmes quotidiens.

De tels résultats résonnent avec un projet-pilote lancé en 2018 par l’Alliance pour des communautés en santé en Ontario.(5) Chez les patients ayant reçu une prescription sociale, 12% d’entre-eux ont indiqué une amélioration de leur santé mentale, 49% ont indiqué une diminution de leur isolement, et 19% ont souligné une augmentation de leurs activités sociales. Quant aux professionnels de la santé, ceux-ci ont observé une diminution des visites répétées par leurs patients.

Une pratique en émergence

La prescription sociale est encore une pratique émergente au pays. Il est important de sensibiliser le public et les professionnels aux prescriptions sociales, de soutenir des projets pilotes, ainsi que d'étendre ou de répliquer ces projets pour toucher plus de personnes. À long terme, il sera probablement nécessaire d'apporter des changements aux arrangements de gouvernance, de financement et de prestation des systèmes de santé pour soutenir les prescriptions sociales.

En attendant, apprenez-en plus sur les prescriptions sociales en accédant aux ressources offertes par l'Alliance pour des communautés en santé: https://www.allianceon.org/fr/La-prescription-sociale

 


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Références

  1. Lévesques D. Les médecins peuvent prescribe des "bains de forêt" dans les parcs nationaux. Radio-Canada. 1 février 2022. (accès le 23 février 2022).
  2. Men's Sheds Association. Social prescribing. (accès le 23 février 2022).
  3. Radio-Canada. Les prescriptions sociales: un nouvel outil pour briser l'isolement. 24 décembre 2019. (accès le 23 février 2022).
  4. Pescheny JV, Randhawa G, Pappas Y. L'impact des services de prescription sociale sur les utilisateurs de services: une revue systématique des données probantes. European Journal of Public Health. 2020;30(4):664-673.
  5. Alliance for Healthier Communities. Social prescribing. (accès le 23 février 2022).

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.