On estime que plus de 7 millions de Canadiens âgés de 15 ans ou plus souffrent de douleur chronique (1). Cela signifie qu’une personne sur quatre vit avec cette affection invisible et souvent débilitante qui réduit sa qualité de vie (1-3). La douleur neuropathique, plus simplement appelée douleur névralgique, est un type de douleur qui contribue à ces chiffres. La douleur névralgique est causée par des dommages aux nerfs (2). Ces lésions peuvent résulter d’une variété de blessures, d’affections et de maladies, comme le diabète, un épisode de zona ou des lésions cérébrales (2 ; 4).
Malheureusement, pour ceux et celles qui éprouvent des sensations de picotements, de brûlures et de lacérations qui accompagent un diagnostic de douleur névralgique, ce n’est pas facile d’obtenir du soulagement (2). Malgré la disponibilité de nombreuses options de traitement médicamenteux — y compris des médicaments tels que les opioïdes, les anticonvulsivants et les antidépresseurs — on rapporte que seulement de 40 à 60 % des personnes obtiennent un soulagement partiel de la douleur (2 ; 6). Ces résultats médiocres, associés aux effets secondaires des médicaments, nous aident à mieux comprendre pourquoi les personnes souffrant de douleurs névralgiques se tournent souvent vers des stratégies complémentaires et non conventionnelles (2 ; 6-9). L’une de ces stratégies est le traitement à base de plantes.
Toutefois, comme pour tout autre traitement, il est bon de se renseigner au préalable pour savoir si le traitement est efficace et s’il existe des effets secondaires nocifs. Il en va de même pour les traitements à base de plantes. C’est ce que s’est attaché à faire une revue systématique récente (2).
Ce que la recherche nous apprend
La revue systématique a porté sur l’utilisation de traitements à base de plantes chez des adultes souffrant de douleurs névralgiques modérées et n’a finalement inclus que deux petites études. Ces études portent spécifiquement sur la noix de muscade appliquée par voie topique (c’est-à-dire sur la peau) via un vaporisateur et sur le millepertuis pris par voie orale sous forme de comprimés. Les deux études ont également permis la poursuite de l’utilisation d’analgésiques. Des données de très faible qualité démontrent qu’aucun des deux traitements à base de plantes ne diminue la douleur par rapport au placebo. Une analyse plus approfondie de ces résultats montre que la noix de muscade ne semble pas apporter un soulagement significatif de la douleur de 30 % ou plus. De même, on ne démontre pas que le millepertuis réduit le score total de la douleur. Sur le plan de l’innocuité, les personnes utilisant les traitements à base de plantes et le placebo ont signalé des effets secondaires mineurs ; il n’y a pas de différence significative dans le nombre d’effets secondaires ressentis entre les deux groupes. Des douleurs oculaires et des maux de tête ainsi qu’une sensation de brûlure ou de raideur temporaire et tolérable sont signalés par les personnes utilisant la noix de muscade. Les personnes utilisant le millepertuis signalent des démangeaisons, une sécheresse de la bouche, des sueurs, des nausées, des maux d’estomac, de la fatigue et des diarrhées. Toutefois, ces résultats sont également fondés sur des données de très faible qualité.
Les personnes à la recherche d’un soulagement peuvent se demander comment interpréter ces résultats, étant donné le nombre limité d’études et la qualité des données. En fin de compte, si l’on considère l’ensemble de la situation, il reste beaucoup d’incertitude quant aux avantages et aux inconvénients possibles associés à la noix de muscade et au millepertuis. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas tirer de conclusions sur leur efficacité ni sur leur innocuité, et que leur utilisation doit être envisagée avec prudence jusqu’à ce que des recherches supplémentaires soient disponibles (2). Consultez votre équipe soignante sur votre intérêt à utiliser des traitements à base de plantes avant de commencer. Cela permet d’examiner les effets secondaires potentiels et les interactions avec d’autres médicaments, ainsi que de discuter en détail de toutes les options de traitement parallèles, complémentaires ou non conventionnelles disponibles.