Bien des villes sont confrontées à des problèmes de délinquance et de criminalité. Cela dit, les solutions proposées pour y faire face ne font pas toujours consensus. Parmi l’éventail de solutions, certaines s’appuient sur les progrès technologiques qui nous permettent d’entrevoir les contours des villes de demain, qui pourraient être intelligentes et sécuritaires.
Les technologies dites « intelligentes » sont déjà utilisées dans différentes sphères de nos vies. On parle ici d’appareils électroniques, généralement connecté à d'autres appareils ou réseaux via différents protocoles sans fil. Ces appareils peuvent fonctionner dans une certaine mesure de manière interactive et autonome (par exemple, les téléphones intelligents, les véhicules intelligents, les thermostats intelligents, les sonnettes intelligentes, les serrures intelligentes, les réfrigérateurs intelligents, les montres intelligentes, etc). Le terme peut également désigner un appareil qui peut avoir recours à l'intelligence artificielle.
Les technologies intelligentes sont également utilisées à l’échelle des villes. On dit qu’une ville est intelligente lorsqu’elle utilise les technologies de l'information et de la communication pour améliorer l’efficience des services urbains, ainsi que la qualité de vie des citoyens. Une telle ville utilise différents capteurs électroniques de collecte de données pour fournir des informations permettant de gérer ses services et ressources de manière optimale. Cela comprend des données auprès des citoyens, des dispositifs dans les infrastructures urbaines, des systèmes de circulation et de transport, des centrales électriques, des réseaux d'approvisionnement en eau, des systèmes de gestion des déchets, ou encore des systèmes d'information dans les écoles, les bibliothèques et les établissements de santé.(1)
Ces technologies intelligentes peuvent également identifier des dangers et y répondre efficacement. Certaines études suggèrent également que les villes intelligentes pourraient réduire la criminalité de 30 % à 40 %, ou encore accélérer le temps de réponse des services d'urgence de 30 % à 35 %.(2) Mais que nous apprend la recherche sur les fonctions des nouvelles technologies de sécurité des villes intelligentes.
Ce que la recherche nous apprend
Une revue systématique de qualité modérée a recensé 121 études explorant les fonctions des nouvelles technologies de sécurité des villes intelligentes.(1) Trois principaux thèmes ont émergé de l’analyse de ces études :
1. Nouveaux capteurs, actionneurs traditionnels
Certaines technologies sont utilisées depuis longtemps pour prévenir la criminalité et visent la détection d’anomalies, de menaces et de comportements délinquants ou criminels. On peut penser à la vidéosurveillance. Lorsqu’une menace est détectée, la police est automatiquement appelée en renfort.
Ce qui est nouveau, c’est la possibilité de gérer les menaces sans intervention humaine, par le biais de drones ou de véhicules autonomes, ou d’une modification de l’environnement. Par exemple, un capteur qui reconnaît un mouvement anormal pourrait faire allumer les lampadaires avoisinants ou faire retentir une alarme sonore, plutôt que de déclencher une intervention policière.
Évidemment, cela implique le déploiement à grande échelle de capteurs et d’actionneurs (les réponses autonomes pour contrôler les menaces).
2. Rendre les anciens systèmes intelligents
Les villes intelligentes ne sont pas construites à partir de zéro. Les anciens systèmes qui fonctionnent bien et qui sont déjà en place peuvent être améliorés ou automatisés.
Par exemple dans le simple cas de la vidéosurveillance, il faudrait augmenter l’espace disponible pour héberger les données captées, surtout si l’on augmente le nombre de capteurs. De plus, un opérateur humain peut surveiller un nombre limité de caméras, d’où le besoin d’automatiser la détection et l’analyse grâce à l’intelligence artificielle, ce qui permettra aussi de réagir plus rapidement en cas de danger.
3. Des fonctions entièrement nouvelles
Ces nouvelles fonctions visent la diffusion d’informations de masse et la prévision de tendances ou d’événements. Pour y parvenir, on développerait des applications mobiles pour recueillir des informations sur les activités criminelles et les troubles publics ou pour partager des informations liées à la prévention de la criminalité. Les citoyens pourraient signaler directement un crime par ces applications. Il faudrait toutefois que les citoyens utilisent activement ces applications pour générer suffisamment de données.
Par ailleurs, des précautions sont à prévoir pour éviter que certains citoyens signalent de faux crimes ou en profitent pour se plaindre de leurs voisins, ce qui engorgerait les services de police et retarderait leur réponse aux signalements urgents.
Des enjeux à considérer
Les villes intelligentes peuvent sembler prometteuses afin de rehausser le niveau de sécurité (et possiblement le sentiment de sécurité des gens).
Cela dit, elles soulèvent également des enjeux importants. Parmi ceux-ci, notons les craintes liées à la collecte d’informations personnelles sans consentement, ainsi que les risques à l’autonomie et au respect de la vie privée. L’installation massive de capteurs, senseurs et autres appareils intelligents dans l’espace urbain peut faire craindre bien des citoyens qui y voient l’émergence d’un « Big Brother » (c’est-à-dire une société de surveillance à des fins de contrôle via, par exemple, la reconnaissance faciale, la police prédictive, ou la surveillance en temps réel des réseaux sociaux).
Un autre enjeu d’importance est la sécurité même des technologies intelligentes. En effet, les villes intelligentes font face à des risques en matière de cyber-sécurité. Il suffit de penser aux risques d’intrusions dans les systèmes informatiques, la manipulation illicites de ces systèmes, ou encore la fuite massive de données à caractère personnel.
L’introduction de technologiques intelligentes dans l’espace urbain peut grandement bouleverser la vie des citoyens. Les villes intelligentes se doivent donc de positionner leurs citoyens non plus en périphérie, mais au cœur même de leur système d’information. Les citoyens doivent ainsi avoir leur mot à dire dans le déploiement des technologies intelligentes.
Et vous, êtes-vous prêt pour cette nouvelle ère ?