Faut-il compléter notre alimentation par des suppléments pour la santé du cœur ?

Les messages clés

  • Les maladies cardiovasculaires (du cœur et des vaisseaux sanguins) sont une cause majeure de décès dans le monde, entraînant environ 18 millions de décès rien qu’en 2019.
  • La plupart des suppléments de vitamines et de minéraux ne semblent pas apporter de bénéfices cardiovasculaires, et certains peuvent avoir des effets indésirables.
  • Quelques suppléments — tels que l’acide folique et les vitamines du complexe B avec acide folique — peuvent avoir des effets positifs sur la santé cardiovasculaire, mais ces effets peuvent n’être vrais que pour des populations spécifiques. 
  • Adoptez un régime alimentaire nutritif qui vous apporte un apport suffisant en vitamines et en minéraux sans recourir à des suppléments. Consultez votre équipe soignante pour obtenir des conseils sur votre régime alimentaire.  

Nous voulons tous avoir un cœur en bonne santé, un système immunitaire performant, des os solides, une peau éclatante, la liste est longue. La consommation d’un régime alimentaire équilibré et riche en nutriments essentiels joue un rôle important dans le vieillissement optimal. Mais avec un emploi du temps chargé, des obstacles financiers potentiels et des exigences concurrentes en matière de santé, pour certains, voire pour la plupart d’entre nous, cela peut parfois sembler un défi de taille (1). C’est pourquoi nous tendons l’oreille à la moindre promesse de solutions apparemment « faciles » à nos problèmes de santé ou de stratégies qui demandent peu d’efforts tout en nous aidant à atteindre nos objectifs de santé. L’utilisation de suppléments alimentaires est l’une de ces stratégies. Ces suppléments garnissent les étagères de nos épiceries, de nos magasins d’aliments naturels et de nos pharmacies, et ont été commercialisés avec succès comme un élément clé de nos parcours de santé et de bien-être (2).


En dépit des allégations souvent exagérées diffusées par la publicité, les données à l’appui de l’utilisation de suppléments alimentaires pour la prévention et le traitement de diverses affections ou pour la promotion de la santé en général ne sont pas toujours aussi tranchées (2-16). Parfois, elles sont encourageantes, mais souvent dans des contextes spécifiques, comme dans le cas de la vitamine D et du diabète ou des infections des voies respiratoires, et d’autres fois, elles sont insuffisantes et nécessitent des recherches plus approfondies, comme dans le cas de la prévention du cancer ou de la démence. Les résultats varient en fonction de la population, du type de supplément et du résultat clinique étudié (3-16).


Les maladies cardiovasculaires (celles du cœur ou des vaisseaux sanguins) contribuent à une proportion importante des décès dans le monde. Rien qu’en 2019, les maladies cardiovasculaires ont été responsables de la perte de près de 18 millions de vies. En creusant davantage les données, on constate que plus de 15 millions de ces décès sont directement liés à une crise cardiaque ou à un AVC (17). À l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus sur l’utilisation de suppléments vitaminiques et minéraux spécifiques pour la prévention ou le traitement des maladies cardiovasculaires, mais leur utilisation par le public reste élevée. Une étude systématique récente s’est chargée d’examiner les preuves du rôle des suppléments dans la réduction du risque de crise cardiaque, d’AVC ou de décès dû à des maladies cardiovasculaires (2).


Alors, les résultats doivent-ils faire battre notre cœur plus vite, dans le bon sens ?


Ce que la recherche nous apprend

Ces résultats pourraient inciter les personnes désireuses de protéger leur santé cardiaque à réfléchir avant de mettre un flacon de supplément dans leur panier d’achats.


Dans l’ensemble, on a constaté que les suppléments couramment utilisés — tels que les vitamines D et C, le calcium et les multivitamines — ne semblent pas réduire le risque de maladie cardiovasculaire totale, de crise cardiaque ou d’AVC, par rapport à l’absence de supplémentation. De plus, il n’y a pas non plus de réduction des décès dus à une maladie cardiovasculaire, à une crise cardiaque, à un AVC ou à toute autre cause. Les données vont d’une certitude très faible à une certitude élevée selon le résultat clinique, ce qui signifie que des recherches futures pourraient modifier les conclusions pour certains résultats, mais probablement pas pour d’autres. Par exemple, la conclusion selon laquelle la vitamine D ne réduit pas le risque de décès, quelle qu’en soit la cause, est la seule qui se fonde sur des données de haute qualité, ce qui nous permet d’être très confiants dans cette conclusion particulière. Les vitamines et les minéraux suivants peuvent également n’avoir aucun effet sur les résultats cardiovasculaires : les antioxydants, le bêta-carotène, le fer, le magnésium, le sélénium, la vitamine A, la vitamine B3 (niacine), la vitamine B6, la vitamine E et le zinc. Il convient toutefois de noter que la consommation d’antioxydants et de niacine (avec une statine) peut augmenter le risque de décès toutes causes confondues.


Certains résultats positifs méritent toutefois d’être soulignés. Plus précisément, l’utilisation de l’acide folique peut réduire le risque de maladie cardiovasculaire totale et d’AVC, tandis que les vitamines du complexe B (dont l’acide folique est également un composant) peuvent réduire le risque d’AVC. Cela dit, ces résultats doivent être considérés avec prudence et avec des informations supplémentaires. Bien que les études individuelles incluses dans l’examen aient été menées dans des pays du monde entier, les résultats positifs sont le fruit d’une vaste étude réalisée en Chine. Contrairement à l’Amérique du Nord, où les aliments sont enrichis en acide folique, la Chine ne fait pas systématiquement de même. Cela signifie que nous ne pouvons pas être sûrs que les avantages observés dans l’étude chinoise se traduiraient dans d’autres pays qui enrichissent les aliments en acide folique.


Où cela nous mène-t-il ? En fin de compte, nous revenons au point de départ de notre conversation, en soulignant l’importance d’une alimentation saine et équilibrée qui nous permet d’obtenir toutes les vitamines et tous les minéraux dont nous avons besoin sans avoir recours à des suppléments. Une alimentation riche en sources végétales est susceptible d’aider la plupart des gens (à moins qu’ils ne souffrent de pathologies sous-jacentes spécifiques qui nécessitent l’utilisation de suppléments) à y parvenir (2). Consultez le Guide alimentaire canadien pour obtenir des conseils sur une alimentation saine ou consultez votre équipe de soins de santé. Si vous décidez d’intégrer des suppléments à votre régime alimentaire, assurez-vous que vous prenez cette décision conjointement avec votre équipe de soins de santé, car tous les suppléments ne sont pas sûrs pour tout le monde.

Ressources en vedette


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Références

  1. U.S. Department of Agriculture and U.S. Department of Health and Human Services. Dietary Guidelines for Americans, 2020-2025. 9th Edition. [Internet] 2020. [consulté en juin 2021]. Disponible en ligne : https://www.dietaryguidelines.gov/sites/default/files/2020-12/Dietary_Guidelines_for_Americans_2020-2025.pdf
  2. Jenkins DJA, Spence JD, Giovannucci EL, et coll. Vitamines et minéraux supplémentaires pour la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires. J Am Coll Cardiol. 2018; 71:2570-2584. doi: 10.1016/j.jacc.2018.04.020.
  3. Johnston BC, Ma S, Goldenberg JZ, et coll. Les probiotiques pour la prévention de la diarrhée liée au Clostridium difficile : une revue systématique et méta-analyse. Ann Intern Med. 2012; 157(2):878-888. doi: 10.7326/0003-4819-157-12-201212180-00563.
  4. Hempel S, Newberry SJ, Maher AR, et coll. Probiotics for the prevention and treatment of antibiotic-associated diarrhea: A systematic review and meta-analysis. JAMA. 2012; 307(18):1959-1969. doi: 10.1001/jama.2012.3507. 
  5. Ford AC, Quigley EM, Lacy BE, et coll. L'efficacité des prébiotiques, probiotiques et symbiotiques pour le syndrome du côlon irritable et la constipation idiopathique chronique : une revue systématique et méta-analyse. Am J Gastroenterol. 2014; 109(10):1547-1561. doi: 10.1038/ajg.2014.202. 
  6. Lei WT, Shih PC, Liu SJ, et coll. L'effet des probiotiques et des prébiotiques sur la réponse immunitaire à la vaccination antigrippale chez les adultes: une revue systématique et méta-analyse des essais contrôlés randomisés. Nutrients. 2017; 9(11):E1175. doi: 10.3390/nu9111175. 
  7. Hemila H, Chalker E. La vitamine C ne prévient pas le rhume, mais elle peut réduire sa durée et sa gravité. Cochrane Database Syst Rev. 2013; 1:CD000980. doi: 10.1002/14651858.CD000980.pub4.    
  8. Martineau AR, Jolliffe DA, Hooper RL, et coll. La supplémentation en vitamine D pour prévenir les infections respiratoires aiguës: une revue systématique et méta-analyse des données individuelles des participants. BMJ. 2017; 356:i6583. doi: 10.1136/bmj.i6583. 
  9. Wu C, Qiu S, Zhu X, et coll. La supplémentation en vitamine D et le contrôle glycémique chez les patients diabétiques de type 2: une revue systématique et méta-analyse. Metabolism. 2017; 73:67-76. doi: 10.1016/j.metabol.2017.05.005. 
  10. Avenell A, Mak JC, O’Connell D. La vitamine D et les analogues de la vitamine D pour la prévention des fractures chez les femmes ménopausées et les hommes âgés. Cochrane Database of Syst Rev. 2014; 4:CD000227. doi: 10.1002/14651858.CD000227.pub4. 
  11. Campbell F, Dickinson HO, Critchley JA, et coll. Revue systématique de suppléments d'huile de poisson pour la prévention et le traitement de l'hypertension. Eur J Prev Cardiol. 2013; 20:107-120. doi: 10.1177/2047487312437056. 
  12. Chowdhury R, Warnakula S, Kunutsor S, et coll. L'effet des probiotiques et des prébiotiques sur la réponse immunitaire à la vaccination antigrippale chez les adultes: une revue systématique et méta-analyse des essais contrôlés randomisés. Ann Intern Med. 2014; 160:398-406. doi: 10.7326/M13-1788. 
  13. Evans JR, Lawrenson JG. Suppléments de vitamines et minéraux antioxydantes pour prévenir la dégénérescence maculaire liée à l'âge. Cochrane Database Syst Rev. 2017; 7:CD000253. doi: 10.1002/14651858.CD000253.pub4. 
  14. Evans JR, Lawrenson JG. Les suppléments de vitamines et de minéraux antioxydants pour ralentir la progression de la dégénérescence maculaire liée à l'âge. Cochrane Database Syst Rev. 2017; 7:CD000254. doi: 10.1002/14651858.CD000254.pub4. 
  15. Rutjes AW, Denton DA, Di Nision M, et coll. La supplémentation en vitamines et minéraux pour le maintien de la fonction cognitive chez les personnes saines sur le plan cognitif au milieu et à la fin de la vie. Cochrane Database Syst Rev. 2018; 12:CD011906. doi: 10.1002/14651858.CD011906.pub2. 
  16. Butler M, Melson VA, Davila H, et coll. Les interventions ayant recours aux suppléments en vente libre pour prévenir le déclin cognitif, les troubles cognitifs légers et la démence clinique de type Alzheimer: une revue systématique. Ann Intern Med. 2018; 168:52-62. doi: 10.7326/M17-1530. 
  17. Organisation mondiale de la santé. Maladies cardiovasculaires. [Internet] 2021. [consulté en juin 2021]. Disponible en ligne : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail 

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