Les stéréotypes, les préjugés ou la discrimination envers une personne en raison de son âge sont courants. On estime que 6 Canadiens sur 10 âgés de plus de 66 ans ont connu un épisode d’âgisme dans leur vie.(1)
Un tel phénomène est répandu dans de nombreux pays et prend diverses formes, que ce soit la mise à l’écart dans le milieu du travail, l’infantilisation dans les milieux de soins, l’invisibilité quant à la sexualité ou les opinions. Un sondage mené dans 57 pays a d’ailleurs montré que 60 % des personnes interrogées croient que les personnes âgées ne reçoivent pas le respect qu’elles méritent.(2)
Les attitudes et les stéréotypes négatifs sont acquis très jeunes et chacun d’entre nous peut internaliser certains préjugés. Plusieurs personnes âgées ont grandi avec des idées préconçues sur le vieillissement et sur ce que les personnes âgées peuvent (ou ne peuvent supposément pas faire). Cela peut affecter leur propre bien-être en plus de leur perception des autres. De plus, l’âgisme peut aussi être systémique, par exemple dans l’offre de services, programmes et installations, qui sont bien souvent pensés pour une population plus jeune.
Qu’est-ce que la recherche peut nous apprendre sur les facteurs qui contribuent à l’âgisme?
Ce que la recherche nous apprend
Une revue systématique de qualité modérée a examiné 199 articles sur les principaux déterminants de l’âgisme envers des personnes âgées de 50 ans ou plus.(3) L’analyse a révélé 14 déterminants étant fortement associés à l’âgisme. Ces déterminants s’observent à trois niveaux : le niveau individuel, le niveau interpersonnel/intergroupe, et le niveau institutionnel/culturel.
Les déterminants au niveau individuel
Les déterminants les plus importants à ce niveau sont l’anxiété liée au vieillissement et la peur de la mort. Les études ont montré que certains déterminants semblent contribuer à atténuer l’âgisme, comme avoir des traits de personnalité ou des facteurs psychologiques spécifiques, comme être consciencieux, agréable et extraverti, ou encore avoir davantage l’esprit communautaire qu’individualiste. De plus, les personnes âgées qui ont une bonne santé mentale et physique semblent moins affectées par les préjugés liés à l’âge envers leurs propres capacités.
Les études révèlent que certains déterminants n’ont pas d’effet significatif sur l’âgisme : que ce soit l’âge, le sexe, le niveau de scolarité, l’origine culturelle ou ethnique, le statut socioéconomique, la religion, vivre dans une zone urbaine ou rurale, et l’état civil.
Les déterminants au niveau interpersonnel/intergroupe
Plus une personne avance en âge et plus elle risque d’être la cible de préjugés. Par ailleurs, la qualité des contacts avec les personnes âgées en général, mais surtout avec les grands-parents, aurait un effet bénéfique pour réduire les préjugés. Nous faisons moins de discrimination envers les personnes âgées si nous avons une image positive de celles qui sont présentes dans nos vies.
Les déterminants au niveau institutionnel/culturel
Les études soulignent que l’âgisme peut se nourrir des périodes de crise et d’austérité économiques. S’il y a une rareté des ressources économiques et un nombre important de personnes âgées dans une société, cela peut engendrer des tensions concernant la répartition de ces ressources (pour financer différents programmes et services publics) et ainsi favoriser les stéréotypes, les préjugés ou la discrimination envers les personnes âgées.
Luttons contre l’âgisme
L'âgisme est un défi quotidien pour de nombreuses personnes âgées. Celles qui estiment être un fardeau peuvent également percevoir que leur vie a moins de valeur, ce qui peut affecter leur santé et leur bien-être. En luttant contre l’âgisme, nous pouvons habiliter et motiver les personnes âgées à réaliser de nouvelles choses, mais aussi à vivre pleinement leur vie.
Faites entendre votre voix dans l’espace public: Vous contribuerez à faire augmenter la représentativité des personnes âgées dans la société et de déboulonner les stéréotypes, les préjugés ou la discrimination liés à l’âge.
Participez à des activités intergénérationnelles : Tissez des liens avec les jeunes et moins jeunes au sein de votre famille et de votre communauté. Plusieurs programmes intergénérationnels sont souvent offerts dans les centres de loisirs, les bibliothèques publiques, les résidences pour personnes âgées ou les écoles. Ces initiatives intergénérationnelles, grâce à la mixité des jeunes et des personnes âgées, permettent de stimuler les contacts, sensibiliser les plus jeunes au vieillissement et partager des expériences positives. Les logements intergénérationnels sont une autre possibilité pour favoriser de tels contacts positifs.
Créez des environnements favorables en milieux de travail : La création de milieux de travail accueillants pour les travailleurs âgés favorise le vieillissement en santé et la diversité. Adoptez une « charte du milieu de travail amis des aînés » afin de partager votre vision auprès des employés et de la clientèle.