Que ce soit par expérience personnelle ou en tant que témoin du parcours d’un être cher, d’une manière ou d’une autre, nous avons tous été touchés par le cancer. Rien que l’année dernière, environ 10 millions de personnes sont mortes du cancer, la principale cause de décès dans le monde (1).
Alors que le nombre de cas de cancer et de décès par cancer ne cesse d’augmenter, les scientifiques s’efforcent d’identifier des stratégies susceptibles de contribuer à la prévention et au traitement des diverses maladies qui relèvent de ce vaste terme. En ce qui concerne la prévention, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’une stratégie très discutée se présente sous la forme d’un médicament en vente libre que beaucoup d’entre nous ont à portée de main. Nous l’utilisons pour nous débarrasser des maux de tête, soulager les muscles endoloris et faire baisser la fièvre. Bien que cette description générique s’applique à de nombreux analgésiques différents, l’aspirine se trouve au centre de cette assertion particulière, tout comme elle l’a été dans des discussions précédentes sur la santé cardiaque et la prévention de la démence (2-4). Alors que l’aspirine réapparaît comme une stratégie potentielle de prévention, que va montrer la recherche cette fois-ci ? Pouvons-nous compter sur elle pour nous aider à déjouer le cancer ? Une étude systématique relativement récente s’est penchée sur l’utilisation de l’aspirine à long terme et sa capacité à prévenir le cancer chez les personnes n’ayant jamais eu de cancer (2).
Ce que la recherche nous apprend
Tout comme les résultats précédents concernant les AVC et les décès chez les personnes sans maladie cardiaque et la démence chez les personnes âgées en bonne santé, l’utilisation de l’aspirine ne semble pas protéger contre le développement du cancer et continue d’être associée à des effets secondaires indésirables (2-4).
Dans l’ensemble, la revue systématique montre que chez les personnes sans antécédents de cancer, l’utilisation à long terme de l’aspirine (c.-à-d. entre 1 et 5 ans, entre 5 et 10 ans et plus de 10 ans) ne réduit pas l’incidence totale du cancer ou le nombre total de décès par cancer, comparativement à l’absence d’utilisation d’aspirine. Cependant, l’utilisation d’aspirine augmente le risque de saignement majeur de 32 à 57 % et peut augmenter le nombre total d’événements hémorragiques de 33 à 74 %. On observe l’absence de bénéfices et la présence d’effets secondaires pour différentes doses d’aspirine, sa durée d’utilisation et selon les populations (telles que les personnes en bonne santé, les personnes diabétiques et les personnes souffrant de maladies cardiaques ou présentant un risque accru de maladies cardiaques) (2).
Cela dit, les auteurs de l’étude soulignent la nécessité de poursuivre les recherches dans deux domaines. Le premier domaine est l’utilisation de l’aspirine dans les populations à haut risque, telles que celles ayant des antécédents familiaux de cancer (2). Le deuxième domaine concerne les effets de l’aspirine sur les différents types de cancer, par opposition à une analyse globale comme celle qui est effectuée dans cette revue. En effet, certaines données montrent un effet préventif potentiel pour des cancers spécifiques (par exemple, le cancer colorectal) (2 ; 22). Assurez-vous de discuter de votre risque de cancer et des stratégies de prévention qui vous conviennent le mieux avec votre professionnel de la santé.
Bien que, dans l’ensemble, l’aspirine ne soit pas une stratégie efficace de prévention du cancer, il existe des changements de mode de vie fondés sur des preuves que nous pouvons intégrer dans notre vie quotidienne pour aider à réduire le risque de cancer. Il s’agit notamment :
- d’éviter ou arrêter de fumer (5) ;
- de limiter notre consommation d’alcool (un verre par jour au maximum pour les femmes et deux verres par jour pour les hommes) ou d’éviter complètement l’alcool (6-10) ;
- d’adopter une alimentation saine, riche en fruits, légumes et fibres, et pauvre en viandes rouges et transformées (9 ; 11-14) ;
- de rester assis moins longtemps et rester physiquement actif, en progressant jusqu’à au moins 150 minutes d’exercice d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité intense par semaine (ou une combinaison des deux) (15-19) ;
- de maintenir un poids corporel sain (16) ; et
- de pratiquer la sécurité solaire en diminuant le temps passé au soleil, en portant des vêtements qui protègent du soleil et en appliquant une crème solaire lorsque l’exposition au soleil est inévitable, et en n’utilisant pas de lits de bronzage (20 ; 21).