À la suite de la légalisation de la consommation de cannabis au Canada, les personnes âgées de 65 ans et plus sont devenues le groupe d’âge où la consommation de cannabis croît le plus rapidement au pays. Pour quelles raisons les personnes âgées consomment-elles du cannabis ? Il s’avère que la majorité d’entre elles, 52 % pour être exact, utilisent le cannabis uniquement à des fins médicales, 24 % l’utilisent uniquement à des fins non médicales et 24 % l’utilisent pour une combinaison des deux (1). Compte tenu de l’intérêt accru que le cannabis suscite pour aider à traiter divers problèmes de santé ou à faire face à leurs inconvénients et aux effets secondaires des traitements, il est important de savoir si les données appuient ou non ces allégations et l’innocuité de la consommation de cannabis. Penchons-nous sur les données probantes concernant la consommation de cannabis pour trois affections courantes : le cancer, la douleur neuropathique chronique et les maladies inflammatoires de l’intestin (MII). Cliquez sur les liens suivants pour en apprendre davantage sur la recherche et les résultats démystificateurs.
1. Le cannabis pour les effets secondaires du traitement du cancer ?
La majorité des personnes atteintes de cancer subissant une chimiothérapie éprouvent des effets secondaires pénibles comme des nausées et des vomissements (2 ; 3). L’approche standard pour faire face à ces effets secondaires est l’utilisation de médicaments antiémétiques pour combattre le vomissement. Les cannabinoïdes, qui sont des produits chimiques actifs présents dans le cannabis, constituent une approche de rechange (4). La recherche montre que les cannabinoïdes peuvent aider les personnes qui subissent une chimiothérapie à gérer les nausées et les vomissements qui l’accompagnent, et peuvent même être aussi efficaces que l’approche standard. Cependant, les avantages potentiels peuvent venir avec un plus grand risque d’autres effets secondaires, tels que des étourdissements, la sédation, la désorientation, ou une sensation désagréable. Ces résultats se basent sur des études de qualité faible à modérée. Comme telle, plus de recherche de meilleure qualité et tenant compte des nouvelles thérapies contre le cancer et des médicaments antiémétiques est nécessaire pour accroître notre confiance dans les résultats (5).
2. Le cannabis pour soulager la douleur neuropathique chronique :
La douleur névralgique est causée par des lésions nerveuses qui découlent d’une variété de facteurs, y compris la maladie, les blessures et même les interventions chirurgicales (6 ; 7). On la traite souvent à l’aide de médicaments antidouleur tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou les opioïdes, mais généralement sans grand succès (7 ; 8). La recherche démontre que les médicaments à base de cannabis peuvent soulager la douleur et réduire son intensité ainsi que la détresse psychologique et les problèmes de sommeil chez les adultes souffrant de douleurs neuropathiques chroniques. Mais, une fois de plus, à côté de ces avantages potentiels peuvent se manifester des effets secondaires indésirables tels que la confusion, la psychose, et la sédation. Ces résultats sont fondés sur des preuves de qualité très faibles à modérées. Par conséquent, une recherche de haute qualité est nécessaire pour établir l’efficacité et l’innocuité, en particulier les études portant sur les populations âgées (8 ; 9).
Le cannabis pour soulager la douleur neuropathique chronique : Une solution bancale ?
3. le cannabis pour la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse ?
La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse (ou rectocolite hémorragique) sont des affections inflammatoires chroniques qui ont un impact sur le tube digestif d’une personne (10). Les deux sont un type de maladies inflammatoires de l’intestin (11). Le traitement consiste souvent en des médicaments d’ordonnance qui induisent une rémission de la maladie ou la maintiennent, mais qui sont associés à un plus grand risque d’effets secondaires graves tels que des problèmes hépatiques et le cancer (10 ; 12). La recherche montre que les cigarettes de cannabis et l’huile de cannabis ne semblent pas aider à la rémission ou à l’inflammation chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de colite ; toutefois, les cigarettes de cannabis peuvent réduire l’activité de la maladie chez les deux sous-types de maladies inflammatoires de l’intestin, tandis que l’huile de cannabis peut améliorer la qualité de vie. Certaines améliorations s’accompagnent d’effets secondaires accrus chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn, comme la somnolence, la perte de mémoire et les problèmes de concentration, et chez celles atteintes de la colite, de maux de tête, de fatigue et d’étourdissements. Il est cependant important de savoir que ces résultats se basent sur un petit nombre d’études menées auprès d’un très petit nombre de participants, de sorte qu’en fin de compte on ne peut tirer aucune conclusion solide à l’heure actuelle, et que d’autres recherches sont nécessaires (10 ; 13).
Considérations relatives à l’usage du cannabis
De façon générale, les données sur l’utilisation du cannabis et des produits basés sur le cannabis contre le cancer, la douleur neuropathique, et les maladies inflammatoires de l’intestin sont limitées et proviennent de recherche de qualité assez faible. C’est donc difficile de tirer des conclusions solides sur leur efficacité et leur innocuité. La grande question que vous pourriez vous poser est que signifie tout cela pour moi. D’abord, il faut tenter de rester à jour sur les données probantes en constante évolution autour de ce sujet, particulièrement à mesure que de nouvelles recherches paraissent. En second lieu, si vous envisagez de consommer du cannabis à des fins médicales, rappelez-vous de discuter la question avec votre prestataire de soins de santé avant de commencer. Enfin, pesez toujours les avantages et les inconvénients pour vous en tant qu’individu. Pour certaines personnes, les effets secondaires peuvent l’emporter sur les avantages, tandis que pour d’autres, c’est le contraire (par exemple, les gens qui ne répondent pas aux traitements traditionnels). Un professionnel de la santé peut vous aider avec le processus d’évaluation, tout comme avec l’élaboration d’un plan de traitement sur mesure.