La maltraitance envers les aînés suscite des débats un peu partout sur la planète depuis de nombreuses années.(1; 2)
Une revue systématique récente a révélé que la maltraitance peut toucher, dans les pays à revenu moyen et élevé, environ 16 % des aînés de plus de 60 ans.(3) Cette proportion est considérée comme plus élevée chez les personnes vivant dans des catégories « à risque », y compris les personnes ayant une déficience physique ou une incapacité mentale, et les personnes vivant dans des établissements de soins.
Les aînés qui habitent dans les collectivités rurales ou éloignées ont également été identifiés comme potentiellement plus vulnérables à cause de l’isolement géographique et social, ainsi que de la difficulté à accéder aux services juridiques et de soutien. Les conditions extrêmes qui prévalent dans certaines communautés éloignées peuvent aussi augmenter l’isolement et les difficultés. Fait à noter, au Canada, environ 1 aîné sur 4 vit dans des zones rurales et des petites villes.(4)
La maltraitance envers les aînés peut être définie comme « un acte unique ou répété, ou le manque d'action appropriée, survenant dans toute relation où il y a un abus de confiance, qui cause du tort ou de la détresse à une personne âgée ».(3) Cette maltraitance prend diverses formes: systémique, physique, sexuelle, psychologique, verbale ou financière.
Bien que les responsables de politiques se penchent sur la question, les politiques adoptées permettent-elles de prévenir et contrer la maltraitance des aînés vivant dans les collectivités rurales ou éloignées ?
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique de 47 articles a examiné les réponses politiques à la maltraitance des aînés dans les collectivités rurales et éloignées (en mettant l’accent sur l’Australie).(3) Voici les grands constats :
- Très peu de politiques étudiées traitaient explicitement des questions liées aux collectivités rurales et éloignées.
- Le fait de vivre dans une collectivité rurale ou éloignée est un facteur qui accroît la vulnérabilité des aînées à l’égard de la maltraitance (ce qui fait écho aux autres études sur le sujet).
- Certaines études qui s’étaient penchées sur la maltraitance au sein de familles agricoles soulignent que les solutions passent par une approche globale, laquelle peut inclure un plan de succession.
- L’accès à l’information et au soutien des personnes issues des collectivités rurales et éloignées est une priorité, tout comme l’importance de mieux comprendre les besoins de ces communautés.
- Il faut développer des réponses à l’échelle nationale, qui doivent toutefois inclure le développement de ressources localisées.
- En ce qui concerne la violence envers les aînés autochtones dans les collectivités rurales et éloignées, il est peu probable qu’une approche uniforme et rigide soit efficace. L’accès aux services nécessite souvent de se déplacer à l’extérieur de leurs communautés, ce qui peut être inquiétant pour certains aînés autochtones, en particulier s’il s’agit de quitter leur « nation ». Les auteurs soulignent également l'importance de développer des services informés par les traumatismes subis et sensibles sur le plan culturel. De plus, l’importance de consulter les membres des communautés autochtones locales a été soulignée, afin d’identifier les formes de maltraitance infligée aux aînés et cartographier les ressources existantes qui peuvent être utilisées.
Ce que vous pouvez faire
Pour faire face à la maltraitance qui peut survenir dans notre entourage, nous devons apprendre à poser trois gestes :
1. Reconnaître les différentes formes et signes de maltraitance (tant les signes physiques, sociaux et comportementaux).
2. Parler avec l'aîné concerné.
3. Poser des questions, obtenez les conseils d'un spécialiste, et assurez-vous que la personne n'est pas en danger.(5)