Le profil des familles a changé au fil des ans. L'un des changements que nous constatons est que les grands-parents deviennent de plus en plus les principaux dispensateurs de soins de leurs petits-enfants.
Selon Statistique Canada, on estime que près de 50 % des Canadiens âgés de 45 ans et plus sont grands-parents.(1) Près de 8% des grands-parents vivent avec leurs petits-enfants dans un foyer partagé.(2) Mais il ne s’agit pas d’un phénomène canadien. On estime que près de 2,7 millions de grands-parents étaient les principaux fournisseurs de soins de leurs petits-enfants aux États-Unis. En Australie, plus d’un quart des enfants de moins de 12 ans reçoivent des soins réguliers de leurs grands-parents. En Chine, la migration massive des parents vers les centres urbains fait que plus du quart des enfants vivent avec leurs grands-parents dans les zones rurales.(3)
Prendre soin de vos petits-enfants peut être l'une des expériences les plus enrichissantes: être en mesure d'être plus étroitement lié au monde de vos petits-enfants et leur fournir stabilité, sécurité, sagesse et amour. Cependant, certains grands-parents (comme beaucoup d'autres proches aidants) peuvent être confrontés à des défis tels que l'épuisement, le stress, l'anxiété et la dépression. Les interventions pour soutenir ces grands-parents pourraient-elles mieux les équiper pour faire face à leurs nouvelles responsabilités parentales et aider à réduire les effets psychologiques négatifs qu'ils pourraient subir?
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue systématique de grande qualité s’est penchée sur la question.(3) Cette revue a analysé 20 études et a permis d’évaluer l’efficacité de divers programmes d’intervention qui visent à améliorer le bien-être des grands-parents aidants naturels et à favoriser le développement des petits-enfants. Bien que des grands-parents hispaniques et caucasiens aient été inclus dans certaines interventions, les caractéristiques des participants reflètent généralement les profils de grands-parents vivant avec leurs petits-enfants aux États-Unis, c’est-à-dire qu’il y a une surreprésentation des grands-mères afro-américaines qui élèvent leurs petits-enfants. Les participants, âgés de 55 et 62 ans, étaient pour la plupart divorcés, séparés ou veufs, sans emploi et ayant un faible niveau d’éducation.
Les interventions de groupe : soutien et éducation
Le soutien et l’éducation sont deux éléments importants des interventions de groupe, comme le montrent plusieurs études. Les groupes de soutien sont peu coûteux, faciles à mettre en œuvre et considérés comme efficaces. Pour répondre aux problèmes soulevés par les grands-parents, diverses composantes éducatives sont adaptées à leurs besoins : identification des facteurs de stress, amélioration des stratégies d’adaptation, formation parentale, gestion des relations interpersonnelles, identification des ressources, et compétences pratiques pour faire face au stress.
Les grands-parents pourront aussi développer de meilleures aptitudes interpersonnelles, ce qui les aidera à établir des règles claires avec les parents des enfants, ainsi qu’à réduire les conflits qui sont générateurs de stress.
Quant aux formations, celles-ci peuvent se donner sous différentes formes pour s’adapter au contexte de chacun : présentations en personne, vidéos, cahiers de travail, en ligne.
Les interventions personnalisées : visites à domicile par des professionnels
Des services personnalisés sont également fournis aux grands-parents dans le cadre de plusieurs interventions. Par exemple, des visites à domicile par des travailleurs sociaux et des infirmières autorisées permettent de les aider à établir des objectifs pour améliorer leur bien-être physique et psychologique, ainsi que pour accroître l’accès aux ressources et au soutien social. En plus de la gestion des cas particuliers par les travailleurs sociaux, les infirmières autorisées effectuent des examens et des évaluations des besoins en matière de santé, notamment.
Des effets notables chez les grands-parents
De telles interventions peuvent avoir des effets positifs en matière de santé mentale, incluant une diminution du stress, de l’anxiété et de la dépression. L’amélioration des problèmes de santé mentale des grands-parents peut s’avérer une tâche à long terme, car le stress, l’anxiété et la dépression sont associés à des facteurs complexes, comme la responsabilité en matière de garde d’enfants, le soutien social insuffisant, ou encore les tensions familiales et relationnelles.
On constate que la réduction de l’isolement social doit être à l’avant-plan des interventions destinées aux grands-parents qui prennent soin de leurs petits-enfants. Une approche globale familiale qui tient compte à la fois des besoins des grands-parents, des parents et des enfants s’avère utile. En effet, il faut accroître le soutien social, mais aussi réduire les conflits entre les grands-parents et les autres membres de la famille.
… et chez les petits-enfants!
Les enfants élevés par leurs grands-parents peuvent présenter des problèmes de comportement en raison de l’abandon, de la négligence et de la violence ou de leur exposition à la toxicomanie parentale. Le soutien et la mise à jour des stratégies d’éducation aident les grands-parents à agir adéquatement afin d’amenuiser les difficultés vécues par leurs petits-enfants.
Grâce à interventions ciblées, tout le monde y trouve son compte et voit sa qualité de vie améliorée.