La thérapie par le miroir pour la réadaptation après un AVC : tromper le cerveau en lui faisant croire ce qu’il voit

Les messages clés

  • Quatre-vingts pour cent des personnes ont de la difficulté à bouger leurs bras ou leurs jambes après un AVC.
  • La thérapie par le miroir utilise un miroir pour créer l’illusion que le bras ou la jambe affectés par l’AVC bouge.
  • Après un AVC, la thérapie par le miroir permet d’améliorer les mouvements des membres supérieurs ou inférieurs affectés et les activités de la vie quotidienne. Elle apparaît également comme un complément utile aux autres activités de réadaptation.

Immédiatement après un AVC, environ 80% des personnes ont de la difficulté à bouger leurs bras ou leurs jambes (1 ; 2). Bien que ces changements puissent ne pas être permanents (certaines personnes recouvrent une fonction partielle ou complète du membre [1 ; 3 ; 4 ; 5]), le chemin du rétablissement peut être long. Mais saviez-vous qu’il est possible de tromper le cerveau en lui faisant croire ce qu’il voit? La thérapie par le miroir est de plus en plus utilisée dans la réadaptation après un AVC pour duper le cerveau et restaurer la fonction des membres (1).

Les AVC touchent jusqu’à 10% des personnes âgées au Canada (6), ce qui en fait la troisième cause de décès à l’échelle nationale (7) et l’une des principales causes d’invalidité dans le monde (1 ; 8). Un AVC survient lorsque l’approvisionnement en sang du cerveau est interrompu ou déficient, provoquant la mort des cellules cérébrales (9). Cela peut entraîner diverses incapacités temporaires ou permanentes, notamment la paralysie (1 ; 3), la douleur (1 ; 10) ou la difficulté à mener à bien des activités quotidiennes telles que marcher, manger ou s’habiller (1).

La thérapie par le miroir peut être un moyen d’aider les survivants à récupérer du mouvement dans les bras et les jambes (1). Au cours de la thérapie par le miroir, on utilise un miroir pour créer la réflexion d’un bras ou d’une jambe non affectés à la place du membre affecté (1 ; 11). Lorsqu’on déplace le membre non affecté, l’image inversée aide le cerveau à penser que le membre affecté est en mouvement (1 ; 12). Bien que l’on ne sache pas exactement comment ce processus fonctionne (1), on pense que cette illusion provoque des modifications du cerveau qui aident la personne à retrouver sa mobilité (1 ; 13). Mieux encore, la thérapie par le miroir est relativement facile à réaliser et l’individu lui-même peut la suivre à domicile (1).

Mais cette approche fonctionne-t-elle vraiment?

Ce que la recherche nous apprend

Une revue systématique récente a révélé que la thérapie par le miroir est une approche prometteuse pour la réadaptation après un AVC. On a étudié la thérapie par le miroir peu de temps après l’AVC et jusqu’à 6 mois plus tard pour la réadaptation des bras et des jambes. On l’offre à l’hôpital, dans le cadre de la réadaptation en milieu hospitalier ou ambulatoire, et à domicile. La plupart des études incluses dans l’analyse utilisent une boîte à miroir pour administrer la thérapie, bien que deux études utilisent une réflexion virtuelle sur un écran. Dans certains cas, on a associé la thérapie par le miroir à d’autres stratégies telles que la stimulation électrique. On réalise la thérapie par le miroir de 3 à 7 fois par semaine pendant de 2 à 8 semaines, et entre 15 et 60 minutes à la fois.

La revue systématique a révélé que la thérapie par le miroir peut être sécuritaire et efficace. En fait, elle améliore les mouvements des membres supérieurs et inférieurs dans les membres affectés et la capacité de mener des activités quotidiennes jusqu’à six mois après un AVC et éventuellement au-delà de cette période, sans qu’on signale d’effets secondaires. Bien que certaines données montrent que la thérapie par le miroir peut également réduire la douleur, les études incluses dans la revue systématique ne permettent pas de tirer des conclusions définitives. Il est également important de garder à l’esprit qu’il n’est pas encore clair si la thérapie par le miroir peut remplacer d’autres types de traitement de l’AVC, car des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comparer la thérapie par le miroir utilisée seule à d’autres stratégies.

Globalement, l’optimisme est de mise, le traitement du miroir semble être une bonne stratégie à ajouter aux autres approches de réadaptation après un AVC (1).


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À Propos des Auteurs

Références

  1. Thieme H, Morkisch N, Mehrholz J, et coll. La thérapie miroir pour améliorer la fonction motrice après un accident vasculaire cérébral. Cochrane Database Syst Rev. 2018; (7):CD008449. doi: 10.1002/14651858.CD008449.pub3. 
  2. Barker WH, Mullooly JP. Stroke in a defined elderly population, 1967–1985. A less lethal and disabling but no less common disease. Stroke. 1997; 28(2):284–290. 
  3. Nakayama H, Jorgensen HS, Raaschou HO, et coll. Recovery of upper extremity function in stroke patients: The Copenhagen Stroke Study. Arch Phys Med Rehabil. 1994; 75(4):394-398
  4. Kwakkel G, Kollen BJ, van der Grond J, et coll. Probability of regaining dexterity in the flaccid upper limb: Impact of severity of paresis and time since onset in acute stroke. Stroke. 2003; 34(9):2181–2196. 
  5. Jørgensen HS, Nakayama H, Raaschou HO, et coll. Recovery of walking function in stroke patients: The Copenhagen Stroke Study. Arch Phys Med Rehabil. 1995; 76(1):27–32. 
  6. Gouvernement du Canada. Accidents vasculaires cérébraux au Canada: Faits saillants du Système canadien de surveillance des maladies chroniques. [Internet] 2017. [consulté en novembre 2018]. Disponible en ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/accident-vasculaire-cerebral-canada-fiche-technique.html
  7. Statistique Canada. Table 102–0561 – Les principales causes de décès, population totale, selon de groupe d’âge, Canada. [Internet] 2017. [consulté en novembre 2018]. Disponible en ligne : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1310039401&request_locale=fr
  8. Murray CJ, Lopez AD. Measuring the global burden of disease. N Engl J Med. 2013; 369(5): 448–457.
  9. Mayo Clinic. Stroke. [Internet] 2018. [consulté en novembre 2018]. Disponible en ligne en anglais : https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/stroke/symptoms-causes/syc-20350113
  10. Jönsson AC, Lindgren I, Hallström B, Norrving B, Lindgren A. Prevalence and intensity of pain after stroke: A population based study focusing on patients’ perspectives. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2006; 77(5):590–595.
  11. Ramachandran VS, Rogers-Ramachandran D, Cobb S. Touching the phantom limb. Nature. 1995; 377(6549):489-490. 
  12. Deconinck FJ, Smorenburg AR, Benhan A, et coll. Reflections on mirror therapy: A systematic review of the effect of mirror visual feedback on the brain. Neurorehabil Neural Repair. 2015; 29(4):349–361. doi: 10.1177/1545968314546134. 
  13. Kang YJ, Park HK, Kim HJ, et coll. Upper extremity rehabilitation of stroke: Facilitation of corticospinal excitability using virtual mirror paradigm. J Neuroeng Rehabil. 2012; 9:71. doi: 10.1186/1743-0003-9-71.

 

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