Se sentir en lieu sûr: favoriser le sentiment de sécurité des aînés

Les messages clés

  • Les aînés éprouvent souvent un sentiment d’insécurité, et la peur d’être victime d’un crime.
  • La peur du crime est associée à des effets négatifs sur la santé et le bien-être, quel que soit l'âge. Cette peur peut être amplifiée chez les aînés vulnérables, fragiles,  isolés socialement, et qui ne bénéficient plus du même soutien familial et communautaire.
  • La surveillance de quartier peut être efficace afin de réduire le crime, et des interventions visant l’environnement bâti (comme des améliorations à la sécurité des domiciles et des espaces publics) sont prometteuses afin de réduire la peur du crime.

Vous sentez-vous en sécurité dans votre maison ou votre quartier?

Bien que le Canada soit un pays sécuritaire, il n’en demeure pas moins que la criminalité était en hausse en 2017 au Canada pour une troisième année de suite, selon de récentes données de Statistique Canada.(1) Chaque année, 10% des aînés canadiens sont victimes de crimes et environ 4% à 5% déclarent avoir été victimes d’une forme de mauvais traitement, comme l’exploitation financière et psychologique.(2)

Les aînés éprouvent souvent un sentiment d’insécurité, et la peur d’être victime d’un crime, que ce soit un vol ou de la maltraitance. Que le danger soit réel ou non, la peur du crime est associée à des effets négatifs sur la santé et le bien-être, et ce, peu importe l’âge.(3) Cette peur peut être amplifiée chez certains aînés qui sont vulnérables, fragiles, isolés socialement et qui ne bénéficient plus du même soutien familial et communautaire. Cette peur peut exacerber les problèmes de santé physique et mentale en forçant les aînés à diminuer leurs activités à l’extérieur et en les poussant à s’isoler davantage.

Personne ne devrait vivre dans la peur. Mais que peut-on faire pour atténuer cette peur? Est-il possible de réduire la criminalité dans sa communauté et la peur du crime, sans nécessiter d’interventions policières?

Ce que la recherche nous apprend

On voit de plus en plus de stratégies locales où les membres de la communauté assume un rôle de surveillance afin de réduire la criminalité, mais aussi un rôle éducatif afin de sensibiliser les membres de la communauté concernant la prévention du crime. La surveillance de voisinage (appelée « neighbourhood watch » en anglais) est très courante afin de prévenir la délinquance et les cambriolages. Ayant émergé à la fin des années 1960 aux États-Unis, la surveillance de voisinage a gagné en popularité au Canada et en Australie, mais aussi en Allemagne et en France. La surveillance de quartier est souvent mise en œuvre avec d’autres interventions – que ce soit buriner les biens de valeur que vous possédez ou encore faire évaluer les risques à la sécurité dans votre domicile afin d’apporter des modifications appropriées. Une revue systématique révèle que la surveillance de voisinage est généralement efficace pour réduire la criminalité, une réduction de la criminalité pouvant aller de 16% à 26% selon les études.(4) Cela dit, la surveillance de quartier a fait l’objet de sévères critiques au cours des dernières années, particulièrement aux États-Unis. Des membres de comités de surveillance trop zélés et agressifs en sont venu à commettre des actes de violence à l’égard d’innocentes victimes qui se trouvaient dans leur quartier. De tels événements laissent croire que de la surveillance de quartier peut aussi avoir des effets indésirables, comme nourrir chez certains leur sentiment d’insécurité et d’attiser les tensions dans certaines communautés.

D’autres études se sont penchées sur les impacts d’interventions ciblant l’environnement bâti (c’est-à-dire tout élément dans l'environnement physique qui a été construit comme les rues, les bâtiments et les infrastructures). Une revue systématique révèle que certaines interventions environnementales pourraient réduire la peur du crime, même si les données probantes ne sont pas toujours concluantes.(3) Les interventions visant à améliorer la sécurité des domiciles (par exemple, une intervention de télésanté pour les personnes âgées vivant dans des logements protégés, ou encore des améliorations à l'éclairage, à l'aménagement paysager et aux allées menant à votre maison) et des améliorations à petite échelle dans les espaces publics (par exemple, installer de nouveaux équipements d’entraînement extérieur dans les parcs, ou encore nettoyer et repeindre une gare d’autobus) semblent les plus prometteuses pour réduire la peur du crime. Toutefois, les données probantes sont plutôt mitigées quant à l’efficacité d’installer ou d’améliorer de l’éclairage public ou des interventions à composantes multiples (par exemple, améliorer l'éclairage, installer des caméras de vidéosurveillance, améliorer l’aménagement paysager et enlever les graffitis). Les études examinant la vidéosurveillance utilisant des systèmes de télévision en circuit fermé ont démontré qu'elle n'est pas efficace pour réduire la peur du crime. Quant aux programmes visant à relocaliser les résidents dans d’autres quartiers, ils ne semblent pas du tout efficaces. En fait, la relocalisation semble même accroître la peur du crime. Ceci pourrait s’expliquer par le fait qu’une telle relocalisation vient perturber les réseaux sociaux des gens, augmentant ainsi la peur du crime. Fait à noter, l’effet de ces interventions en fonction de l’âge. Certaines études montrent un effet plus important chez les aînés et d'autres montrent un effet plus important chez les personnes plus jeunes.


Une des principales leçons que nous pouvons tirer des résultats de recherche est que l’aspect social est fondamental. Il est important d'agir en tant que communauté pour réduire la criminalité et renforcer le sentiment de sécurité de nos aînés (qui sont trop souvent isolés socialement). Portez une attention particulière à vos voisins plus âgés. Dites-leur qu'ils peuvent compter sur vous. Si vous êtes un aidant, posez des questions à vos proches pour connaître leur sentiment de sécurité chez eux et dans leur quartier.

L'environnement bâti est également important. Réalisez une évaluation des risques pour identifier les modifications qui pourraient être apportées au domicile de vos proches pour renforcer leur sentiment de sécurité, ainsi que les modifications pouvant être apportées dans leurs quartiers. Contactez vos représentants municipaux pour les sensibiliser à ces enjeux. Un nombre croissant de villes et de communautés à travers le monde s’efforcent de mieux répondre aux besoins de leurs résidents plus âgés. Le Réseau mondial OMS des villes et des communautés amies des aînés a élaboré des lignes directrices visant à créer des environnements pouvant contribuer au sentiment de sécurité des personnes âgées.(5)


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Références

1. Statistique Canada. Statistiques sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2017. Ottawa: Canada, 2018. [cité en octobre 2018]. Disponible à: https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2018001/article/54974-fra.htm
2. Ministère de la Justice. Les crimes et les mauvais traitements envers les aînés : recherche bibliographique concernant surtout le Canada. Ottawa: Canada, 2015. [cité en octobre 2018]. Disponible at: http://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jp-cj/vf-fv/crim/som-sum.html
3. Lorenc T, Petticrew M, Whitehead M, Neary D, Clayton S, Wright K, Thomson H, Cummins S, Sowden A, Renton A. Interventions environnementales pour réduire la peur du crime: une revue systématique de l'efficacité. BMC Systems Review, 2013, 2(30): 1-10.
4. Bennett T, Farrington D, Holloway K. L'efficacité de la surveillance de quartier. Campbell Systematic Reviews. 2008;18.
5. Organisation mondiale de la Santé. Age-friendly World. 2018. [cité en octobre 2018]. Disponible en anglais à: https://extranet.who.int/agefriendlyworld/ 

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