Le vieillissement et le diabète. Le premier est inévitable ; l’autre est de plus en plus commun (1). Chacun vient avec son lot de difficultés, mais si on les met ensemble et on obtient une poudrière potentielle des problèmes de santé avec laquelle il faut composer.
Les soins du diabète chez les personnes âgées comportent un ensemble unique de difficultés, souligne Dre Diana Sherifali – infirmière clinicienne spécialisée du Programme de recherche et de soins en matière de diabète de l'Association des sciences de la santé de Hamilton. Beaucoup de personnes âgées vivent avec plus d’une maladie (multimorbidité) et doivent jongler avec plusieurs médicaments pour traiter ou gérer leurs affections. « Ce n’est pas seulement le diabète qui est en compétition pour attirer leur attention. Ça pourrait être l’arthrite, l’ostéoporose, les maux de dos chroniques, la pression artérielle, l'insuffisance cardiaque... pour en nommer quelques uns, » dit Dre Sherifali, « nous pouvons prescrire des médicaments pour le diabète, mais comment cela influe-t-il ou que interfère-t-il avec les autres problèmes de santé ? ». Il s'agit selon elle d'une « énorme énigme » qui doit être abordée afin d’aider les personnes âgées diabétiques à vivre aussi bien que possible.
Des maladies chroniques comme le diabète sont souvent « autoprises en charge » un modèle de soins largement approuvé qui permet aux patients d’être en contrôle de leurs propres traitements (2). Mais vu le nombre de personnes âgées qui gèrent aussi d'autres maladies, des médicaments et d'autres questions liées à l’âge, reste à savoir si cette approche est bonne pour tout le monde. Pour combler cette lacune dans les connaissances, Dre Sherifali a mené une revue systématique et une méta-analyse de 13 essais cliniques aléatoires pour déterminer quelles dispositions d’un programme d’autoprise en charge du diabète sont les plus efficaces pour aider les personnes âgées à surmonter avec succès la maladie (3).
Les études faisaient appel à plus de 4 500 participants – tous plus âgés que 65 ans et atteints de diabète. Environ la moitié d'entre eux ont été assignés au hasard à l’un des quatre programmes d’autoprise en charge, chacun se concentrant sur une approche particulière : soutien sur mesure/individualisé ; soutien dispensé en groupe ; éducation et rétroaction ; et mise en valeur des problèmes psychologiques. La glycémie, la pression artérielle et les taux de cholestérol des participants ont été mesurés et comparés à ceux des participants des groupes témoins ou des programmes d’éducation en matière de diabète habituels (3).
Ce que nous dit la recherche
Selon les données de la revue systématique, les programmes individuels d'autoprise en charge du diabète peuvent bénéficier aux personnes âgées. Il y a une baisse petite mais significative de la glycémie, aussi bien que de légères diminutions de la pression artérielle et du taux de cholestérol chez les participants du groupe expérimental. Les programmes qui offrent un soutien personnalisé basé sur les besoins, les buts et la situation de l'individu sont les plus efficaces, suivis des programmes qui s'intéressent aux questions psychologiques, y compris la détresse et la dépression (3). Les programmes d'autogestion ayant recours aux technologies peuvent également être utiles aux personnes qui prennent en charge leur diabète - une étude récente a révélé que les applications de téléphones cellulaires peuvent aider à contrôler le taux de sucre dans le sang chez les personnes atteintes de diabète de type 2 (4).
Dre Sherifali affirme qu’elle n'est pas étonnée par les résultats (3) et qu'elle croit que la personnalisation des programmes en fonction des différents besoins des personnes est la seule manière d'agir étant donné la diversité dans la population aînée en termes de santé et façons de vivre. « Nous connaissons des gens qui ont 65 ans qui semblent en avoir 85 et qui sont immobiles ou frêles. Et nous connaissons des gens de 80 ans qui sont encore actifs et qui courent des demi-marathons ! »
De même, les programmes qui insistent sur l'aide psychologique répondent autant aux besoins physiques qu'émotifs des personnes âgées car les uns affectent directement les autres et ils ont ensemble des répercussions sur la manière dont elles prennent soin d'elles-mêmes : « S’en tirent-elles bien ? Sont-elles isolés ? Ont-elles du soutien ? Peut-être ont-elles perdu un être cher, leur permis de conduire ou ont-elles pris leur retraite. Certaines de ces choses font partie intégrante du vieillissement. Mais les émotions négatives peuvent également découler de leur multimorbidité ou de leurs médicaments. » Dr. Sherifali indique que d'avoir une « vue d'ensemble » est la première étape pour comprendre comment mieux soutenir les patients dans la gestion de leur diabète.
Elle affirme que l'étape suivante consiste à adapter les programmes afin de mieux répondre à leurs limitations et leurs besoins uniques. Cela pourrait signifier que les prestataires de soins de santé programment plus de temps avec les patients afin de se renseigner sur leur situation, de développer un programme réalisable, de dépister d'autres maladies qui pourraient compliquer davantage l'autoprise en charge (un trouble cognitif, par exemple) et de consulter au besoin les membres de la famille et les aidants.
L'autoprise en charge peut être une stratégie efficace de soin pour les personnes âgées atteintes de diabète, mais cela ne signifie pas qu'elles doivent tout faire par elles-mêmes. Comme Dre Sherifali le maintient, le soutien personnalisé et les suivis fréquents contribueront beaucoup à préserver les personnes de l'hôpital et à les rendre capables de profiter de leurs années de retraite.
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