Vous venez de subir une intervention chirurgicale. Vous êtes heureux que cela se soit bien passé, mais vous ressentez de la douleur. Et vous voulez qu’on la soulage TOUT DE SUITE !
Selon les options disponibles, soit que vous attendiez qu’un membre du personnel infirmier vous administre un analgésique soit que vous pressiez simplement un bouton qui actionne une pompe régulée électroniquement et branchée à votre tube de perfusion et une dose d’analgésique se libère immédiatement dans votre système.
Un grand nombre de patients dépendent encore du personnel médical pour leur donner leur médication, en général à des moments précis selon les prescriptions du médecin. Dr Jason Busse et ses collègues de l’Université McMaster cherchent à comprendre la douleur persistante et son traitement qui s’effectue le plus souvent par des analgésiques comme la morphine.
Il indique certains inconvénients de la démarche où le personnel médical détient le contrôle : « Chacun ressent l’inconfort différemment… certains patients le supportent un peu plus, d’autres un peu moins ». Les patients peuvent hésiter à déranger les infirmiers pour demander plus de médicaments, ce qui ajoute à leur anxiété et à leur sentiment de détresse. « Les gens les plus inquiets tendent à ressentir la douleur plus fortement. Si on leur donne un sentiment de contôle – cela peut soulager une partie de l’anxiété qu’ils ressentent quant à leur rétablissement. »
C’est là que l’analgésie contrôlée par le patient (ACP) entre en jeu, Depuis le développement de dispositifs spéciaux à la fin des 60 (1,2), il est plus fréquent que les patients puissent s’administrer eux-mêmes leurs médicaments (3). Ces dispositifs incorporent des mécanismes de protection qui empêchent les surdoses – ils sont programmés pour délivrer une quantité limitée du médicament à la fois (4,6) et Dr Busse précise que les patients doivent en général attendre de 10 à 15 minutes entre les doses.
Les études montrent invariablement que l’analgésie contrôlée par le patient est l’approche préférée pour le traitement de la douleur puisqu’elle garantit aux patients qu’ils reçoivent leur analgésique sans délai (5). Mais parce qu’ils ont un plus grand contrôle, cela signifie-t-il qu’ils ressentent moins de douleur ? Et y a-t-il des risques concernant leur sécurité individuelle ?
Ce sont les questions auxquelles une revue systématique récente tente de répondre. Elle inclut 49 essais cliniques aléatoires faisant appel à plus de 3 400 participants qui ont subi une intervention chirurgicale (6). Un peu plus de la moitié d’entre eux recourraient à l’analgésie contrôlée par le patient alors que les patients du groupe témoin attendaient que le personnel infirmier leur dispense la médication. On mesurait les « scores » de douleur des deux groupes jusqu’à quelques jours après l’intervention chirurgicale.
Ce que la recherche nous apprend
Accorder aux patients le contrôle sur leur analgésique semble mener à une diminution modeste de la douleur. Le fait le plus intéressant cependant (et un résultat plus certain de cette étude) est que 81 % des participants du groupe expérimental qui avaient le contrôle de leur analgésique étaient satisfaits du traitement de la douleur contre seulement 61 % de ceux du groupe témoin qui n’avaient pas cette option (6). C’est un résultat significatif selon le Dr Busse. Comme il le souligne, la satisfaction peut provenir plus du sentiment de participation active à leur rétablissement après l’intervention chirurgicale que d’une différence considérable du soulagement de la douleur.
Comme on peut s’y attendre, les patients qui contrôlent leur médication consomment plus d’analgésiques - particulièrement le deuxième jour après l’intervention chirurgicale. Cependant la différence est petite et on n’observe aucune différence des effets secondaires graves (par ex., nausée, vomissements ou problèmes respiratoires) entre le groupe expérimental qui contrôle sa propre analgésie et le groupe témoin qui ne la contrôle pas. Il n’y a aucune différence significative dans la durée du séjour à l’hôpital entre les deux groupes. Seules les démangeaisons sont plus fréquentes chez les patients qui contrôlent leur analgésie (15 % contre 8 %).
« Peut-être un peu plus de démangeaisons, significativement plus de satisfaction, et un soulagement de la douleur un peu meilleur … probablement que la majorité des patients peuvent s’accommoder de ce compromis » affirme Dr Busse.
Comme il le souligne, il y a bien des raisons de se sentir nerveux et vulnérable au moment de subir une intervention chirurgicale et très peu de se sentir en contrôle. Maîtriser au moins sa propre analgésie peut réconforter le corps et l’esprit.
À la recherche d’autres moyens de soulager la douleur après une intervention chirurgicale ?