La prévention de l’état de stress post-traumatique (ESPT) après une maladie grave

Les messages clés

  • ·  Les personnes qui survivent à une maladie grave courent un risque accru d'état de stress post-traumatique  (ESPT).
  • ·  Les personnes atteintes de problèmes de santé mentale, ayant des souvenirs effrayants de leur urgence médicale ou  sous sédation avec des médicaments qui peuvent causer des idées délirantes ou des hallucinations effrayantes sont encore plus exposées au risque.
  • ·  Les journaux de soins intensifs tenus par le personnel hospitalier ou les membres de la famille peuvent prévenir les symptômes de l’ETSP ou les réduire.

Si vous avez déjà subi une urgence médicale et que vous avez passé du temps au service des soins intensifs, vous savez à quel point cela peut être effrayant. Le son des moniteurs, le déluge de questions du personnel médical, l’engourdissement provoqué par la médication, le manque de sommeil sans mentionner la douleur, possiblement les traitements effractifs comme le tube raccord du respirateur et aussi certainement du souci au sujet de votre survie – tout cela peut provoquer chez quiconque le sentiment d’être dépassé.

L’expression «état de stress post-traumatique» était à l’origine associée aux anciens combattants. Mais ce trouble de santé mentale peut affecter quiconque est exposé à un évènement effrayant, traumatique ou menaçant l’existence (1) et une maladie grave appartient certainement à cette catégorie. En fait au moins 10% -- et jusqu’à 60% -- des patients qui sortent d’une unité de soins intensifs souffrent d’un état de stress post-traumatique à un certain moment (2,3).

Les symptômes peuvent apparaître des mois après l’hospitalisation et peuvent inclure des flashbacks récurrents, des cauchemars et une tendance à éviter les situations qui peuvent rappeler des souvenirs de l’événement (1). Les gens atteints de ESPT sont souvent anxieux et ont de la difficulté à se concentrer, à dormir, à interagir avec les autres et à profiter d’activités – ce qui peut gravement affecter leur qualité de vie (1;4).

On a mené récemment une revue systématique de haute qualité et une méta analyse (5) afin d’en apprendre davantage sur la relation entre une maladie grave et l’état de stress post-traumatique, y compris les facteurs de risques et les traitements potentiels. Les 40 études incluses mesuraient les symptômes de l’état de stress post-traumatique chez des adultes qui avaient survécu à une maladie grave. Les symptômes étaient mesurés au moins un mois après la sortie des patients de l’unité des soins intensifs.

Ce que la recherche nous apprend

Bien qu’il n’y ait aucun moyen précis de prédire qui développera l’état de stress post-traumatique (l’âge, le sexe et la gravité de la maladie ne semblent pas augmenter le risque), la revue systématique a mis en lumière quelques signaux d’alerte.

Par exemple, les gens qui ont déjà des problèmes de santé mentale comme la dépression ou l’anxiété, et les patients qui ont des souvenirs angoissants de leur séjour à l’unité des soins intensifs ont un risque plus élevé de développer un état de stress post-traumatique après une maladie grave (5). Avoir été sous forte sédation constitue un autre facteur de risque (5). Les patients qui étaient sous sédation avec des benzodiazépines – un médicament qui peut provoquer le délire et intensifier les illusions sensorielles et les hallucinations (6) – présentaient plus de symptômes du l’ESPT.

Deux des études portaient sur un traitement utilisant les «journaux de soins intensifs» (7, 8). Le personnel médical et les membres de la famille écrivaient dans un cahier des messages quotidiens au sujet de l’état de la personne et toute autre information pertinente, souvent accompagnés de photos. On remet les journaux aux patients à leur sortie de l’hôpital afin de les aider à comprendre ce qui s’est vraiment passé (contrairement à ce qu’ils ont rêvé ou halluciné) pendant leur séjour aux soins intensifs (9). Ces deux études, y compris un essai clinique aléatoire comportant 352 personnes (7), ont constaté que les journaux semblent réduire les symptômes du l’ESPT de façon légère mais significative (7;8).

Jusqu'à présent, les journaux de soins intensifs sont principalement utilisés en Europe mais des plans sont en cours pour les adopter dans les hôpitaux nord-américains et mesurer leur efficacité (10) tout en continuant d’explorer d'autres  options de prévention et de traitement possibles afin que les survivants d’une maladie grave puissent profiter de la meilleure qualité de vie possible.

Apprenez-en davantage au sujet des journaux de soins intensifs

http://www.icu-diary.org

Éviter le délire pendant l’hospitalisation

La confusion chez le patient âgé devant subir une chirurgie chirurgicale urgente ou non

Reconnaître et prévenir le délire pendant l'hospitalisation

À la recherche d’autres moyens simples et sûrs de réduire l’anxiété à l’hôpital ?

La musique peut faciliter votre séjour à l’hôpital

 


Intéressés par les recherches sur le vieillissement? Inscrivez-vous aux alertes par courriel.
S'Inscrire
À Propos des Auteurs
À Propos des Auteurs

Références

  1. American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5e éd.). Arlington, VA: American Psychiatric Publishing, 2013; 271–280.
  2. Davydow DS, Gifford JM, Desai SV et coll. Posttraumatic stress disorder in general intensive care unit survivors: A systematic review. Gen Hosp Psychiatry. 2008; 30:421-434.
  3. Wade D, Hardy R, Howell D et coll. Identifying clinical and acute psychological risk factors for PTSD after critical care: A systematic review. Minerva Anestesiol. 2013; 79:944-963.
  4. Association canadienne pour la santé mentale : Le trouble de stress post-traumatique [Internet] 2015. [cité en mars 2016]. Disponible en ligne : https://www.cmha.ca/fr/mental_health/le-trouble-de-stress-post-traumatique/
  5. Parker AM, Sricharoenchai T, Raparla S et coll. Posttraumatic stress disorder in critical illness survivors: A meta-analysis. Crit Care Med. 2015; 43:1121-1129.
  6. Clegg A, Young JB. Which medications to avoid in people at risk of delirium: a systematic review. Age Aging. 2011; 40:23-29.
  7. Jones C, Bäckman C, Capuzzo M, et coll; RACHEL group: Intensive care diaries reduce new onset post traumatic stress disorder following critical illness: A randomised, controlled trial. Crit Care 2010;14:R168
  8. Garrouste-Orgeas M, Coquet I, Périer A, et coll: Impact of an intensive care unit diary on psychological distress in patients and relatives. Crit Care Med 2012; 40:2033–2040
  9. International ICU Diary Network [Internet] 2012. [cite en mars 2016]. Disponible en ligne: http://www.icu-diary.org
  10. Johns Hopkins Medicine: PTSD common in ICU survivors [Internet] April 2015. [cite en mars 2016]. Disponible en ligne : https://www.sciencedaily.com/releases/2015/04/150420144753.htm

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ: Ces résumés sont fournis à titre informatif seulement. Ils ne peuvent pas remplacer les conseils de votre propre professionnel de la santé. Les résumés peuvent être reproduits à des fins éducatives sans but lucratif. Toute autre utilisation doit être approuvée par le Portail du vieillissement optimal de McMaster (info@mcmasteroptimalaging.org).

Plusieurs de nos billets de blogue ont été rédigés avant la pandémie de COVID-19 et ne reflètent donc pas nécessairement les dernières recommandations de santé publique. Bien que le contenu de ces billets de blogue (qu’ils soient nouveaux ou plus anciens) identifie des activités qui favorisent un vieillissement optimal, il est important de s'en tenir aux recommandations de santé publique les plus récentes en matière de prévention et de risques. Il se peut que certaines des activités suggérées dans ces billets de blogue doivent être modifiées ou évitées complètement afin de se conformer aux nouvelles recommandations en matière de santé publique. Pour consulter les dernières mises à jour de l'Agence de la santé publique du Canada, veuillez visiter son site Web.